Immunité collective

Un espoir nommé Omicron

Le très contagieux variant Omicron, qui infecte un nombre impressionnant de Québécois sur son passage, nous procurera-t-il une immunité collective capable de mettre un terme à la pandémie ? Il est encore trop tôt pour le dire, estiment des experts consultés par La Presse. On peut néanmoins espérer une sortie de vague plus rapide que l’hiver dernier.

Si l’immunité collective « sera certainement notre porte de sortie », il reste à voir si elle viendra du variant Omicron, résume le virologue Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal.

« Je dirais possiblement. Je ne peux pas vous dire certainement : quelqu’un qui vous dirait ça, c’est quelqu’un en qui vous ne devez pas avoir confiance. On ne peut pas être certain de quoi que ce soit », souligne-t-il.

« Tout comme on n’aurait jamais pu prévoir l’arrivée du variant Omicron, on ne pourra pas prévoir quelle sera la nature du prochain variant, ni à quel point il pourra échapper à la protection conférée par une infection naturelle par Omicron ou par le vaccin. »

— Benoit Barbeau, professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal

Qualifié de « virus le plus contagieux jamais vu » par le DJonathan Reiner, de la George Washington School of Medicine and Health Sciences, le variant Omicron cause un nombre incalculable d’infections, y compris dans la population doublement vaccinée.

Le grand nombre de personnes infectées par Omicron, combiné à ceux qui auront reçu une dose de rappel, pourrait permettre d’atteindre une immunité collective locale, ont indiqué des scientifiques et des politiciens au cours des dernières semaines.

« Nous avancerons plus rapidement vers un scénario qui sera plus proche de l’endémicité », a déclaré mardi le chef de la stratégie vaccinale de l’Agence européenne des médicaments, Marco Cavaleri.

« Il est tout à fait concevable, et plausible », que les États-Unis en arrivent à « un degré d’immunité dans la communauté », avait déjà affirmé le DAnthony Fauci, principal conseiller de la Maison-Blanche sur la crise sanitaire, juste avant Noël. « Nous espérons en arriver là bientôt », mais il faudra d’abord que les « quelque 50 millions de personnes admissibles à être vaccinées qui ne le sont pas » aillent chercher leurs doses, a-t-il précisé au réseau CBS.

Omicron « va entraîner une immunité renforcée », a aussi estimé le ministre de la Santé de la France, Olivier Véran, en début d’année.

« Cette cinquième vague sera peut-être la dernière. »

— Olivier Véran, ministre de la Santé de la France

« Il est possible » que l’immunité collective soit atteinte avec Omicron, mais au prix de tellement d’infections qu’il vaudrait mieux obtenir cette immunité par la vaccination, a indiqué au même moment le directeur général du ministère de la Santé d’Israël, Nachman Ash.

Une fois la vague Omicron passée, « l’immunité ainsi construite devrait nous procurer une période de calme », a pour sa part prédit le DJeremy Farrar, directeur de la fondation britannique Wellcome, au Financial Times en fin d’année.

Il est « tout à fait raisonnable de penser que le fardeau de la COVID-19 puisse être réduit de 95 % en 2022 », a affirmé Tim Colbourn, professeur d’épidémiologie à l’University College London, dans le même article. Ce serait selon lui « un objectif raisonnable pour mettre fin à la pandémie ».

Hockey espéré en février

Les États-Unis, où la circulation du virus est moins entravée par les mesures sanitaires, vont sortir de la vague plus vite, prévoit le professeur Benoît Mâsse, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal. « À un moment donné, 75 ou 80 % des Américains auront eu l’Omicron, et à partir de ces chiffres, les infections diminuent énormément parce que le virus a de la difficulté à trouver des personnes non infectées, ou non vaccinées sans dose de rappel. » Le coût humain risque cependant d’être élevé, note-t-il.

Le Québec devrait toutefois émerger de la vague plus rapidement que l’hiver dernier, car les hospitalisations ont tendance à descendre au rythme où elles montent, estime M. Mâsse.

« Et là, on a vraiment une montée très forte au Québec, ce qui suggère une descente assez rapide aussi. »

— Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

M. Mâsse, dont l’un des fils joue au hockey et l’autre est, comme lui, arbitre dans des ligues mineures, a bon espoir de revenir sur la glace d’ici la fin de février. « On n’a pas serré nos patins, on risque de rejouer », dit-il.

L’impact sur le système de santé sera toutefois beaucoup plus long au Québec, prévient la professeure Roxane Borgès Da Silva, de l’École de santé publique de l’Université de Montréal. « On déleste beaucoup plus que dans certaines autres régions du monde, il va falloir faire tout ce rattrapage », souligne-t-elle.

Au sortir de la vague Omicron, on devra rapidement « réfléchir et mieux s’armer pour les prochaines saisons hivernales », fait valoir M. Barbeau en évoquant notamment la ventilation, les antiviraux et de meilleurs masques.

Il faudra aussi des vaccins qui, un peu comme ceux contre la grippe, incorporent plusieurs souches pour cibler les variants qui risquent de circuler durant la saison, disent MM. Barbeau et Mâsse.

— Avec l'Agence France-Presse et Reuters

50 %

Plus de la moitié des Européens pourraient contracter Omicron d’ici deux mois, a annoncé le directeur de l’OMS Europe, Hans Kluge, mardi.

Source : Agence France-Presse

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