Le passage de trump à cnn pourrait lui coûter cher

E. Jean Carroll demande une compensation supplémentaire pour les insultes proférées par l’ancien président

L’ancienne chroniqueuse E. Jean Carroll – qui a récemment obtenu 5 millions de dommages et intérêts de l’ancien président Donald Trump – demande maintenant un montant supplémentaire « très substantiel » en réponse aux insultes qu’il a proférées lors d’une émission de CNN, un jour seulement après qu’elle a gagné son procès pour abus sexuel et diffamation.

La plainte déposée lundi par Mme Carroll devant le tribunal fédéral de Manhattan vise à augmenter la douleur financière de M. Trump. Le 9 mai, le jury de l’affaire civile l’a reconnu responsable d’abus sexuels et de diffamation. Il l’a condamné à verser à Mme Carroll – ancienne chroniqueuse et figure emblématique des cercles médiatiques de Manhattan – 2 millions pour les abus sexuels et 3 millions pour la diffamation.

La plainte de lundi a eu lieu dans le cadre d’un procès en diffamation distinct que Mme Carroll a intenté en 2019 contre Donald Trump, 76 ans, devant le même juge qui a présidé le procès civil. Cette affaire découlait de commentaires faits par M. Trump cette année-là, peu après que Mme Carroll eut déclaré qu’il l’avait violée dans la cabine d’essayage d’un grand magasin de Manhattan au milieu des années 1990. Le procès a été prolongé par des appels et est toujours en cours.

Dans une lettre séparée adressée au juge, l’avocate de Mme Carroll, Roberta A. Kaplan, a révélé sans trop s’étendre que M. Trump avait menacé de poursuivre Mme Carroll « en représailles et éventuellement pour demander des sanctions ».

Une profonde « malveillance »

Le 10 mai, Donald Trump s’est exprimé sur CNN dans le cadre de sa campagne pour reprendre la présidence et a réitéré ses dénégations antérieures, qualifiant le récit de Mme Carroll de « faux » et d’« histoire inventée ». Malgré une photo les montrant ensemble, il a de nouveau affirmé qu’il n’avait jamais rencontré Mme Carroll, 79 ans, l’a traitée de « folle » et a déclaré que le procès civil était « une affaire truquée ».

Selon le document déposé lundi au tribunal, les déclarations de M. Trump « montrent la profondeur de sa malveillance à l’égard de Mme Carroll, car il est difficile d’imaginer un comportement diffamatoire qui pourrait être davantage motivé par la haine, la mauvaise volonté ou la rancune ».

« Cette conduite justifie l’octroi de dommages-intérêts punitifs très importants en faveur de Carroll, à la fois pour punir Trump, pour le dissuader de se livrer à d’autres actes de diffamation et pour dissuader d’autres personnes de faire de même », peut-on lire dans le dossier.

En entrevue, l’avocate de Mme Carroll a affirmé lundi que les déclarations de M. Trump sur CNN rendaient d’autant plus importante la poursuite de l’action en diffamation en cours.

« Le verdict du jury et notre système judiciaire sont tournés en dérision s’il peut continuer à répéter les mêmes déclarations diffamatoires encore et encore. »

— Roberta A. Kaplan, avocate d'E. Jean Carroll

M. Trump continue de contester la décision du jury. Après le verdict, son avocat Joseph Tacopina a déposé une demande d’appel.

Donald Trump envisage « toutes les options »

Alina Habba, une autre avocate de M. Trump, a déclaré lundi en fin de journée qu’aucun dommage n’était justifié dans le procès en diffamation intenté par Mme Carroll en 2019, « sans parler des dommages-intérêts punitifs ».

« Nous avons l’intention de nous opposer vigoureusement à cette requête, que nous considérons comme une tentative désespérée et ultime de Mme Carroll pour faire échouer cette affaire », a déclaré Mme Habba.

Interrogée sur la référence à une menace de procès par M. Trump contre Mme Carroll, Mme Habba a déclaré : « Nous avons prêté attention aux déclarations de Mme Carroll dans la presse et nous envisageons toutes les options. »

Dans une longue interview accordée au New York Times deux jours après le verdict, Mme Carroll a affirmé à propos des commentaires de M. Trump sur CNN : « C’est tout simplement stupide ; c’est tout simplement dégoûtant, ignoble, immonde ; cela blesse les gens. »

Mme Carroll demande au juge, Lewis A. Kaplan, de l’autoriser à réviser le procès en diffamation de 2019 pour y inclure le verdict ainsi que les déclarations de M. Trump sur CNN après le verdict et d’autres qu’il a faites à propos de Mme Carroll sur sa plateforme Truth Social.

Agression et diffamation

Mme Carroll a déclaré qu’après que M. Trump l’a violée dans la cabine d’essayage du grand magasin Bergdorf Goodman, elle a gardé le secret, à l’exception de deux amies proches. Mme Carroll a révélé cet épisode pour la première fois en 2019 dans un extrait de son livre publié dans le magazine New York.

À l’époque, M. Trump avait qualifié l’allégation de Mme Carroll de « totalement fausse » et déclaré qu’il ne pouvait pas l’avoir violée parce qu’elle n’était pas son « type ».

Mme Carroll a porté plainte pour diffamation en 2019 sur la base de ces commentaires, et l’affaire est depuis lors bloquée en appel, M. Trump faisant valoir qu’il ne peut pas être poursuivi parce qu’il a fait ses déclarations en sa qualité officielle de président.

En novembre dernier, après que M. Trump – qui n’est plus président – a publié une déclaration qualifiant l’affaire de Mme Carroll d’« escroquerie totale » et de « canular et mensonge », celle-ci l’a de nouveau poursuivi pour diffamation, ainsi que pour coups et blessures en vertu d’une loi new-yorkaise qui accorde aux adultes un délai d’un an pour poursuivre les personnes qu’ils disent avoir abusé sexuellement d’eux, même si le délai de prescription a expiré depuis longtemps.

Les deux procès étant difficiles à distinguer, ils sont parfois désignés dans les documents judiciaires comme Carroll I (le procès de 2019) et Carroll II (le procès de 2022).

C’est le procès de Carroll II qui s’est achevé ce mois-ci, lorsque le jury, composé de six hommes et de trois femmes, a déclaré M. Trump responsable d’avoir abusé sexuellement de Mme Carroll et de l’avoir diffamée. Le jury n’a pas jugé Trump responsable d’avoir violé Mme Carroll, comme elle le prétendait depuis longtemps.

Relèvement du plafond de la dette

« Une discussion productive », mais pas d’accord

Alors que plane la menace d’un défaut de paiement américain, Joe Biden et le chef de l’opposition, Kevin McCarthy, ont voulu croire lundi à une sortie de crise, mais leurs désaccords ne sont pas encore surmontés. « Je viens d’achever une réunion productive » avec le patron républicain de la Chambre des représentants, a indiqué le président américain dans un communiqué, appelant à négocier « de bonne foi » pour trouver un compromis budgétaire. Il a reconnu la persistance de « différends » que les équipes des deux hommes vont devoir aplanir, en très peu de temps. La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a rappelé lundi qu’il était « très probable » que les États-Unis se retrouvent à court d’argent public après le 1er juin. Kevin McCarthy, après un tête-à-tête dans le bureau Ovale, a lui affirmé que « le ton [lundi] soir était meilleur que toutes les fois précédentes ». Mais lui aussi reconnaît des divergences de fond. — Agence France-Presse

Présidentielle 2024

Le sénateur Tim Scott se lance dans la course

L’unique sénateur républicain noir, Tim Scott, s’est officiellement lancé vendredi dans la course à la Maison-Blanche pour 2024, bien que les sondages ne le créditent que 2 % des intentions de vote aux primaires de son parti. L’élu de Caroline du Sud a déposé formellement son acte de candidature auprès de la Commission électorale fédérale et a convoqué ses partisans lundi à la Charleston Southern University pour une « annonce spéciale ». Ce chrétien évangélique de 57 ans, qui place sa foi au cœur de son action politique, ne cachait pas ces derniers mois ses ambitions présidentielles. Porteur de valeurs conservatrices sur l’avortement ou la responsabilité individuelle, il compte se distinguer de l’ex-président Donald Trump, grand favori de la primaire républicaine, avec un message optimiste. « Les familles américaines attendent de quoi espérer. Nous avons besoin d’avoir la foi. La foi en Dieu, en nous-mêmes, aux États-Unis », a-t-il tweeté avant de se lancer. — Agence France-Presse

« Explosion au Pentagone »

Une image produite avec l’IA devient brièvement virale

Une fausse image montrant une explosion au Pentagone est brièvement devenue virale sur Twitter lundi, causant un léger affaissement des marchés pendant dix minutes, et relançant le débat autour des risques liés à l’intelligence artificielle (IA). La fausse photographie, apparemment réalisée avec un programme d’IA générative (capable de produire du texte et des images à partir d’une simple requête en langage courant), a obligé le département américain de la Défense américain à réagir. « Nous pouvons confirmer qu’il s’agit d’une fausse information et que le Pentagone n’a pas été attaqué aujourd’hui », a déclaré un porte-parole. Les pompiers de la zone où se trouve le bâtiment (à Arlington, près de Washington) sont aussi intervenus pour indiquer sur Twitter qu’aucune explosion ou incident n’avait eu lieu, ni au Pentagone ni à côté. Un compte de la mouvance conspirationniste QAnon a été parmi les premiers à relayer la fausse image, dont la source n’est pas connue. — Agence France-Presse

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