M. l’inspecteur

Le radon, ce gaz qui tue

Seulement à Oka et à Mont-Saint-Hilaire, le radon ? Détrompez-vous ! Ce gaz radioactif s’infiltre dans les maisons de presque toutes les régions habitées du Québec. Et il provoque plus de morts que les accidents de la route. Heureusement, il est assez facile de l’évacuer de chez soi…

Le radon est un produit de la décroissance radioactive de l’uranium présent dans plusieurs types de roche, dans certains sols et même dans l’eau souterraine. Il s’infiltre par la moindre fissure dans la dalle de béton des sous-sols. Il y en a dans pratiquement toutes les maisons, la plupart du temps à une concentration très faible.

Selon Santé Canada, de 10 à 16 % des décès par cancer du poumon au Québec seraient associés au radon. Cela équivaut à plus de morts par année. C’est presque le double du nombre de décès qui surviennent sur nos routes !

Après le tabagisme, le radon serait donc la deuxième cause du cancer du poumon. Si vous fumez ou êtes un ancien fumeur, le radon multiplie vos risques d’être atteint du cancer du poumon.

Dans certains cas de cancer du poumon, c’est le médecin qui recommande un test de radon à domicile. On découvre alors que le patient a dormi pendant plusieurs années au sous-sol ou qu’il habite depuis 30 ans dans une maison où l’on mesure une concentration de radon supérieure à 200 becquerels par mètre cube (Bq/m3).

Encore aujourd’hui, le radon reste associé à des municipalités comme Oka et Mont-Saint-Hilaire, où l’on retrouve effectivement un grand nombre de résidences où le taux de radon dans l’air justifie des mesures d’atténuation. Cependant, une étude de Santé Canada publiée en 2012 a révélé que très peu de régions habitées sont libres de radon et de ses conséquences sur la santé.

À l’échelle du Canada, 6,9 % de la population respire chez soi de l’air dont le taux de radon dépasse les 200 Bq/m3. Au Québec, 8,2 % de la population serait touchée.

Lorsque nous l’avons joint, Joël Valois venait de terminer l’installation d’un système de dépressurisation dans Ahuntsic. « Il y a une ligne qui part de Mont-Saint-Hilaire et qui traverse Longueuil, Montréal, Laval, l’Ouest-de-l’Île et se rend jusqu’à Oka », dit-il. Du radon en concentration élevée a été mesuré à des endroits aussi variés qu’Otterburn Park, Beaconsfield, Rosemère et Westmount.

« J’ai installé un système de dépressurisation chez un jeune homme de 38 ans qui avait le cancer du poumon. Il avait acheté la maison de ses parents. » 

— Joël Valois, fondateur d’Action-Radon, une entreprise spécialisée en atténuation du radon

Que faire pour une transaction immobilière ?

Tout acheteur prudent devrait exiger des résultats de tests de radon en présentant une offre d’achat à Oka ou Mont-Saint-Hilaire.

« Dans des secteurs d’Oka, je préviens les vendeurs que des acheteurs pourraient demander un test de radon, dit le courtier immobilier Jean-Pierre Marois. C’est très rare que le taux excède les 200 Bq/m3 et si c’est le cas, il y a des solutions à coût raisonnable. »

Des dispositifs pour mesurer la concentration de radon en quelques jours sont vendus dans les quincailleries. Cependant, il est fortement recommandé d’effectuer un test sur une période d’au moins trois mois.

La concentration de radon dans l’air peut varier d’une maison à l’autre dans la même rue. Elle varie aussi selon les saisons et le temps qu’il fait à l’extérieur. Il est préférable d’effectuer les tests pendant l’hiver, quand moins de radon s’échappe par le terrain couvert de neige et de glace et que le chauffage et la ventilation créent une pression négative à l’intérieur, ce qui engendre une succion des gaz sous la maison.

Dans les centres Voyages CAA-Québec, on peut se procurer un dosimètre pour 40 $, taxes et analyse en laboratoire incluses. On doit le laisser dans une aire habitée pendant au moins trois mois.

« Personne ne devrait faire l’autruche. Les tests sont très abordables, et les moyens d’atténuation sont simples et peu coûteux. En trois heures, l’entrepreneur installe un système qui diminue les infiltrations. »

— Jacques Gobeil, directeur du service-conseil en habitation chez CAA-Québec

Si le laps de temps entre l’offre d’achat et la prise de possession est trop court pour effectuer une mesure fiable, Jacques Gobeil suggère qu’une somme de 5000 $ soit conservée en fidéicommis chez le notaire. Selon les résultats, les fonds serviront à l’installation d’un système de dépressurisation ou seront versés au vendeur.

Atténuation

Les entrepreneurs spécialisés et certifiés en atténuation du radon sont rares au Québec. Joël Valois est l’un d’entre eux. La solution proposée consiste à sceller les ouvertures visibles et accessibles dans la dalle de béton du sous-sol, puis à installer un dispositif de dépressurisation.

Ce système comprend un tuyau qui s’enfonce sous la dalle, relié à un ventilateur scellé qui évacue vers l’extérieur l’air aspiré. Les matériaux et la main-d’œuvre coûtent entre 2000 $ et 3000 $. Une fois l’installation terminée, on mesure à nouveau la concentration de radon pour s’assurer qu’elle se situe désormais bien en deçà des 200 Bq/m3.

DU RADON PARTOUT

Pourcentage des habitations avec une concentration de radon supérieure à 200 Bq/m3 dans la grande région de Montréal

Montréal : 6,9 %

Laval : 12,1 %

Lanaudière : 3,9 %

Laurentides : 10,3 %

Montérégie : 8,9 %

Source : Santé Canada, Enquête pancanadienne sur les concentrations de radon dans les habitations, 2012

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