ÉLÈVE À BESOINS PARTICULIERS

Des parents réclament 245 000 $ pour l’année difficile de leur fils

La 5e année d’un élève à besoins particuliers aurait viré au cauchemar à Lévis. Au point où ses parents réclament 245 000 $ à la commission scolaire des Navigateurs et demandent à ce que leur enfant soit inscrit d’urgence dans une nouvelle école en septembre.

Éloi (prénom fictif) a 10 ans et doit vivre avec plusieurs troubles : la dyspraxie du langage, la dysphasie expressive, un trouble d’audition et un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), entre autres.

Malgré tout, l’enfant a fréquenté une classe ordinaire de l’école primaire publique Entramis, à Repentigny, jusqu’en 4e année. En ayant de l’aide et en utilisant des outils pour faciliter ses apprentissages, il a obtenu une moyenne de 76 %.

Sa famille a déménagé à Lévis l’été dernier et Éloi a commencé à fréquenter l’école de la Clé-du-Boisé, du secteur Saint-Étienne-de-Lauzon, en septembre. Les parents auraient remis un rapport et un plan d’intervention de plus de 100 pages à l’école, question d’assurer une bonne transition à leur fils.

La requête en dommages et intérêts déposée le 4 août en Cour supérieure stipule toutefois que dès le début de l’année scolaire, les retards s’accumulent : pour rencontrer la directrice de l’école, pour que leur enfant ait accès à son ordinateur portable avec les bons logiciels et pour l’installation de son appareil auditif.

La directrice de l’école indique aux parents que sa priorité est de « travailler l’autonomie [d’Éloi] en prévision du secondaire », si bien qu’elle souhaite « réduire certaines adaptations » qui étaient auparavant fournies à Éloi.

GRANDES DIFFICULTÉS

En novembre 2015, les parents apprennent que leur fils est en situation d’échec et qu’il n’est pas fonctionnel en classe. Ils apprennent également qu’Éloi s’enferme dans les toilettes lorsqu’il vit des problèmes et qu’il lui arrive de faire des « fugues ».

Au début du mois de décembre, les parents rencontrent à nouveau la direction, qui demande à ce qu’il soit gardé à la maison jusqu’à Noël, étant donné ses grandes difficultés.

Éloi change de classe en janvier, toujours sans le matériel didactique auquel il était habitué. Les choses ne s’améliorent pas et il est toujours en situation d’échec. Les parents apprennent qu’il a fait une dizaine de « fugues », alors qu’ils avaient été informés de seulement trois d’entre elles.

Devant l’impasse, en février, la direction évoque la scolarisation à domicile pour Éloi, avant d’opter pour l’enseignement des mathématiques et du français seulement à l’enfant. Le 25 mars, Éloi, en crise, s’enferme dans sa garde-robe et se traite de « fou ».

Le 29 mars, un pédiatre atteste qu’il souffre d’un trouble d’adaptation avec humeur dépressive et prescrit une convalescence de six semaines. Éloi finit son année scolaire à la maison et reçoit 7,5 heures de scolarisation par semaine.

PLAINTE ET MISE EN DEMEURE

Ses parents ont fait une plainte au protecteur de l’élève et ont mis en demeure la commission scolaire des Navigateurs au printemps. Ils veulent qu’Éloi reprenne sa 5e année à l’école La Ruche, à Saint-Rédempteur. Mais, au début du mois d’août, le changement d’école n’aurait toujours pas été signé par la direction de l’école de la Clé-du-Boisé.

Dans leur requête, les parents accusent la commission scolaire d’avoir « sciemment ralenti le développement » de leur enfant.

Ils demandent 125 000 $ en dommages pour lui et 120 000 $ pour eux pour couvrir leurs absences au travail, de même que les frais de scolarisation et de suivi psychologique payés au privé.

Ils veulent également que leur fils soit inscrit d’urgence à l’école La Ruche, question d’avoir le temps de mettre en place les services et outils adaptés pour lui avant le début de l’année scolaire 2016-2017.

La requête en injonction sera débattue en Cour supérieure au palais de justice de Québec le 17 août. La commission scolaire des Navigateurs n’a pas voulu émettre de commentaires, étant donné la judiciarisation de l’affaire.

Ni les parents du jeune Éloi ni leur avocat, Me Christian Lajoie, n’ont voulu accorder d’entrevue à ce sujet hier.

Me Lajoie a présenté deux autres causes similaires devant les tribunaux au cours de la dernière année. Il défend Michel Labonté, le père d’un enfant autiste devant la commission scolaire de la Capitale, de même que Marie-Josée Gagnon et Stéphane Carrier, les parents d’un enfant dysphasique devant la commission scolaire des Navigateurs.

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