La hausse prendra fin « dans les prochains jours »
Pour la première fois depuis mai, le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau, a consacré une conférence de presse à la COVID-19 mercredi. Mais c’était pour annoncer que la hausse actuelle n’était pas la septième vague et qu’elle prendrait fin « dans les prochains jours ».
Faut-il s’inquiéter ?
« C’est certainement possible de profiter de son été pour tout le monde, mais en étant conscient, comme je le mentionne, que le virus circule et en appliquant les consignes qu’on connaît déjà très bien, a dit le Dr Boileau. On invite les gens à être prudents et, s’ils le souhaitent, à reprendre le port du masque. » Les données en provenance de l’Europe laissent penser que le pic sera atteint dans quelques jours, et la surveillance des eaux usées au Québec montre déjà une baisse.
Pourquoi cette hausse ?
À cause des nouveaux variants, selon le Dr Boileau et le microbiologiste Jean Longtin, qui l’accompagnait à la conférence de presse. « Les variants d’Omicron, BA.4 et BA.5, se propagent mieux qu’Omicron », explique Andrés Finzi, immunologue à l’Université de Montréal. « Nous avons des résultats montrant que le spicule de BA.4 saisit mieux le récepteur du corps humain. La transmission plus importante est liée à une meilleure affinité. » Le spicule est la portion du SRAS-CoV-2, le coronavirus responsable de la COVID-19, qui lui permet d’entrer dans les cellules humaines. Actuellement les trois quarts des nouveaux cas sont des sous-variants d’Omicron.
Est-ce que la maladie est plus sévère ?
Les Drs Boileau et Longtin n’avaient pas de données le montrant. Mais des données japonaises sur le hamster montrent que les sous-variants Omicron ont une sévérité légèrement supérieure chaque fois qu’un nouveau sous-variant apparaît, selon M. Finzi.
Verra-t-on le retour du masque ?
Les gens vulnérables – les plus de 60 ans, ceux qui ont des comorbidités – sont invités à le porter en présence d’autrui, particulièrement dans les foules. Le Dr Boileau a lui-même indiqué qu’il le porterait dans un festival. Mais il n’y a pas pour le moment de plan de réinstaurer l’obligation de porter le masque, même dans les transports publics. Il n’est pas certain non plus que l’obligation du masque reviendra avec l’automne.
Est-ce que les vaccins fonctionnent toujours ?
Oui, répondent les Drs Boileau et Longtin, particulièrement contre les cas graves. M. Finzi confirme que la capacité des sous-variants d’Omicron de contourner la protection des vaccins augmente à chaque nouveau sous-variant. « Mais ça augmente seulement le risque d’infection, pas de maladie grave », dit M. Finzi. Le Dr Longtin a d’ailleurs invité les gens de plus de 60 ans et ceux qui ont des facteurs de risque pour une COVID-19 grave à recevoir une quatrième dose de vaccin si leur troisième dose remonte à plus de trois mois.
Faut-il une 5e dose ?
Faut-il donc que les gens qui ont quatre doses en reçoivent une cinquième si la quatrième remonte à plus de trois mois ? Non, parce que la campagne de vaccination pour la cinquième dose est prévue pour la mi-août et que le vaccin demeure efficace pendant trois à six mois, répond le Dr Longtin.
Quand aura-t-on un vaccin contre Omicron et ses sous-variants ?
Samedi dernier, Pfizer et BioNTech ont annoncé que leur vaccin contre Omicron était 13 à 20 fois plus protecteur contre ce variant que le vaccin actuel. « Mais la FDA a demandé récemment que des vaccins contre BA.4 ou BA.5 soient préparés, dit M. Finzi. Les pharmaceutiques ont répondu qu’il leur faudrait seulement trois mois pour en avoir un. Il faudra se demander à un certain point quand on va changer de vaccin. C’est une décision difficile. »
Les tests rapides fonctionnent-ils aussi bien ?
Un peu moins bien, parce que les symptômes apparaissent plus tôt après l’infection, selon Cédric Yansouni, spécialiste des diagnostics de maladies infectieuses au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). « Il y a des symptômes avant qu’il y ait une charge virale détectable par les tests rapides, même si on fait le prélèvement à la fois dans la bouche et le nez. » Mais une charge virale indétectable diminue aussi le risque d’infection, ce qui rapproche Omicron et ses sous-variants des infections ordinaires, pour lesquelles on s’isole quand on a des symptômes, pas avant.