Montréal

La préparation aux inondations est « décevante »

La Ville de Montréal a-t-elle tiré des leçons des inondations printanières survenues en 2017 et 2019 ? Selon un rapport sur le niveau de préparation des grandes villes canadiennes aux risques d’inondation, la métropole québécoise n’est pas mieux outillée pour faire face à de nouvelles crues.

Montréal obtient la note de C pour sa préparation aux inondations, selon le Centre Intact d’adaptation au climat de l’Université de Waterloo, alors que son score était de B- en 2015.

Ce résultat est qualifié de « décevant » par Joanna Eyquem, directrice des programmes d’adaptation aux changements climatiques au Québec du Centre Intact.

« Les inondations sont le défi climatique le plus important au Québec, dit-elle. Alors que nous abordons la saison des inondations, quand on dit aux gens de rester à la maison sous les restrictions de la COVID-19, les Québécois sont encore plus vulnérables. Les villes devraient comprendre les conséquences d’un manque de préparation pour les prochaines “vagues” d’impacts que nous voyons arriver en lien avec les changements climatiques. »

Le résultat moyen pour l’ensemble des grandes villes canadiennes est de C+ pour 2019-2020.

Montréal obtient ses meilleures notes dans les domaines de la planification de l’aménagement du territoire, de l’évaluation du drainage urbain et de l’évaluation des risques d’inondation.

Par contre, ses résultats sont moins bons en ce qui concerne l’atténuation des risques pour les propriétés résidentielles, la santé et la sécurité publiques, la gestion des urgences et l’atténuation des risques pour les infrastructures essentielles.

Le rapport note que la Ville de Montréal « fournit des renseignements à ses résidants au cas par cas, lorsqu’ils demandent un permis de construire, mais ne prend pas de mesures pour atténuer les inondations fluviales. Elle n’offre pas non plus de programme de subvention pour l’installation de clapets antiretour dans les maisons existantes ».

Les chercheurs soulignent aussi que la Ville n’a pas évalué les vulnérabilités de son réseau électrique ni de ses systèmes alimentaires.

Montréal n’a pas non plus de plan détaillé pour les rejets de produits chimiques dangereux, et ses pouvoirs sont insuffisants pour obliger les propriétaires ou les exploitants de barrages à assurer une surveillance des risques, déplore le rapport.

Enfin, les chercheurs soulignent que la province et la Ville de Montréal travaillent à unifier leurs systèmes respectifs de prévision des inondations et d’alerte. « Il s’agit d’une étape nécessaire et essentielle, car le bassin hydrologique du fleuve Saint-Laurent pourrait représenter une menace de taille pour Montréal », écrivent-ils dans le rapport.

Le Centre Intact a préparé un document pour aider les citoyens à mieux préparer leur résidence pour prévenir les risques d’inondation.

Risques modérés d’inondations printanières

Pour le moment, « le risque d’inondation du lac Ontario demeure une possibilité modérée, mais moins probable que le risque constaté à cette date au printemps dernier », indique le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent, dans un communiqué publié le 12 février.

« Bien que les niveaux d’eau du lac Érié et des Grands Lacs d’amont soient tous inférieurs à ce qu’ils étaient il y a un an, ils sont encore très élevés. Ainsi, les apports d’eau du lac Érié vers le lac Ontario demeureront importants dans les prochains mois. Cette situation, combinée à des facteurs saisonniers incertains, comme les précipitations et les eaux de ruissellement de la fonte des neiges, [représente] un risque modéré de crue dans le bassin du lac Ontario ce printemps. »

Le Conseil souligne que, de façon préventive, le niveau d’eau du lac Ontario a été abaissé cet hiver, depuis janvier, au cas où le temps deviendrait pluvieux.

« Les conditions météorologiques un peu plus sèches des derniers mois, conjuguées aux conditions favorables à l’englacement du fleuve et au maintien de débits élevés du lac Ontario, ont entraîné une baisse de son niveau d’eau, de sorte que celui-ci se situe maintenant à quelques centimètres sous sa moyenne saisonnière à long terme. »

Faux départ pour remplacer les boules arc-en-ciel du Village

Le remplacement des boules arc-en-ciel de la rue Sainte-Catherine Est a connu un faux départ, avec le report puis l’annulation du projet retenu dans le cadre d’un concours international, mais les responsables espèrent maintenant avoir trouvé leur coureur.

La Société de développement commercial (SDC) du Village officialisera publiquement ce jeudi qu’elle a choisi une nouvelle firme pour remplacer son projet La tête dans les nuages, qui devait lui-même prendre la place de la canopée iconique de l’architecte Claude Cormier.

C’est ADHOC Architectes, un cabinet de Montréal, qui a été sélectionnée à la suite d’un appel d’offres. Son aménagement inclura une installation aérienne et des aménagements en bordure de la chaussée, mais le concept final reste à fixer. Une chose est certaine : les installations seront destinées à demeurer en place tout au long de l’année plutôt que d’être limitées à l’été et seront inaugurées, dans leur première phase, dès le printemps prochain.

« On a senti que notre identité était comprise par leur proposition », a dit le directeur général de la SDC, Yannick Brouillette, qui est demeuré vague sur la nature de cette proposition. « On reprend les boules et on les fait rebondir », a-t-il tout de même précisé. Il a ajouté : « On va fort probablement réduire la densité au niveau de la canopée aérienne. »

Du côté d’ADHOC, on se prépare à consulter les résidants du quartier.

« On va proposer trois concepts à un panel de design mandaté par la SDC. Ensuite, on va cheminer à travers différentes itérations pour arriver à une première installation », a expliqué Jean-François St-Onge, cofondateur et directeur artistique.

Dans les dernières années, ADHOC a réalisé des projets d’architecture urbaine dans la rue Wellington. Rue Sainte-Catherine, l’entreprise travaillera avec MESSIER Designers, l’agence TUX, les spécialistes en éclairage CS Design ainsi que Latéral, un bureau d’ingénierie spécialisé en structure.

Un concours annulé

La tête dans les nuages était une collaboration entre le collectif artistique Escargo montréalais et une firme d’architecture new-yorkaise. Elle consistait en des agglomérations de formes coniques suspendues au-dessus de la rue Sainte-Catherine, rappelant des nuages qui changeraient de couleur selon le point de vue du passant.

La sélection du projet avait été faite fin 2019 et annoncée début 2020, quelques semaines avant que la COVID-19 ne déferle sur le Québec.

Mais trois enjeux ont mené à l’avortement du projet, a indiqué Yannick Brouillette : la pandémie a forcé à réduire radicalement le budget consacré au projet, la SDC a voulu changer l’orientation du projet dans la foulée d’une étude sur le quartier et La tête dans les nuages a soulevé des inquiétudes chez les pompiers.

« À la lumière de ces données-là […], il a été décidé de ne pas poursuivre avec le Collectif Escargo et de retourner en appel d’offres », a dit Yannick Brouillette. « Le contrat a été terminé en respect de l’ensemble des clauses du contrat. Les honoraires qui ont été engendrés ont été payés. »

Caméras corporelles

L’affaire Camara « accélère les discussions » à Montréal

Les ratés dans l’arrestation de Mamadi III Fara Camara accélèrent les discussions entre Québec et Montréal au sujet des caméras corporelles, dont l’utilisation, selon plusieurs, aurait pu permettre d’éviter la détention du Montréalais de 31 ans. Un projet pilote sera bientôt lancé à la Sûreté du Québec et pourrait ensuite être étendu au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

« C’est clair que ça permet d’accélérer les discussions avec le ministère [de la Sécurité publique]. Par contre, il va falloir que les tribunaux soient prêts à accueillir la technologie et donc que le système de justice s’adapte », explique à La Presse la responsable de la sécurité publique à la Ville de Montréal, Caroline Bourgeois.

Elle affirme que Montréal est prête à « entrer dans une première phase d’implantation », mais que la Ville ne « peut faire fi » des résultats non concluants du dernier projet pilote, révélés l’an dernier. « Il y a des choses à éclaircir, comme l’enjeu de l’activation de la caméra. À partir de quel moment est-elle activée dans une intervention donnée ? Dans des cas où la confidentialité est requise, de violence conjugale par exemple, ce sont des questions qu’on se pose », affirme Mme Bourgeois.

Sur le plan de la logistique, l’utilisation de caméras corporelles représente aussi « beaucoup de stockage », rappelle l’élue. « Il faut s’assurer d’entreposer ça correctement pour ensuite s’assurer que les tribunaux pourront s’appuyer sur une part de témoignages ou d’extraits en cour », soulève-t-elle.

Selon l’administration, les caméras corporelles entraîneront des coûts de 24 millions annuellement, notamment pour embaucher des employés supplémentaires, prévoir des infrastructures de stockage et louer des espaces. Le coût initial d’implantation atteint 17 millions sur cinq ans, entre autres pour la formation des agents. « Ce sont des budgets importants pour lesquels on a des choix à faire », dit Mme Bourgeois.

« Il faut qu’on trouve une solution. Avec la bonne volonté de tout le monde, ça se fait, comme d’autres grandes villes l’ont fait. Je pense que ça va être un peu plus précis au cours des prochaines semaines », ajoute-t-elle.

Un scénario qui aurait pu être évité

L’administration Plante le reconnaît : le marché des caméras corporelles évolue très « rapidement », tant sur le plan de la qualité de l’image que sur le plan de la concurrence entre les différents acteurs, de plus en plus féroce. « On sent cette amélioration de la technologie », dit Caroline Bourgeois.

Le réseau Axon Canada, spécialisé dans la conception d’appareils de surveillance, a d’ailleurs le vent dans les voiles, après avoir remporté un appel d’offres pour implanter des caméras corporelles à Toronto. Selon son directeur général au Canada, Vishal Dhir, l’arrestation de Mamadi III Fara Camara aurait pu être évitée.

« La technologie permet aux caméras d’être automatiquement activées pendant qu’un policier arrive sur la scène. Dans ce cas-ci, ces images auraient été critiques, d’autant que si une arme à feu est retirée, une alerte est envoyée au centre de commande, qui peut regarder ce qui se produit en direct », explique M. Dhir.

De son côté, le ministère de la Sécurité publique du Québec reste pour le moment prudent quant à l’avenir de son projet pilote avec la Sûreté du Québec, annoncé au début de février par la ministre Geneviève Guilbault.

« Le projet pilote sera déployé dans les prochaines semaines, mais il est trop tôt pour en présenter les modalités finales », indique une porte-parole du Ministère, Camille Simard. Chose certaine : Québec vise un déploiement rapide. « Ce n’est pas exclu du tout », répond Mme Simard, lorsqu’on lui demande si la démarche pourrait par la suite être étendue au SPVM.

À l’hôtel de ville de Montréal, l’opposition officielle déposera une nouvelle motion pour exiger le déploiement immédiat des caméras corporelles, lors de la prochaine réunion du conseil municipal, le 22 février. La mairesse Valérie Plante a reconnu au début de février que « sur le fond, l’idée de la caméra portative aurait pu aider à avoir une preuve supplémentaire » dans l’affaire Camara.

Hôpitaux et CHSLD

Un poste de pharmacien sur trois n’est pas pourvu dans plusieurs régions, selon une étude

La pénurie de pharmaciens dans les établissements de santé perdure depuis des années, ce qui entraîne bien des problèmes chez les patients hospitalisés et ceux hébergés dans les CHSLD, déplore l’association qui représente ces professionnels. Une nouvelle étude confirme le problème : un poste sur trois n’est pas pourvu dans plusieurs régions du Québec.

La nouvelle enquête annuelle de l’Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES) démontre que la pénurie de professionnels n’a guère changé cette année. À Lanaudière, en Abitibi-Témiscamingue, sur la Côte-Nord, dans le Nord-du-Québec, en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine, de 33 à 36 % des postes de pharmacien d’établissement ne sont pas pourvus. À Montréal, il s’agit plutôt de 17 %, ce qui est similaire à la moyenne de la province, évaluée à 19 %.

Les impacts de la pénurie nuisent aux soins pharmaceutiques offerts aux patients hospitalisés ou hébergés en CHSLD, affirme l’association. Son président, François Paradis, a souligné que « 40 % des CHSLD n’ont pas de pharmacien ». Il a donné plusieurs exemples des conséquences de ce manque de personnel, comme l’augmentation des risques d’accidents médicamenteux et une diminution de la qualité de vie des patients.

« Les personnes âgées prennent beaucoup de médicaments. Elles sont plus fragiles, plus vulnérables aux effets indésirables des médicaments. Donc lorsque nous ne sommes pas en mesure de déployer des pharmaciens dans des CHSLD, il y a assurément un impact direct. »

Mesures « temporaires »

Pour M. Paradis, il ne fait aucun doute que cette pénurie qui perdure depuis plus d’une décennie est reliée aux mesures dites « temporaires » du gouvernement du Québec, qui correspondent à 20 % à 50 % de leur rémunération. Ces mesures permettent de maintenir une rémunération concurrentielle entre les pharmaciens employés dans des pharmacies de quartier et ceux qui choisissent de pratiquer en milieux hospitaliers et de soins de longue durée. Le hic, c'est que ces mesures ne sont pas permanentes et « sont remises en question à chaque renouvellement d’entente de travail », a affirmé M. Paradis.

« Lorsqu’on attire de jeunes pharmaciens dans le réseau de la santé, ils regardent les conditions, et s’ils se rendent compte que tous les quatre ou cinq ans, il y a une portion de la rémunération qui est constamment remise en question, ce n’est pas de nature à les attirer dans le réseau. »

Puisque la dernière entente de travail est arrivée à échéance en mars dernier, l’association espère que le gouvernement attrapera la balle au bond pour que ces mesures soient pérennisées. « Si on veut recruter, il faut enlever cette insécurité-là, cette épée de Damoclès. »

Pour appuyer ses dires, François Paradis donne l’exemple du rapport déposé conjointement par le ministère de la Santé et des Services sociaux et l’APES, à l’automne 2019, qui reconnaissait l’efficacité et la pertinence de ces mesures dites temporaires. « On va amorcer bientôt les discussions pour renouveler notre entente de travail. C’est l’occasion, une fois pour toutes, de pérenniser ces mesures. »

Meriem Boundaoui inhumée en Algérie

Meriem Boundaoui, jeune femme de 15 ans tuée lors d’une fusillade à Saint-Léonard au début de février, a été inhumée cette semaine en Algérie, a rapporté mercredi le quotidien El Watan. Des proches de la défunte se sont rassemblés afin de tenir une cérémonie dans le cimetière d’Imoula, son village natal, situé dans la commune de M’cisna, dans le nord de l’Algérie. Son corps avait été rapatrié quelques jours auparavant. Cité par le média algérien, le père de la victime a tenu à remercier « ceux qui ont contribué au rapatriement de la dépouille de sa fille, ainsi que l’autorité algérienne dont la représentation diplomatique a couvert les frais du rapatriement, les autorités canadiennes, la population de M’cisna ainsi que tous ceux qui ont partagé la douleur avec la famille Boundaoui ». Dimanche, un peu plus d’une centaine de personnes se sont réunies pour dénoncer la violence par armes à feu qui secoue le nord-est de Montréal depuis quelques semaines. —  Henri Ouellette-Vézina, La Presse

Travaux en milieu humide dans l’habitat de la rainette faux-grillon

Un promoteur risque des poursuites pénales

Un promoteur immobilier risque des poursuites pénales pour avoir mené illégalement des travaux de drainage dans des milieux humides en bordure du Boisé du Tremblay à Longueuil. La Presse a appris que le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MECC) a ouvert une enquête sur le promoteur qui a réalisé des travaux dans un habitat essentiel de la rainette faux-grillon, une espèce menacée. Il a reçu un avis de non-conformité, le 15 décembre dernier, pour des infractions à la Loi sur la qualité de l’environnement (LQE). L’entreprise visée, une société à numéro, dont l’un des copropriétaires est le Groupe Shatony, soutient qu’« aucun milieu humide ne se trouve sur son terrain, tel que le reconnaît le MELCC ». Or, le Ministère affirme qu’« il y a effectivement un milieu humide présent sur une partie de son lot ».

— Éric-Pierre Champagne, La Presse

Métro Bonaventure

La STM condamne des bancs utilisés par des sans-abri

Au plus froid de l’hiver, la Société de transport de Montréal (STM) vient de physiquement condamner des bancs qui servaient de lieu de rassemblement aux sans-abri dans le métro de Montréal. Des panneaux de contreplaqué ont été installés mercredi sur une partie du mobilier public de la station Bonaventure, au centre-ville de Montréal. À la STM, on affirme que les bancs ont été condamnés dans le contexte de la pandémie de COVID-19. « Cette mesure a été mise en place, notamment, pour améliorer la fluidité dans ce corridor et contribuer au respect d’une distanciation physique adéquate, en respect des consignes sanitaires en vigueur », a indiqué Philippe Déry, conseiller en relations publiques de la STM, dans un courriel. C’est l’élu municipal Benoit Langevin, de l’opposition officielle à l’hôtel de ville, qui a d’abord publié des images des installations.

— Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.