Le Canadien

Engouement soudain pour l’espoir Oliver Kapanen

Un espoir plutôt méconnu du Canadien, Oliver Kapanen, fait sensation au Championnat du monde de hockey après une fin de saison prometteuse en Finlande.

Ce jeune centre droitier de 20 ans repêché à la fin du deuxième tour en 2021 a réussi 5 buts à ses 3 premiers matchs, après un parcours surprenant en séries éliminatoires en Liiga avec KalPa, où il a obtenu 14 points, dont 7 buts, en 13 matchs. Il s’agit d’une progression notable pour ce garçon de 6 pi et 178 lb, qui n’a jamais suscité beaucoup d’attention à Montréal.

Il faut néanmoins éviter de tomber dans l’exagération à cette étape de sa carrière. À cet égard, l’entraîneur de Kapanen à KalPa, Petri Karjalainen, a néanmoins sauté à pieds joints dans la mare aux louanges récemment. Il a même osé le comparer à Sebastian Aho, des Hurricanes de la Caroline.

« Quand tu as besoin de créer quelque chose ou de préserver une avance, il est le genre de joueur que les entraîneurs affectionnent, un genre de Sebastian Aho », a confié Karjalainen au collègue de TVA Sports Nicolas Cloutier, à la fin d’avril.

« Kapanen et Aho ont des atouts semblables. Ils ne sont pas forcément spectaculaires, mais très efficaces dans toutes les facettes du jeu. Tu gagnes des matchs avec des joueurs comme eux. »

Il faut méconnaître le marché de Montréal pour oser une telle comparaison. C’est imposer une pression indue au jeune homme. Karjalainen ne le compare pas à un bon centre de la LNH, mais à l’un des meilleurs de sa profession, qui a récolté 89 points, dont 36 buts, en 78 matchs l’hiver dernier.

Kapanen aura 21 ans à l’été. Au même âge, Aho venait de connaître une saison de 65 points, dont 29 buts, en 78 matchs à sa deuxième année complète en Caroline. Kapanen a amassé 34 points, dont 14 buts, en 51 matchs en Liiga.

Nicolas Cloutier a eu la sagesse de ne pas commencer son texte avec la grossière exagération de Karjalainen, sachant sans doute qu’il n’y a pas plus biaisé qu’un coach pour parler de son joueur. Il montre aussi un peu plus de pondération en affirmant par la suite que le jeune homme ne deviendra pas le premier centre du Canadien, mais qu’il pourrait devenir un centre de deuxième ou de troisième trio pour un bon moment.

Le dernier compliment dopé aux stéroïdes en provenance d’Europe a mal viré.

Un journaliste de longue date en Suède avait prédit un trophée Norris à Mattias Norlinder et osé le comparer à Nicklas Lidstrom. Cette déclaration a enflammé les réseaux sociaux et il en est resté de la braise pendant quelques années, jusqu’à ce qu’on voie Norlinder en chair et en os pour la première fois à Montréal. Il y a eu des flashs qui nous ont permis d’espérer à tout le moins un défenseur du calibre de la LNH, mais les espoirs se sont évanouis.

Direction : Suède

Enfilons nos lunettes pragmatiques. Kapanen a marqué cinq fois au Championnat du monde jusqu’ici. Il a inscrit deux buts contre la Norvège lundi et trois face à l’Angleterre la veille, dont les deux derniers avec la Finlande déjà en avance 4-0. Il a été blanchi, comme le reste de ses coéquipiers, lors du match d’ouverture contre la Tchéquie.

Kapanen a joué 12 min 58 s contre l’Angleterre, l’un des plus bas totaux chez les attaquants de la Finlande, mais il a été utilisé quelques minutes de plus contre la Tchéquie et la Norvège, pour revenir dans la moyenne parmi ses coéquipiers à l’attaque.

Il a réalisé un bel exploit en obtenant un poste avec l’équipe, mais la Finlande est privée de ses meilleurs éléments à l’attaque, les Mikko Rantanen, Sebastian Aho, Aleksander Barkov, Roope Hintz, Teuvo Teravainen, Anton Lundell, Artturi Lehkonen, Patrik Laine, Kaapo Kakko et compagnie. Même Jesperi Kotkaniemi aurait été accueilli à bras ouverts. Mikael Granlund est le seul permanent de la LNH chez les attaquants.

Cela dit, la performance de Kapanen en deuxième moitié de saison est intéressante, même si la Liiga n’est pas du niveau de la KHL (Russie), de la SHL (Suède) ou même de la Ligue nationale suisse.

Kapanen vient de signer un contrat de deux ans avec Timra, en SHL. Il monte ainsi de niveau. Ça ne l’empêcherait pas néanmoins de participer au camp d’entraînement du Canadien en septembre s’il recevait un contrat de l’organisation d’ici là.

Comme on le fait généralement en pareil cas, on lui donnerait le privilège de retourner en Europe s’il n’obtenait pas de poste avec l’équipe, quoique son développement serait sans doute accéléré en disputant une saison dans la Ligue américaine, sur une patinoire de dimension nord-américaine et selon une manière de jouer plus près de celle de la LNH.

Abonnez-vous à l’infolettre de Mathias Brunet

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.