Testé

Des planches à pagaie fabriquées au Québec

SAINT-JEAN-SUR-RICHELIEU — Zen, c’est le nom – bien choisi – de la planche à pagaie testée par La Presse, vendredi dernier. Une planche (stand-up paddleboard ou SUP en anglais) faite au Québec, ce qui est rare, par Dominique Vallée, ex-véliplanchiste olympique.

Son entreprise, Do Sport, a été fondée en 2012 en Mauricie. « Mais c’est la première saison qu’on offre des planches rigides faites au Québec », indique-t-elle. Do Sport vend aussi des surfs à pagaie gonflables, dessinés ici, mais toujours produits en Asie.

Y a-t-il des avantages à faire des planches localement ? « Énormément, répond Mme Vallée, qui est aussi kinésiologue. Quand c’est fait en Asie, on a moins de contrôle sur la production. Les échantillons ne sont pas nécessairement représentatifs de ce qui arrive ensuite dans le conteneur. Ça m’est arrivé… »

Julien Nantais, d’Unda Sup, fabrique aussi des planches haut de gamme chez nous. « En plus d’être produites au Québec, elles sont faites à la main », souligne-t-il. Les planches gonflables et soft top (c’est-à-dire recouvertes de mousse) d’Unda Sup sont, quant à elles, made in China.

C’est sur la rivière Richelieu que La Presse a essayé deux planches Zen, mesurant respectivement 3,45 m et 3,25 m. 

« Plus c’est long et étroit, plus c’est rapide. Les plus petites sont toutefois plus réactives. »

— Dominique Vallée, propriétaire de Do Sport

Annabelle Higgins, propriétaire de Sup Oasis Fitness, l’une des 18 écoles qui travaillent avec les planches Do Sport, s’est chargée du cours d’initiation. « On part toujours contre le courant et on revient avec, conseille-t-elle. Le vent peut tomber, pas le courant. » Elle s’y connaît. « À la base, on est des riders », fait-elle valoir. Traduction libre : ce sont des adeptes de surf et de planche à voile qui se sont mises au SUP. Pas des promeneuses du dimanche.

Veste obligatoire

Tous les surfeurs à pagaie doivent avoir « à bord » une veste de sauvetage et un sifflet, puisque Transports Canada considère les planches « comme un moyen de navigation ». À moins de vouloir discuter de la réelle portée des mots « à bord », le mieux est de porter ledit gilet de sauvetage, ce que nous avons fait.

On commence à genoux sur la planche, ce qui permet de pagayer et de prendre de l’assurance. Puis, on monte en gardant une légère flexion dans les genoux, les pieds de chaque côté de la poignée, le dos droit. Avec la pagaie, « on vient piquer à l’avant, puis on pousse vers l’arrière », décrit Mme Higgins. C’est étonnamment facile et agréable.

Tripler la production pour l’été prochain

Les planches Do Sport sont offertes dans une vingtaine de points de vente. « On va tripler la production de SUP pour 2018 », prévoit Mme Vallée, dont l’entreprise produit aussi des surfs (sans pagaie !) et des kayaks.

Le prix des planches rigides, faites au Québec avec de la fibre de verre badigeonnée de résine époxy, varie entre 1280 $ et 2155 $ (avec carbone). « Il y a beaucoup, beaucoup de jus de bras dans nos planches, rigole Mme Vallée. Les gens qui me disent que c’est cher, je les invite à venir en faire avec nous. »

Ce n’est pas donné, « mais tout est testé et re-testé », assure la Do (Dominique) de Do Sport. « On n’est pas dans un bureau à dessiner des planches en se disant : “Comme ça, ce serait beau.” »

Explosion de l’intérêt

« Ça fait plusieurs années que l’intérêt pour le surf à pagaie monte, mais depuis les trois dernières années, ça a vraiment explosé comme sport », observe Mathieu Boucher, expert en nautisme aux boutiques MEC du Marché central de Montréal et de Laval.

Les paisibles promenades en SUP sur les lacs ont d’abord eu la cote. Puis, ça a été le boum du yoga nautique, pratiqué sur des planches plus courtes et plates. « Maintenant, on se dirige vers deux autres tendances, explique M. Boucher. Les gens veulent des planches pour l’eau vive, plus en forme de banane, avec lesquelles on peut descendre des rapides ou faire du surf. D’autres veulent faire du touring. Leurs planches, plus longues, très effilées, vont beaucoup plus rapidement, ce qui permet de faire de la distance. Ça devient une forme d’entraînement. »

Envie d’essayer ? Quatorze parcs et centres touristiques de la SEPAQ – dont le parc national du Mont-Saint-Bruno et la réserve faunique Papineau-Labelle, pour la première fois cet été – proposent de louer des surfs à pagaie. Tarif : 17 $ pour une heure, ce qui n’inclut pas le prix d’entrée au parc. « On essaie de diversifier les activités offertes », indique Lucie Boulianne, conseillère en communication à la SEPAQ.

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