Enfants de l’immigration

TAUX DE DIPLOMATION UNIVERSITAIRE CHEZ LES 25 À 44 ANS

TAUX DE DIPLOMATION UNIVERSITAIRE CHEZ LES 25 À 44 ANS

Groupe auquel appartiennent les parents

Hommes Femmes

Chinois

H 54,5 % F 63,2 %

Coréens

H 48,6 % F 54,6 %

Sud-Asiatiques

H 48,4 % F 56,6 %

Arabes ou asiatiques occidentaux

H 46,3 % F 52,3 %

Japonais

H 45,3 % F 46,6 %

Asiatiques du Sud-Est

H 32,3 % F 40,6 %

Blancs

H 29,0 % F 41,4 %

Philippins

H 26,5 % F 41,2 %

Latino-Américains

H 24,9 % F 33,6 %

Noirs

H 19,1 % F 29,6 %

Ensemble de la deuxième génération d’immigrants

H 32,2 % F 43,3 %

Blancs de troisième génération d’immigrants et des suivantes

H 23,1 % F 35,2 %

Source : Statistique Canada

Enfants de l’immigration

TAUX D’EMPLOI CHEZ LES 25 À 44 ANS

TAUX D’EMPLOI CHEZ LES 25 À 44 ANS

Groupe auquel appartiennent les parents

Hommes Femmes

Philippins

H 86,9 % F 87,7 %

Blancs

H 85,7 % F 79,7 %

Asiatiques du Sud-Est

H 84,2 % F 81,9 %

Sud-Asiatiques

H 84,1 % F 75,5 %

Latino-Américains

H 83,3 % F 74,4 %

Japonais

H 81,3 % F 67,1 %

Chinois

H 79,6 % F 75,8 %

Noirs

H 77,3 % F 74,5 %

Coréens

H 73,5 % F 61,5 %

Arabes ou Asiatiques occidentaux

H 72,1 % F 60,5 %

Ensemble de la deuxième génération d’immigrants

H 83,9 % F 78,3 %

Blancs de troisième génération d’immigrants et des suivantes

H 85,8 % F 81,6 %

discrimination à l’emploi

Le « plafond de béton » des enfants de l’immigration

Les enfants issus de l’immigration peinent davantage à percer le marché de l’emploi, bien qu’ils soient nettement plus instruits, constate une étude de Statistique Canada. Ces difficultés, qui affectent principalement les minorités visibles, illustrent comment les effets de la discrimination vécue par les nouveaux arrivants se perpétuent chez la deuxième génération, observe une spécialiste.

Plus instruits

Le Canada connaissant une immigration soutenue depuis de nombreuses années, Statistique Canada a décidé de se pencher sur les perspectives de la deuxième génération. Ces travaux démontrent que les jeunes dont au moins un des deux parents a immigré ont nettement plus tendance à terminer des études universitaires que les « Blancs de troisième génération ou plus ». « Pratiquement tous les groupes de deuxième génération d’immigrants affichaient des taux d’achèvement d’études universitaires plus élevés », constate l’agence fédérale. La deuxième génération était par ailleurs également plus instruite que ses parents.

Facteur familial

Ce haut niveau de diplomation s’explique grandement par le fait que le Canada sélectionne une importante partie de ses immigrants en fonction de leur éducation, observe la professeure Marie-Thérèse Chicha, titulaire de la Chaire en relations ethniques à l’Université de Montréal. « C’est un phénomène qu’on observe partout dans le monde. Lorsque les parents sont très éduqués, ils attribuent une valeur importante à l’éducation, et ça se reflète sur le parcours académique de leurs enfants. Quand on vient d’une famille plus éduquée, on a tendance à être plus éduqué », résume-t-elle. Et comme de nombreux immigrants ont décidé de changer de pays pour avoir une meilleure vie, « ils incitent beaucoup leurs enfants à étudier et à aller loin dans leurs études », ajoute-t-elle.

Taux d’emploi plus faible

Si un haut taux d’obtention de diplôme améliore généralement les perspectives d’emploi, ce n’est pas nécessairement le cas pour les gens de deuxième génération, particulièrement au sein des minorités visibles. Bien qu’ils aient fait des études nettement plus longues, leur taux d’emploi est inférieur pour la majorité des groupes. L’écart est particulièrement marqué chez les Arabes et les Coréens de deuxième génération. « Ce ne sont pas tous les enfants d’immigrants qui sont capables de traduire leur niveau de scolarité élevé par un succès sur le marché du travail », constate Statistique Canada.

L’effet d’un nom

Marie-Thérèse Chicha ne peut s’empêcher de constater que les Blancs de deuxième génération ont un taux d’emploi similaire à ceux de troisième génération ou plus, tandis que d’autres groupes ont des difficultés à percer le marché du travail, comme les Arabes. Pour elle, ces résultats illustrent que les problèmes de discrimination vécus par les immigrants finissent par affecter aussi leurs enfants. « Cela témoigne d’une discrimination basée sur l’origine, indépendamment que la personne soit née ici ou pas », constate-t-elle. La professeure souligne que des études ont démontré qu’à curriculum vitæ égal, les personnes dont le nom avait une consonance étrangère avaient moins de chances d’être retenues en entrevue. « On voit que le diplôme ne compte pas tellement pour neutraliser le facteur discriminatoire », dit-elle.

Revenus plus faibles

Les difficultés d’accès au marché de l’emploi se reflètent aussi dans les revenus des gens de la deuxième génération. La majorité des groupes rapportent des revenus inférieurs malgré des diplômes plus élevés. Bien qu’ils aient un bien meilleur niveau d’instruction, les Arabes de deuxième génération gagnent nettement moins, soit en moyenne 14 000 $ de moins par an. Outre l’accès au marché de l’emploi, les difficultés à obtenir des promotions pourraient jouer un rôle, soutient Marie-Thérèse Chicha. « Chez les femmes, on parle souvent du plafond de verre, mais pour les minorités visibles, il y a un plafond de béton », dit-elle.

Sacrifice vain ?

Pour Marie-Thérèse Chicha, ces résultats sont d’autant plus troublants qu’ils peuvent sonner comme un constat d’échec pour de nombreux immigrants ayant fait d’importants sacrifices afin d’offrir une meilleure vie à leurs enfants. « On sait que les parents qui viennent ici, même s’ils sont médecins ou ingénieurs, acceptent de travailler dans des emplois faiblement qualifiés, donc acceptent de sacrifier leur carrière en se disant que leurs enfants en auront une meilleure. Or, avec des résultats pareils, on voit qu’ils se sont sacrifiés, mais que leurs enfants n’ont pas récolté les fruits de leurs sacrifices », observe-t-elle.

Absence de réseau

Outre la discrimination, d’autres facteurs pourraient jouer, indique Mme Chicha. La deuxième génération pourrait notamment faire les frais du manque de réseau de leurs parents. Souvent confinés à des emplois qui exigent de faibles qualifications, les immigrants développent moins de réseaux de contacts. Au moment de percer sur le marché du travail, leurs enfants bénéficient moins d’information et d’aide pour décrocher des emplois.

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