Peut contenir des traces d’égo

Trouver le bonheur en un week-end

Six anciennes coéquipières d’une équipe de ringuette se rassemblent pour un week-end intensif de croissance personnelle dirigé par leur ancienne capitaine. Or, sous la houlette de l’impitoyable Jasmine, le séjour va vite prendre des allures de cauchemar.

C’est dans le terreau des médecines (très) alternatives, des retraites pseudocuratives et autres activités censées réaligner les chakras que se déploie la pièce Peut contenir des traces d’égo, présentée cet été au théâtre La Marjolaine.

La comédie estivale met en scène des femmes au bout du rouleau : Sylvie l’ex-alcoolique, Nataly la pragmatique, Stéphanie à la jeunesse figée dans le botox et Isabelle l’infirmière surmenée.

Ces dernières vont en voir de toutes les couleurs auprès de Jasmine, « coach en succès » toujours suivie par son acolyte, la crédule Chantal.

Les retrouvailles tant attendues prennent vite les allures d’une cure au jus brun-vert, où le sommeil est proscrit et où se multiplient les activités saugrenues, comme la méditation avec des chèvres ou le lâcher-prise d’une seule main…

Une quête sans fond

Six autrices ont mis leur talent en commun pour que naisse la pièce, il y a huit ans déjà. D’abord comédie à sketchs, la pièce a pris une tournure différente au fil des versions avec l’arrivée d’une trame narrative qui apporte une cohérence à l’ensemble.

Marika Lhoumeau et Marie-Ève Soulard La Ferrière se sont inspirées des personnages créés lors des premières moutures pour fignoler le texte. Le résultat est une plongée délirante dans une quête que bien des femmes – mais aussi des hommes – connaissent trop bien : celle de l’amélioration de soi pour tendre à une (inatteignable) perfection. Et trouver, enfin, le bonheur.

« Cette quête du bonheur absolu est au cœur de la pièce, explique Marie-Ève Soulard La Ferrière. On se demande jusqu’où peuvent aller des personnes instruites pour accéder à une meilleure vie, parfois au détriment de leur santé. De plus, il y a une surinformation actuellement pour dire aux femmes comment être plus belles, plus fines, plus fortes… »

« Cette quête sans fond, ce besoin de se raccrocher à la nouvelle affaire à la mode… Les six personnages le vivent à leur façon », ajoute Marika Lhoumeau.

« Le texte est une parodie, les situations sont exagérées. On a voulu rire de cet univers à but très lucratif, mais aussi rire de nous. Certains et certaines vont se reconnaître. Parce que, oui, on peut pratiquer le yoga avec des chèvres au Québec ! »

— L’autrice Marika Lhoumeau

Catherine Proulx-Lemay incarne Nataly, aspirante romancière qui est de loin la plus lucide du groupe. « Comme toutes les filles du groupe, Nataly est en quête, mais elle est surtout là pour revoir son ancienne gang de ringuette. Elle va rapidement s’apercevoir qu’il y a quelque chose de louche dans ce week-end-là. »

L’interprète ajoute : « Je suis vraiment en phase avec mon personnage. Je ne suis pas du genre à me lancer sur les nouvelles affaires pour me sentir mieux. Je fais du yoga, mais même ça, ça m’énerve ! Je suis zéro jus vert ! »

Pour sa toute première expérience de théâtre d’été, Eve Pressault endosse le rôle d’Isabelle. « C’est une infirmière qui ne s’écoute pas beaucoup. Elle est toujours là pour tout le monde. Les autres filles la trouvent très fatiguée. Et elle l’est, au point de perdre tout discernement. Isabelle arrive à un point de rupture dans sa vie. Quand Jasmine va décider de lui retirer ses antidépresseurs, elle va vivre une descente aux enfers… C’est un personnage très le fun à jouer. »

L’actrice est-elle très différente d’Isabelle ? « Le yoga et les choses mystiques m’intéressent beaucoup. Oui, j’ai fait des jeûnes et des week-ends de jus vert, mais je vois aussi le potentiel de dérapage dans tout ça ! »

« Trip de filles »

Même si Peut contenir des traces d’égo est mis en scène par Marc Saint-Martin, la pièce reste un projet fortement féminin. Six autrices ont écrit le texte pour six personnages féminins. Ce n’est pas chose fréquente.

« Pour les autrices, une complicité s’est installée dès le départ, illustre Marika Lhoumeau. On s’est vite fédérées autour du thème, car on se comprenait dans cet essoufflement que ressentent plusieurs femmes. »

« On n’en peut plus de vouloir toujours être mieux que ce qu’on est ! Les thèmes de la sororité et de l’amitié se sont vite ajoutés. »

— L’autrice Marika Lhoumeau

Pour les interprètes aussi, ce « trip de filles » s’annonce prometteur. Car les six actrices – Geneviève Brouillette, Valérie Blais, Joëlle Lanctôt, Catherine Paquin Béchard, Catherine Proulx-Lemay et Eve Pressault – vont loger près de La Marjolaine, dans la région d’Eastman. « Ce sera un peu comme une colonie de vacances », lance Catherine Proulx-Lemay.

« On a très hâte à nos apéros au chalet, ajoute Eve Pressault. C’est vraiment un show de gang qui va être le fun et énergique à livrer, mais aussi à recevoir ! »

Au Théâtre La Marjolaine, du mercredi au samedi, du 14 juin au 10 août.

Théâtre d’été

Aussi à l’affiche

Une plante verte verte verte

Le Petit Théâtre du Nord, situé à Boisbriand, invite le public à un voyage de science-fiction philosophique (et néanmoins humoristique) avec cette pièce signée Jean-Philippe Lehoux. Au cœur de cette comédie à sketchs, une question étonnante : qu’arriverait-il si les plantes décidaient de faire la grève de la photosynthèse ? Le spectacle, mis en scène par Charles Dauphinais, rassemble une distribution de cinq acteurs, soit Mathieu Richard, Carl Béchard, Sébastien Gauthier, Mélanie St-Laurent et Andréanne Daigle.

Les jeudis, vendredis et samedis, du 20 juin au 24 août

Le prénom

Douze ans ont passé depuis la présentation à Montréal de la pièce Le prénom, dirigée par Serge Denoncourt. Le metteur en scène s’y attaque de nouveau, mais avec une toute nouvelle distribution composée de Karine Gonthier-Hyndman, Mikhaïl Ahooja, Noémie O’Farrell, François-Xavier Dufour et Benoit Drouin-Germain. Cette comédie des Français Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière met en scène un couple qui attend son premier enfant. Ce dernier voit un souper entre amis dérailler en raison du prénom choisi pour leur poupon à venir.

Du 4 juillet au 17 août à LaSalle, Gatineau et Saint-Hyacinthe

Fanny

La comédienne Marie-Thérèse Fortin, originaire du Bas-Saint-Laurent, retourne dans son coin de pays tout l’été pour défendre la pièce Fanny au Théâtre du Bic. Ce texte signé par Rébecca Déraspe (elle aussi originaire de la région) raconte l’histoire d’une femme à l’aube de la soixantaine qui accueille chez elle Alice, une jeune étudiante engagée. À son contact, Fanny va devoir amorcer une réflexion nécessaire sur ses idées préconçues et sur le sens de sa vie… Marie-Hélène Gendreau agit ici à titre de metteure en scène.

Du 16 juillet au 17 août au Théâtre du Bic, puis à Sherbrooke en octobre

Croisière en eaux troubles

Les deux grands amis Michel Charrette et François Chénier unissent une nouvelle fois leurs plumes pour la pièce estivale Croisière en eaux troubles (que la paire met aussi en scène). Ici, Jacques et Carole, couple dans la cinquantaine avancée, décident de briser la monotonie en s’offrant une croisière de rêve. Ce sera l’occasion pour eux de rencontrer d’autres vacanciers qui viendront mettre leur grain de sel dans cette aventure. Pour le meilleur et, on le devine, le pire. La distribution compte cinq interprètes dont Marcel Lebœuf et Myriam Leblanc.

Du 14 juin au 24 août au Théâtre des Hirondelles de Saint-Mathieu-de-Belœil

En reprise

Plusieurs spectacles sont de retour sur les planches cet été. C’est le cas du solo Bachelor, classique écrit par Louis Saïa, Louise Roy et Michel Rivard et défendu par Monika Pilon, qui sera de passage à Sainte-Agathe-des-Monts et à Repentigny. La pièce À la folie ! sera aussi reprise à Kingsey Falls avec une nouvelle distribution regroupée autour de Guy Richer. Quant au Dîner de cons, mettant notamment en vedette Laurent Paquin, Normand D’Amour, Bernard Fortin et René Simard, la pièce pourra être vue à L’Assomption et à Brossard cet été.

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