De la séparation à la réparation

Après la littérature et la poésie, voilà que David Goudreault s’adresse maintenant aux tout-petits, pour leur raconter une réelle et non moins inspirante histoire de séparation. Pardon : de réparation.

La réparation de mes parents, une belle histoire de rupture, propose un regard très juste, doux et drôle à la fois, sur la rupture amoureuse des parents, vue par leurs enfants. Le tout tendrement illustré par la talentueuse France Cormier, pour offrir à la fin, et ce n’est pas négligeable, un récit volontairement optimiste. Positif. Et même constructif, par-dessus le marché.

Le livre, en librairie ce mardi, sent le fait vécu à plein nez. Et ce n’est pas faux. David Goudreault le confirme d’emblée : « Je suis allé cocher la case des séparés de la pandémie, confie-t-il au bout du fil. Et somme toute, ça se passe bien. Alors j’avais envie de raconter une belle histoire. Parce que ça peut bien se passer », dit celui qui a été lui-même un enfant de parents séparés.

Un poisson tragi-comique

On l’aura deviné par le titre, et son très habile paronyme : l’heure est ici à la vérité. Aux émotions. Mais surtout à la déresponsabilisation (des enfants), et ce faisant, à la responsabilisation (des parents). « Je voulais expliquer l’essentiel de ce qui se passe, et rappeler aux enfants que ce n’est pas de leur faute, et que c’est la responsabilité des parents de construire une nouvelle relation, et de placer l’enfant au cœur de cette nouvelle relation. »

Pour ce faire, outre Coco, sa sœur Lélé, les deux parents (« une famille métissée, précise ici l’auteur, très près de ma réalité, c’était important pour moi de représenter ça [la diversité] »), David Goudreault a imaginé ici un poisson. « Un personnage loufoque qui permet de trianguler les émotions les plus difficiles, explique-t-il. Les émotions les plus envahissantes sont projetées dans le poisson. » D’où cette phrase, d’apparence anodine, et pourtant essentielle, résumant à elle seule tout le propos du livre :

« Si les parents sont séparés, ce n’est jamais la faute des poissons, et jamais la faute des enfants non plus. »

— Extrait de La réparation de mes parents, une belle histoire de rupture

« Pour moi, c’est la phrase la plus importante du livre », confirme David Goudreault, en signalant au passage avoir toujours voulu écrire de la littérature jeunesse. « Je suis allé à la littérature par la lecture. Très jeune, j’ai été plongé dans les livres, dit-il. Il y a quelque chose de très noble à s’adresser aux enfants. Il faut prendre le temps de le faire. Et de bien le faire. » Et le défi est de taille : « Il y a un équilibre précaire à trouver entre écrire une histoire vraiment intéressante pour les enfants et passer un message à tout prix. »

Donner espoir

Défi ici amplement relevé, avec une bonne dose d’humour, ce qui donne au récit des airs de Max et Lili (Dominique de Saint Mars et Serge Bloch), une coche pédagogique en moins, deux coches poétiques, et surtout métaphoriques, en plus. « L’humour est un trait de mon style. Même si c’est dur ou trash, il y a toujours de l’humour, cela permet d’aborder tous les thèmes, et c’est ce qui m’intéresse dans ma démarche artistique : insuffler suffisamment d’humour pour aller au fond des choses. »

Et c’est exactement ce qu’il fait ici, sans non plus tomber dans le jovialisme, loin de là. « Une belle histoire de rupture, ça se peut, sans nier la détresse des parents et des enfants. Parce que c’est la réalité aussi. […] Mais je voulais donner espoir aux enfants et même aux parents, sans vouloir être moralisateur : ça peut bien se passer. […] Même avec un livre jeunesse, on peut passer ce message-là. […] Ça demeure une rupture, il y a des deuils à faire, mais c’est aussi une occasion de se redécouvrir et d’établir une nouvelle relation. Il y en a qui vont aller jusqu’à l’amitié. C’est ce que je me souhaite. […] Personnellement, je veux y croire. » Et qui, ici, osera le contredire ?

La réparation de mes parents, une belle histoire de rupture

David Goudreault et France Cormier

Éditions D’Eux

36 pages

À partir de 3 ans

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