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Quel animal a le plus de flair ?

Chaque dimanche, l’équipe de Pause prend le temps d’expliquer aux jeunes une parcelle d’actualité. Cette semaine, on se demande : qui a le meilleur odorat du règne animal ?

Méfiance! On trouve sur l’internet de nombreuses listes qui prétendent classer les animaux dotés du meilleur odorat. « Personne ne peut affirmer que telle ou telle espèce possède le meilleur odorat. Ce n’est pas possible », tranche Matthias Laska, professeur à l’Université de Linköping, en Suède, qui étudie l’odorat des animaux et de l’humain depuis 25 ans. Oui, il est vrai que les chiens, les porcs, les rats, les souris et les éléphants possèdent un bon odorat, mais il n’existe pas assez de données fiables pour les classer dans un palmarès.

Gros nez, bon nez ?

Pas si sûr. La taille du nez, tout comme le nombre de récepteurs et de gènes associés à l’olfaction, peut influencer les capacités olfactives d’un animal, c’est vrai. Ces traits anatomiques ne disent toutefois rien au sujet de la sensibilité de l’odorat ni de sa capacité à distinguer les odeurs.

Passer le test

Matthias Laska observe le comportement des animaux pour étudier leur odorat. Il leur enseigne à distinguer des molécules d’odeur et évalue la sensibilité de leur nez en diminuant progressivement l’intensité de l’odeur. Une toute petite parcelle du riche univers olfactif dans lequel on vit a fait l’objet de tests à ce jour, et ce, sur un nombre aussi très restreint d’animaux. Les plus testés sont : 

Singe araignée : 90 odeurs

Souris : 80 odeurs

Rat : de 45 à 50 odeurs

Le chien a du flair, mais…

« Présumer que les chiens ont un très bon odorat a beaucoup de sens, convient le professeur Laska. Si on observe un chien, on voit qu’il compte sur son flair pour bien des choses. Mais il existe peu de données pour appuyer cette présomption. Les chiens ont été testés sur 15 odeurs. Voilà toute la base scientifique sur laquelle s’appuie l’idée que le chien possède un super nez… »

L’évolution, à vue de nez

L’importance accordée à l’odorat découle de l’évolution d’une espèce. « Pas mal tous les grands prédateurs nocturnes ont de grandes capacités olfactives. Les félins sont extrêmement bons », assure Jacques Dancosse, vétérinaire et chercheur associé au Biodôme de Montréal. Se guider avec le nez est sans doute une bonne façon de chasser dans le noir, en effet. On ne s’étonne pas non plus d’apprendre que les souris sont excellentes pour détecter l’urine de chat : elles ne veulent pas finir entre leurs griffes !

Qui a le plus de pif : l’humain ou le chien ?

« Les chiens sont bons avec certaines odeurs et nous, les humains, sommes meilleurs pour les odeurs qui sont pertinentes pour nous, mais pas pour eux, résume Matthias Laska. Les chiens sont carnivores, alors leur odorat n’a pas évolué de manière à développer une sensibilité pour les fruits, alors que nous, nous nous nourrissons de plantes et de fruits. » L’utilité serait la clé : chaque espèce aurait développé sa capacité à reconnaître les odeurs nécessaires à son alimentation et à sa survie.

Dispositif antipoison

La plupart des espèces testées sont très sensibles aux odeurs de soufre, notamment celles associées aux aliments dégradés ou pourris, selon Matthias Laska. « La plupart des animaux ne peuvent se permettre d’ingérer de la nourriture avariée, souligne-t-il. Alors, l’évolution a doté la plupart des animaux d’un nez fonctionnel sensible aux composés de soufre et d’azote, ce qui les aide à éviter une intoxication alimentaire. »

Se servir de sa tête

Grâce à la puissance de notre cerveau, on peut tirer bien plus d’information d’une odeur que les chiens ou les souris, qui ont pourtant de trois à cinq fois plus de récepteurs olfactifs que l’être humain. Bref, pour mieux sentir, il faut se servir de sa tête !

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