Une nouvelle vie verte pour les résidus miniers

Les résidus abandonnés par les mines d’amiante du Québec sont de plus en plus convoités pour les autres minéraux qu’ils contiennent. Une entreprise de Québec, ECO2 Magnesia, produira de l’oxyde de magnésium sur le site de l’ancienne mine Carey, dans la région de Chaudière-Appalaches.

Le projet qui demande un investissement de 150 millions vient de franchir une étape importante avec la confirmation de sa faible empreinte carbone. « Une très grosse étape », précise Paul Boudreault, président de Sigma Devtech, la firme qui pilote le projet.

La technologie d’ECO2 Magnesia, conçue par l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), a été validée par une étude indépendante réalisée par COOP Carbone, qui établit qu’elle émet jusqu’à 30 fois moins de gaz à effet de serre que les procédés utilisés pour produire de l’oxyde de magnésium.

La nouvelle façon de faire utilise des résidus miniers, de l’eau et du CO2, qui est récupéré et réutilisé, explique Louis-César Pasquier, coinventeur du procédé d’ECO2 et professeur à l’INRS.

« C’est totalement innovant. »

— Louis-César Pasquier, coinventeur du procédé d’ECO2 et professeur à l’INRS

L’oxyde de magnésium est une poudre blanche qui peut servir à la fabrication de briques réfractaires, d’engrais, de produits pharmaceutiques et même dans l’alimentation.

Une autre entreprise, Alliance Magnésium, travaille aussi avec des investisseurs japonais à revaloriser les résidus des mines d’amiante de la région de Thetford Mines en produisant du magnésium sous forme de métal, qui s’adresse à des marchés différents.

Financement

Les tonnes de résidus dont on n’arrivait pas à se débarrasser deviennent donc un actif intéressant pour des investisseurs, et pour le Québec.

Le magnésium contenu dans les résidus accumulés pendant 130 ans dans les régions de Chaudière-Appalaches et de l’Estrie a une grande valeur, selon Paul Boudreault.

L’usine d’ECO2 Magnesia permettrait de revaloriser 480 000 tonnes de résidus miniers par année.

Le président de Sigma Devtech travaille actuellement à réunir le financement nécessaire pour construire une usine sur l’ancien chantier de la mine Carey.

Des investisseurs de Singapour, qui suivent l’évolution du projet depuis ses débuts, de même que des clients potentiels, sont prêts à embarquer, selon le promoteur. « On a la technologie la plus verte au monde », soutient-il.

Le gouvernement du Québec, qui a soutenu financièrement le projet dans sa phase de développement, devrait participer à l’entreprise, espère Paul Boudreault.

L’usine produirait initialement 20 000 tonnes par année d’oxyde de magnésium en 2024, et augmenterait sa production graduellement par la suite pour atteindre 60 000 tonnes annuellement. La plus grande partie de cette production serait destinée à l’exportation.

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