Anthony Duclair

La nécessité de lutter contre le racisme

C’est aujourd’hui que l’Alliance pour la diversité au hockey et l’entreprise Budweiser lancent la campagne #ÉradiquerLaHaine pour engager une conversation et un dialogue autour du racisme dans le monde du hockey. Pour Anthony Duclair, l’une des têtes d’affiche du projet, il était essentiel de s’impliquer dans cette initiative pour éviter que des jeunes revivent ce que lui a vécu en grandissant.

La campagne est une initiative de l’Alliance, qui regroupe des joueurs et d’anciens joueurs de la LNH et qui vise à lutter contre le racisme dans le monde du hockey. Des roulettes de ruban seront distribuées partout au Canada, sur lesquelles on pourra lire diverses phrases destinées à susciter la discussion autour de ce problème. Des mots importants aux yeux des joueurs impliqués dans la campagne.

Duclair est accompagné dans le projet par Matt Dumba, du Wild du Minnesota, Nazem Kadri, de l’Avalanche du Colorado, Wayne Simmonds, des Maple Leafs de Toronto, et Akim Aliu, ancien joueur des Flames de Calgary. Ensemble, ils veulent donner de la visibilité à la cause, mais surtout engager la conversation autour du racisme au hockey. « Ce n’est pas un sujet qui est facile à aborder, mais il le faut. On est excités de dévoiler la campagne au public », a confié Duclair, joint au téléphone.

Rapidement, le Québécois a voulu s’engager dans le projet.

« C’est important de m’impliquer, parce qu’étant noir et jouant au hockey de haut niveau, ça m’affecte personnellement. Ç’a été difficile en grandissant et je suis capable d’en parler aujourd’hui, à 26 ans. Malheureusement, des choses que j’ai vécues dans le passé arrivent encore aujourd’hui, à moi ou à d’autres joueurs », a raconté l’attaquant des Panthers.

L’initiative dévoilée aujourd’hui pourra certainement aider à faire changer les mentalités dans le monde du hockey à court, moyen et long terme.

Même s’il voit que le changement s’opère lentement autour de ce tabou, Duclair est à même de constater une évolution dans les mœurs depuis son arrivée dans la LNH, il y a sept ans. Mais cette évolution n’est pas assez rapide à son goût.

« Il faut vraiment s’attaquer au problème de front et cesser d’ignorer le racisme. C’est en en parlant plus sérieusement qu’on va réussir. Je ne sais pas si tout le monde comprend vraiment le genre de gestes, de menaces ou de commentaires qui sont parfois posés et dont on a été victimes depuis qu’on a commencé à jouer au hockey. »

Il est évident que les modèles sont plus nombreux en 2022. Duclair est heureux de voir des jeunes de tous les milieux et de tous les horizons patiner et jouer au hockey sur la patinoire lorsqu’il revient chez lui, au Québec. Il est content que les jeunes puissent profiter de modèles comme ceux de l’Alliance pour la diversité au hockey. Chose sur laquelle il aurait aimé pouvoir compter dans sa jeunesse : « Ça m’aurait beaucoup aidé. On n’y avait pas accès lorsque j’étais plus jeune. Au moins, aujourd’hui, il y a les médias sociaux. Beaucoup de gens ont des téléphones ou des tablettes et on sait à quel point une vidéo peut devenir virale. Une publication peut voyager énormément en quelques minutes, et on espère que c’est ce qui va arriver avec notre campagne. »

Pour les générations futures

Le but d’Anthony Duclair avec cette campagne n’est pas d’être le centre de l’attention, de recevoir des fleurs et d’être crédité d’une bonne action. S’il s’implique, ce n’est pas pour lui. Il le fait pour les prochaines générations. Ceux qui rêvent de devenir les prochains Anthony Duclair.

« Mon but, c’est de changer le monde du hockey. Ce qui me rendrait le plus heureux, ce serait de voir des changements concrets dans la mentalité de tous les artisans du milieu du hockey et de voir plus de jeunes joueurs comme moi, qui me ressemblent, réaliser leur rêve de jouer dans la LNH. »

– Anthony Duclair

L’implication de Duclair dépasse les limites de cette campagne ou de l’Alliance. Souvent, en privé, loin des projecteurs, il communique avec des jeunes qui, comme lui il y a quelques années, subissent des injustices liées au racisme. Il les appelle. Il leur écrit. Comme un héros du quotidien.

« Je ne veux plus entendre d’histoires d’enfants qui sont victimes de racisme dans les arénas ou à l’extérieur. J’en entends encore chaque année. Il m’arrive de prendre le téléphone et de parler avec des jeunes, de partout en Amérique du Nord, juste pour les encourager, juste pour leur dire que ce sont des choses qui vont arriver et pour leur donner un peu de confiance et d’espoir. »

La LNH a du retard à rattraper

Questionné pour savoir si, selon lui, la LNH était en retard sur les autres ligues comme la NFL et la NBA, l’attaquant des Panthers n’a pas hésité une seule seconde : « Ah oui, vraiment ! »

Il est jaloux lorsqu’il constate que dans la NFL et dans la NBA, il est possible de voir plein de slogans et de messages incitant à lutter contre le racisme sur les casques, sur la surface de jeu et dans les gradins. Ce n’est pas le cas dans la LNH. Selon ses dires, les autres ligues font l’effort d’engager des discussions, pour faire parler de la cause et mettre en lumière les problèmes avec lesquels trop d’athlètes doivent négocier.

Il aimerait que les joueurs se mettent ensemble, lancent des projets constructifs et porteurs d’espoir et que la ligue en fasse la promotion.

« Avec ce qu’on voit dans la NFL et la NBA, je ne comprends pas pourquoi la LNH n’essaye pas d’être au même niveau. C’est ça, notre objectif, et c’est pourquoi on lance la campagne. On veut que la cause ait plus de visibilité. »

Anthony Duclair est clair : il ne veut plus voir de jeunes décrocher du hockey en raison du racisme. Ça le frustre. Ça le peine. Il fallait faire quelque chose pour ces jeunes et le voilà impliqué dans une toute nouvelle campagne à l’échelle nationale.

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