Québec déploiera davantage de tests rapides

Québec va accélérer le déploiement de ses tests rapides ID NOW, principalement auprès des jeunes dans les écoles. Les 2 millions de tests rapides par détection des antigènes que le gouvernement fédéral lui fournira ne seront toutefois pas utilisés en priorité, car ils sont jugés peu fiables.

Le ministère utilisera en priorité les tests par amplification des acides nucléiques ID NOW notamment chez les enfants avec symptômes en raison des impacts sur la maisonnée. « C’est une bonne machine. Il ne donne pas de faux positifs et donne très peu de faux négatifs », a indiqué la Dre Isabelle Goupil-Sormany, médecin spécialiste en santé publique et en médecine préventive au ministère de la Santé et des Services sociaux, lors d’un breffage technique lundi. Le ministère souhaite tester 2000 personnes par jour d’ici deux semaines et 8000 par jour à compter de la fin de mars. Le Québec ne possède que 200 000 de ces tests.

En contrepartie, Québec reste plus prudent par rapport aux 2 millions de tests rapides par détection des antigènes de type Panbio et BD Veritor Plus System que le gouvernement fédéral lui fournira. « Les fabricants et le comité d’experts ne favorisent pas du tout l’utilisation des tests antigéniques chez les personnes asymptomatiques qui n’ont pas eu de contact à risque », a fait valoir Marie-Ève Bédard, directrice des services multidisciplinaires du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Elle ajoute que dans un milieu sans éclosion, le test peut donner plus de 50 % de faux positifs et jusqu’à 33 % de faux négatifs.

« Les faux négatifs, c’est un problème parce que ça donne une réassurance. Les personnes pensent qu’elles ne peuvent contaminer personne », indique Marie-France Raynault, experte en médecine sociale et préventive à l’École de santé publique de l’Université de Montréal. Benoît Mâsse, professeur de santé publique à l’Université de Montréal, ajoute qu’il est difficile d’expliquer à la population qu’un test négatif ne veut pas nécessairement dire que la personne n’a pas le virus.

Projets-pilotes

Ces tests, jugés moins performants par le ministère, serviront dans le cadre de projets-pilotes en milieu de travail.

« Ces tests-là sont bons pour détecter lorsqu’il y a une grande quantité de virus qui circule et que vous êtes très contagieux. C’est très bien pour les entreprises qui ont des éclosions, parce que les employés positifs sont sûrement très contagieux. »

— Benoît Mâsse, professeur de santé publique à l’Université de Montréal

Le test antigénique Panbio sera notamment utilisé dans deux écoles montréalaises, soit l’école secondaire publique Calixa-Lavallée, à Montréal-Nord, et le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, établissement privé d’Outremont, dans le cadre d’une étude dirigée par la Dre Caroline Quach. Les tests se feront chaque semaine auprès de 25 % des élèves ayant consenti à y participer. Le quart du personnel scolaire sera aussi testé sur une base hebdomadaire jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Des tests rapides ont également été envoyés en région éloignée. « Ils seront utiles, parce que l’accès aux laboratoires est souvent difficile », indique Mme Raynault.

Un test pour chaque situation

Chantal Sauvageau, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive à l’INSPQ, rappelle que la fiabilité des différents tests rapides varie énormément. « On a souvent le réflexe de mettre ensemble tous les tests dits rapides, mais chacun a ses caractéristiques et certains sont vraiment meilleurs que d’autres dans des situations spécifiques. Il faut prendre le temps de bien les analyser pour arriver à une bonne utilisation. »

La Santé publique soutient que la priorité reste l’utilisation des tests PCR analysés en laboratoire qui fournissent, dans 83 % des cas, un résultat en moins de 24 heures. Selon elle, le Québec répond amplement à la demande avec une capacité de plus de 40 000 tests par jour.

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