COVID-19

Pas de diminution, pas de réveillon

Les quatre jours de festivités restreintes pendant les Fêtes sont conditionnels à une baisse de la propagation de la COVID-19 sous la barre des 1000 cas quotidiens, avertit le Dr Horacio Arruda. Les Québécois devront par ailleurs se limiter à « deux rassemblements au maximum », a précisé François Legault. Ces annonces surviennent alors que de nombreuses questions subsistent sur la distribution d’un vaccin au Canada.

Objectif : moins de 1000 cas par jour d’ici Noël

Québec — Le nombre de nouveaux cas de COVID-19 devra diminuer sous la barre des 1000 par jour pour que le feu vert soit donné aux rassemblements restreints à Noël, prévient le directeur national de santé publique, le DHoracio Arruda.

Ce dernier a lancé cet avertissement en conférence de presse mardi, aux côtés du premier ministre, François Legault, et du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé.

Québec a rapporté 1124 nouveaux cas d’infection, et la moyenne mobile sur sept jours s’élève à 1182 à l’heure actuelle. Cette moyenne était d’environ 1300 autour du 10 novembre.

La dernière fois que le Québec s’est retrouvé sous la barre des 1000 cas quotidiens, c’était dans les 10 jours qui ont précédé l’Halloween. C’était également le cas avant le 30 septembre.

Mardi, le DArruda a clairement indiqué que la propagation de la COVID-19 devra ralentir pour que des rencontres familiales restreintes soient permises comme prévu du 24 au 27 décembre.

« La situation est très fragile encore actuellement, et je vous le dis, il nous faut maintenant aussi abaisser le taux si on veut être capables de se permettre ces deux rassemblements de Noël. »

— Le DHoracio Arruda

François Legault a annoncé au cours de cette conférence de presse que les Québécois devront se limiter à « deux rassemblements au maximum » à Noël, durant les quatre jours où les rencontres d’au plus 10 personnes doivent être permises. Il a apporté cette précision après avoir reçu « un avis peut-être plus clair de la Santé publique », moins d’une semaine après le dévoilement aux Québécois de son « contrat moral » pour les Fêtes.

Le DArruda considère de son côté que « l’idéal » est de se limiter à un seul rassemblement. « C’est une période pour se retrouver en famille, mais ce n’est pas Copacabana et le festival de Rio qu’on vous demande de faire, de grâce ! », a-t-il lancé, rappelant que « chaque contact supplémentaire est un risque ».

« Comme un “si” »

Jeudi dernier, François Legault avait prévenu qu’« il y a comme un “si” à ce qu’on propose » pour Noël. Il disait que si la situation se détériore avant le 24 décembre, les quatre jours de rassemblements pourraient être revus.

Pour le DArruda, dont les avis sont toujours respectés, aux dires du premier ministre, il faudra une diminution des infections pour pouvoir se réunir aux Fêtes.

« J’aimerais que ça baisse, parce que plus on part haut, plus l’exposition dans le temps des Fêtes va aller en augmentant. Donc, j’invite véritablement les Québécois à faire des efforts d’ici le 17 décembre. Ça va être très payant, chacune des réductions des contacts qu’on a », a-t-il expliqué. Il a précisé qu’il souhaite « en bas de 1000 » cas par jour.

D’autres facteurs seront considérés dans la décision, comme « la capacité des équipes de faire les enquêtes » épidémiologiques et « le nombre de cas d’hospitalisation ». La semaine dernière, l’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) a sonné l’alarme dans la mise à jour hebdomadaire de ses projections sur l’état du réseau de la santé. Devant la hausse des cas de COVID-19 et des hospitalisations, il a dit craindre un débordement dans certains hôpitaux hors du Grand Montréal. Il y a un « risque de dépassement des capacités hospitalières », affirmait-il.

Rouvrir les écoles

Pour Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, l’objectif de 1000 cas quotidiens fixé par le DArruda est justifié. « On veut moins d’infections que présentement pour s’assurer que même si les Fêtes génèrent une augmentation, on soit capable de rouvrir les écoles en présentiel. »

« Le but ultime, c’est la rentrée scolaire en présentiel en janvier avec une épidémie en contrôle. Parce que cette rentrée scolaire en présentiel, qu’on le veuille ou non, ça donne un petit boost à l’épidémie. »

— Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

Il y a un signal « encourageant » en vue d’atteindre la cible des 1000 cas, selon lui. Le taux de reproduction des cas de COVID-19 au Québec – le fameux Rt – vient de passer sous la barre du 1, selon la mise à jour hebdomadaire faite par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Cela signifie que l’épidémie est contrôlée.

Le Québec se retrouve plus précisément avec un taux de 0,93. En clair, chaque Québécois infecté transmet le virus à moins d’une personne en moyenne à l’heure actuelle. On était un peu au-dessus de 1 auparavant, un seuil signifiant que la transmission est en hausse.

Selon Benoît Mâsse, ce résultat s’explique par la décision de la fin d’octobre d’envoyer les élèves de troisième secondaire à l’école une journée sur deux (c’était déjà le cas de ceux de quatrième et cinquième secondaire) et par les améliorations apportées au traçage.

Traçage et isolement

Il faudra d’ailleurs beaucoup compter sur les équipes de traçage pour diminuer le nombre de nouveaux cas à moins de 1000 par jour, selon M. Mâsse. Car le gouvernement ne veut pas imposer de restrictions supplémentaires. Il est donc « à court d’options », et il lui reste à « implorer les Québécois d’essayer encore de réduire les contacts », affirme-t-il.

Certes, la fin de la présence des élèves en classe le 17 décembre contribuera à une baisse de la transmission. Quant à l’isolement préventif de sept jours avant et après Noël, ce sera extrêmement difficile à respecter pour plusieurs, note le professeur.

Lors de sa conférence de presse, François Legault a demandé à ceux qui ne pourraient s’isoler une semaine avant Noël de renoncer à participer à des rassemblements du 24 au 27 décembre afin de réduire les risques de propagation de la COVID-19. Il a ajouté que « ce n’est pas recommandé du tout » de partir à l’étranger pendant les Fêtes. Il a demandé aux forces policières de préparer un plan pour « s’assurer qu’il n’y a pas de rassemblements le 1er janvier ».

Ailleurs au Canada

Lundi, Santé Canada a fait des recommandations plus strictes que celles du Québec au sujet des Fêtes. L’organisme suggère aux Canadiens de ne pas faire de partys entre ménages différents, donc de rester dans leur bulle.

De son côté, le premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, a déclaré mardi que « c’est dangereux, ce que le premier ministre du Québec a annoncé pour Noël ». « Je ne pense pas que c’est la bonne chose à faire que de dire aux gens qu’ils peuvent se rassembler en groupe durant les Fêtes, aussi tentant que ce soit. Je pense que c’est une erreur », a-t-il soutenu.

Comment la distribution du vaccin au Canada se fera-t-elle ?

Quand arrivera-t-il ? Comment sera-t-il administré et par qui ? Aurons-nous suffisamment de doses pour tout le monde ? Et sommes-nous prêts pour cette opération sans précédent ? En quelques éléments-clés, voici ce que nous savons pour le moment sur la course à la vaccination contre la COVID-19, dans laquelle sont déjà engagés tous les pays de la planète.

Est-ce à Ottawa ou à Québec de gérer la vaccination ?

En théorie, c’est aux provinces, et donc au gouvernement Legault, que revient le mandat de coordonner les opérations de vaccination nationale sur son territoire. Toutefois, le rôle d’Ottawa n’en est pas pour autant moins important. Le fédéral s’occupe en effet d’acheter les équipements et les infrastructures nécessaires, puis de stocker ceux-ci avant de les répartir à l’échelle du pays.

C’est ainsi que les autorités gouvernementales avaient aussi procédé en 2009 lors de la crise du virus H1N1, qui avait forcé le déclenchement rapide d’une opération de vaccination. Rappelons qu’avant qu’une campagne de vaccination puisse se mettre en branle, tout vaccin devra avoir été approuvé par Santé Canada.

Quand va-t-on commencer à vacciner ?

Tout dépendra de la disponibilité et surtout de l’efficacité des vaccins qui seront approuvés par les autorités sanitaires à travers le monde. Pour l’instant, le Canada vise « les premiers mois » de 2021 pour enclencher le processus, ce qui est plus tard que les États-Unis, le Royaume-Uni ou l’Allemagne, qui visent tous décembre 2020.

Ce décalage s’explique entre autres par le fait que le Canada « n’a pas de capacité de production de masse », a soutenu mardi le premier ministre Justin Trudeau. En reconnaissant que ces pays prioriseront leurs concitoyens, le chef libéral a néanmoins martelé que cela ne signifie pas pour autant que les Canadiens devront attendre plus longtemps pour se faire vacciner.

M. Trudeau a aussi dit comprendre l’impatience des Canadiens en matière d’accès au vaccin, mais a soutenu que « la réalité, c’est qu’on ne sait pas lesquels vont être les plus efficaces, lesquels vont arriver en premier ». Il plaide qu’il serait ainsi hasardeux d’« encercler une date sur le calendrier » pour l’arrivée du vaccin, du moins pour le moment.

À quoi nos ressources ressemblent-elles à l’heure actuelle ?

Jusqu’ici, le Canada a réservé l’équivalent d’environ 414 millions de doses de vaccins en développement auprès de plusieurs entreprises pharmaceutiques, dont 76 millions de doses de celui développé par Pfizer et BioNTech – un vaccin qui nécessite deux doses, devant être administrées à trois semaines d’intervalle. Les premières doses de vaccin doivent arriver entre janvier et mars.

Mardi, Ottawa a aussi réservé jusqu’à 26 000 doses d’un anticorps neutralisant nommé bamlanivimab, qui est destiné aux adultes ainsi qu’aux enfants âgés de 12 ans et plus présentant « une forme légère ou modérée de la COVID-19 ».

À ce stade-ci, plus de 24 millions de seringues et d’aiguilles ont aussi été reçues, et d’autres livraisons vont arriver toutes les semaines, selon le gouvernement Trudeau. Ce dernier a déjà acquis 126 congélateurs spéciaux fabriqués par Panasonic, dont 26 « ultra-froids » pouvant stocker les vaccins à -80 degrés Celsius, puisque le vaccin de Pfizer et BioNtech doit être conservé à de très faibles températures. L’autre géant, Moderna, affirme que son vaccin peut être entreposé dans des installations de réfrigération standard, entre 2 et 8 degrés Celsius.

Qui sera le grand « maître d’œuvre » au Québec ?

Pour le moment, ni Québec ni Ottawa n’envisagent d’imiter l’Ontario, qui a causé la surprise lundi en recrutant le général à la retraite Rick Hillier pour diriger la vaste opération de vaccination de la province, qui a de nouveau dépassé la barre des 1500 cas en début de semaine.

Le gouvernement Legault assure toutefois avoir des ressources à sa disposition. « On est allé chercher des personnes opérationnelles », a insisté le ministre Christian Dubé, en disant vouloir un équilibre entre stratégie et opération. « On est allé chercher des personnes qui ont ce bagage-là », a-t-il dit, en parlant de Jérôme Gagnon, sous-ministre adjoint à la Santé qui était jusqu’en octobre directeur général adjoint à la sécurité de l’État. Au-delà des pharmaciens, M. Dubé n’exclut pas de solliciter l’aide de plusieurs ordres professionnels pour contribuer à vacciner les Québécois. « On est tout en train de préparer ça. Ces discussions-là sont commencées. Non seulement on va être prêts, mais je vous dirais qu’on est déjà prêts », a ajouté M. Dubé.

À Ottawa, le ministre et président du Conseil du Trésor, Jean-Yves Duclos, affirme que la distribution des doses ne se fera pas nécessairement au prorata de la population par province. Il souligne que l’opération vaccin ne sera pas chapeautée par une personne en particulier, mais bien par « Équipe Canada ».

Bien que les contours du plan de vaccination n’aient pas encore été divulgués, il est d’ores et déjà acquis que les « capacités très significatives » des Forces armées canadiennes seront mises à profit. Le secteur privé sera aussi mobilisé « à pleine capacité au courant des prochains mois », dans un modèle de « plein partenariat » avec le gouvernement, a indiqué M. Duclos.

Quels sont les obstacles ?

La première embûche est bien sûr celle de la logistique. Distribuer un vaccin contre la COVID-19 représente un casse-tête de taille, entre autres en fonction du vaccin auquel le Canada aura accès le plus rapidement parmi la gamme disponible dans son carnet de commandes.

« On sait que tout le monde ne sera pas vacciné en même temps. On va devoir établir des priorités. Mais tout ce qu’on fait présentement va nous aider à faire vacciner les Canadiens aussi vite que possible », a dit Justin Trudeau mardi.

Des partis de l’opposition à Ottawa s’inquiètent aussi du manque de transparence du gouvernement Trudeau, accusant celui-ci de demeurer avare de détails sur la campagne de vaccination. À la Chambre des communes, mardi, le Parti conservateur et le Bloc québécois ont tenté d’arracher à Justin Trudeau une date de disponibilité du vaccin, mais en vain.

La Russie affirme que son vaccin est efficace à 95 %

La Russie a affirmé mardi que son vaccin Spoutnik V contre la COVID-19 était efficace à 95 %. Cette annonce intervient alors que la Russie, au cinquième rang mondial en nombre de contaminations avec 2138 828 cas détectés à ce jour, a enregistré mardi un record de 491 décès, pour un total de 37 031 morts, les autorités russes ne recensant que les décès dont le coronavirus est considéré comme la cause première. Les « résultats préliminaires obtenus sur des volontaires 42 jours après l’injection de la première dose » ont montré que « l’efficacité du vaccin était de plus de 95 % », ont indiqué dans un communiqué le centre de recherches Gamaleïa de Moscou, le ministère russe de la Santé et le Fonds souverain russe (RDIF). Ils n’ont cependant pas mentionné le nombre de cas utilisés pour les calculs. L’efficacité du vaccin 28 jours après l’injection de la première dose, annoncée le 11 novembre, était de 91,4 %, selon un calcul se basant sur 39 cas. Au total, 22 000 volontaires se sont déjà vu injecter la première dose et plus de 19 000 ont été vaccinés avec les deux doses. — AFP

Laval

Les tests de salive gagnent du terrain

À Laval, toutes les résidences pour personnes âgées, des CHSLD aux résidences privées, sont désormais suivies de beaucoup plus près en raison de la pandémie. Des tests de salive de COVID-19 sont administrés chaque semaine à 58 % des employés de CHSLD publics, et la tactique est graduellement étendue à tous les établissements.

« Le Ministère nous a demandé il y a de nombreux mois de faire des tests réguliers auprès des employés de lieux de vie pour personnes âgées où il y a des soins », explique Olivier Haeck, microbiologiste au CISSS de Laval, qui chapeaute le projet. « Mais dans les résidences pour aînés, souvent il n’y a que des préposés, qui ne font pas partie des titres d’emplois qui peuvent faire des prélèvements avec des écouvillons. Alors, il faut envoyer des gens sur place. Et souvent, les gens qui ont eu un test avec écouvillon n’en veulent plus. Avant d’utiliser la salive, on avait seulement 13 % des employés avec des tests hebdomadaires. »

En travaillant d’arrache-pied l’été dernier, un autre microbiologiste du CISSS de Laval, Marco Bergevin, a réussi à prouver que les tests de salive sont aussi précis que les tests avec des écouvillons naso-pharyngés pour la détection de la COVID-19. Le test de salive consiste seulement à cracher dans une éprouvette.

Chaque semaine, 2500 soignants sont testés par salive de manière routinière à Laval, dans les établissements pour aînés et dans certaines unités hospitalières vulnérables à la pandémie.

« On veut maintenant augmenter le transport des établissements aux laboratoires, pour faire deux, trois tests par semaine. »

— Maude St-Jean, microbiologiste et pédiatre au CISSS de Laval

Outre les CHSLD publics et privés, les ressources intermédiaires et les résidences pour aînés sont visées.

Dès qu’un employé a un résultat positif, tous les patients et les employés avec qui il a été en contact sont retracés et testés trois fois par semaine, voire une fois par jour en centre hospitalier, dans les unités de dialyse par exemple.

D’autres régions font aussi des tests de salive plutôt qu’avec des écouvillons, mais aucune n’est aussi avancée que Laval, selon le DBergevin. « On craint même qu’on puisse être submergés de gens qui viennent d’autres régions. »

La microbiologiste et pédiatre au CISSS de Laval Maude St-Jean est moins inquiète parce qu’avec l’hiver, les tests sont maintenant de plus en plus faits avec un rendez-vous, ce qui permet de limiter les services locaux aux résidants de Laval.

Écoles

La prochaine étape est le test salivaire dans les écoles. L’une des avenues envisagées, qui pourrait faire l’objet d’un projet-pilote, est de viser les classes qui sont fermées parce qu’un élève a un test positif de COVID-19.

« L’enseignante pourrait mettre dans le sac d’école de chaque enfant un test de salive, que les parents pourraient ensuite aller porter aux centres de tests dans un dépôt avec un accès prioritaire, dit la Dre St-Jean. Ça éviterait aux parents de faire la file pour un test. Souvent, ils arrivent avec toute leur famille, et on teste tout le monde. Mais la directive est de ne tester que l’élève qui a été en contact avec un autre élève ayant un test positif, pas toute sa famille. Non seulement ça serait plus pratique pour les parents, mais ça diminuerait le nombre de tests moins prioritaires qu’on doit faire. »

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