Acquisition de Decas Cranberry Products

Une porte sur le marché américain pour Fruit d’or

Avec l’acquisition de Decas Cranberry Products, une entreprise familiale du Massachusetts, le producteur de canneberges et de bleuets québécois Fruit d’or s’ouvre une porte sur le marché américain, ce qui était devenu une nécessité, selon son président et fondateur.

« On s’est rendu compte que de ne pas avoir un pied aux États-Unis commençait à être plus risqué », explique Martin Le Moine au cours d’un entretien avec La Presse. Les enjeux sont gros. Fruit d’or vend annuellement pour 60 millions de dollars aux États-Unis.

Pour entrer chez les grands détaillants américains, il faut avoir un pied aux États-Unis, a-t-il précisé. Decas exporte dans 20 pays, mais fait l’essentiel de ses ventes sur le marché américain.

Decas est le principal concurrent de Fruit d’or dans la canneberge biologique. Ses revenus annuels s’élèvent à 50 millions de dollars, ce qui portera le chiffre d’affaires de Fruit d’or de 200 à 250 millions.

Le montant de la transaction n’a pas été rendu public. La taille de Decas est semblable à celle des Atocas du Québec, entreprise qui a été vendue l’an dernier au géant de l’industrie Ocean Spray pour un montant estimé entre 50 et 60 millions.

L’expansion de Fruit d’or dans l’État qui a vu naître l’industrie de la canneberge est « une grosse et bonne nouvelle », estime Monique Thomas, directrice générale de l’Association des producteurs de canneberges du Québec. « Ça reflète la santé de notre culture », a-t-elle commenté.

Mme Thomas connaît bien Decas Cranberry Products, une entreprise familiale fondée en 1934 par des immigrants grecs et dont le siège social est à Carver, au Massachusetts. « Ils achètent des fruits au Québec, et on les voit régulièrement », a-t-elle précisé.

Le Québec est le deuxième producteur mondial de canneberges.

Fruit d’or achète l’usine de transformation et 380 des 450 acres de production de canneberges chez Decas, de même que ses contrats d’approvisionnements auprès de 150 producteurs indépendants aux États-Unis et au Québec, a indiqué M. Le Moine.

L’entreprise est rentable, mais elle plafonnait depuis quelques années, indique Martin Le Moine. « Les gens s’attendaient à ce qu’il se passe quelque chose. »

« La famille Decas sait que ses producteurs et ses employés seront entre de bonnes mains. Le patrimoine des Decas se perpétue », a commenté John Decas, propriétaire de deuxième génération, agriculteur et ancien président de Decas.

L’actuel président et directeur général de Decas Cranberry Products, Michael McManama, estime que les deux entreprises ont des valeurs similaires. « Je suis ravi par cette transaction et par l’opportunité qu’elle offre à nos clients, nos producteurs et nos employés », a-t-il fait savoir dans un communiqué.

Decas, qui emploie 90 personnes, deviendra une filiale américaine de Fruit d’or et conservera son nom et sa marque de commerce Decas Farms.

Fruit d’or, une entreprise fondée en 2000 et établie dans le Centre-du-Québec, domine déjà le marché mondial de la canneberge biologique et possède cinq sites de production au Québec. Elle emploie 420 personnes et vient d’investir 17,5 millions pour agrandir et moderniser son usine de Plessisville.

À court terme, Fruit d’or veut digérer son acquisition et continuer de se concentrer sur sa croissance interne. Ses nouvelles activités dans la vente au détail et les neutraceutiques connaissent une bonne croissance et vont continuer de prendre de l’importance.

Fruit d’or a relativement bien traversé la crise du coronavirus, selon son président. « Il y a eu des hauts et des bas, mais les ventes se sont maintenues », a-t-il fait savoir. La libéralisation des échanges commerciaux avec l’Europe a donné un avantage aux producteurs québécois sur les concurrents américains, selon lui.

À moyen terme, les changements climatiques auront une incidence sur la culture de la canneberge, mais le Québec ne sera pas touché en premier, croit Martin Le Moine. « Il y a de la canneberge qui se fait avec de bons rendements au New Jersey », illustre-t-il.

La canneberge au Québec

– 81 fermes – 4 transformateurs – 2168 emplois directs et indirects – 26 % de la production mondiale

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