La moitié des écoles ne seront pas ciblées

Alors que Québec se rapproche de son objectif de vacciner 80 % des jeunes de 5 à 11 ans, la santé publique de Montréal affirme qu’elle ne ciblera que la moitié des écoles de Montréal pour la vaccination « directement à l’école » afin de mieux gérer les ressources disponibles. Le premier ministre Legault fait miroiter un « beau Noël », mais son ministre de la Santé appelle à la prudence.

Vaccination des 5 à 11 ans

Les parents dirigés vers les centres de vaccination de masse

La moitié des écoles de Montréal ne seront pas « ciblées » pour la vaccination « directement à l’école », affirme la Santé publique, qui espère ainsi mieux gérer les ressources disponibles pour vacciner les jeunes de 5 à 11 ans dans la métropole. Le nombre d’établissements autorisés à vacciner les enfants pourrait toutefois augmenter avec le temps, au fil des besoins.

« Au moment où on se parle, c’est environ 50 % des écoles sur le territoire, en moyenne, pour lesquelles on ne prévoit pas faire de vaccination », a confirmé mercredi la PDG du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal et responsable du centre de commandement COVID-19 de Montréal, Sonia Bélanger, en marge d’une conférence de presse.

En entrevue avec La Presse, elle a précisé que la première raison derrière cette décision est « la disponibilité [des] ressources ». « On a terminé la vaccination en CHSLD, en RPA, en HLM et dans les OSBL, mais notre personnel est aussi appelé à faire de la troisième dose. »

« On est dans un contexte où on ne veut pas non plus enlever le personnel des hôpitaux et les envoyer en première ligne. C’est vraiment une question du contrôle des ressources. »

— Sonia Bélanger, PDG du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal et responsable du centre de commandement COVID-19 de Montréal

« Il y a aussi la capacité des écoles à nous recevoir, selon des horaires très précis », ajoute la gestionnaire, en rappelant que la priorité est d’avoir une « action rapide dans nos centres de vaccination de masse, sept jours sur sept », où il y a, selon elle, « une possibilité de rejoindre beaucoup plus d’enfants, avec des processus fluides, sur plusieurs tables et avec plusieurs parcours ».

Reste que chaque CIUSSS aura sa propre approche dans les écoles, où le protocole n’est pas figé, promet-on. « Si ça bouge, on va s’ajuster. Le 50 %, ce n’est pas un chiffre qu’on va garder à tout prix jusqu’à la fin. On va progresser rapidement. Si on est capables d’aller très rapidement dans certaines écoles, peut-être qu’on pourra dégager nos ressources pour aller dans une autre stratégie locale », dit Sonia Bélanger, avant d’ajouter : « l’objectif reste le même : on veut vacciner 80 % des enfants ».

Le tiers des écoles touchées

Selon les plus récentes données de la Santé publique, une école québécoise sur trois – soit 964 sur 2997 – est présentement aux prises avec au moins un cas actif de COVID-19. Depuis la rentrée, ce sont plus des deux tiers des établissements (2068) qui ont eu au moins un cas d’infection.

À Montréal, les autorités recensent actuellement 180 éclosions actives, surtout dans les écoles primaires et les services de garde, pendant que dans les écoles secondaires, où 95 % des jeunes sont vaccinés, le nombre d’éclosions est beaucoup plus faible.

Dans l’île de Montréal, la campagne de vaccination chez les 5 à 11 ans semble toutefois progresser à des rythmes bien différents. Pendant qu’à Mont-Royal et à Westmount, entre 22 % et 24 % des jeunes ont déjà reçu leur première dose, ils ne sont que 3 % à l’avoir eue dans Montréal-Nord. Dans Saint-Léonard, ce chiffre n’atteint que 3,5 %, pendant que dans Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension et Ahuntsic-Cartierville, on parle plutôt de 7 % et 9 % respectivement.

« On va quand même avoir des approches dans des écoles ciblées, dans des quartiers chauds ou défavorisés, où il y a plus de barrières. Mais notre message aux parents, c’est que si vous avez la capacité d’aller dans des centres de vaccination de masse, le plus tôt sera le mieux », a précisé la Dre Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique de Montréal. À ses yeux, ces écarts entre quartiers ne sont pas surprenants, car ils sont similaires à la tendance qui avait été constatée chez les adultes, lors du lancement de la vaccination de la population québécoise, il y a quelques mois déjà.

De son côté, Sonia Bélanger a par ailleurs confirmé mercredi qu’environ 20 000 jeunes de 5 à 11 ans ont jusqu’ici reçu leur première dose dans la métropole, soit 14 % d’entre eux. Près du tiers ont déjà pris rendez-vous, néanmoins. En comparaison, dans la population générale, ce sont 80 % des Montréalais qui sont adéquatement vaccinés.

Alors que le nombre de cas de COVID-19 pourrait bien continuer de monter jusqu’à Noël, la Dre Drouin a aussi réitéré la nécessité d’être prudents à l’approche des Fêtes. Les groupes les plus touchés sont les non-vaccinés, surtout chez les 5 à 11 ans et les 35 à 44 ans. Les quartiers d’Anjou, Saint-Léonard, Pointe-aux-Trembles, Saint-Michel et Côte-des-Neiges sont les plus touchés, avec des taux de positivité de plus de 5 %.

Rassemblements du temps des Fêtes

Legault optimiste, Dubé prudent

Québec — Le premier ministre François Legault paraît plus optimiste que son ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, quant à l’évolution de la pandémie de COVID-19. « Si ça reste dans ces niveaux-là », 1200 cas et 239 hospitalisations, « on va être capables d’avoir un beau Noël et un beau jour de l’An », selon lui.

Il croit que le rythme de la vaccination des 5 à 11 ans augmente les chances de porter à 20 ou 25 le nombre de convives à la maison dans le temps des Fêtes.

Lors d’une mêlée de presse mercredi dans un centre de vaccination de Lévis, il a relativisé la tendance à la hausse du nombre de cas. « C’est beaucoup chez les 5-11 ans. Donc une fois qu’ils vont être vaccinés, on va pouvoir voir le nombre de cas être réduit », a-t-il affirmé. Pour lui, « ça peut juste s’améliorer avec la vaccination des 5 à 11 ans ».

« Très peu de personnes, 239, sont hospitalisées. C’est vraiment sous contrôle », a ajouté le premier ministre, qui qualifie ce nombre de « relativement bas ». Il n’est donc aucunement envisagé de resserrer les consignes sanitaires, selon lui.

Il a souligné que 240 000 enfants de 5 à 11 ans ont reçu une première dose du vaccin ou ont pris rendez-vous. Cela représente une proportion de 37 % de ce groupe d’âge. « Et ça commence dans les écoles. Alors c’est un bon début, un bon lancement », a-t-il soutenu.

Ce « bon lancement » va « aider à avoir une couverture [vaccinale] dans notre société et ça va aider à ce qu’on se donne des chances que pendant le temp des Fêtes, on soit capables d’augmenter à 20-25 le nombre de personnes dans nos maisons ».

« On suit la situation de proche, de jour en jour, le DArruda va nous faire une recommandation. Et je le redis à tous les Québécois : soyez prudents d’ici Noël pour qu’on se donne le maximum de chances d’avoir des moyens partys pendant le temps des Fêtes », a-t-il ajouté.

« On ne veut pas aller trop loin, trop vite »

En matinée, Christian Dubé appelait à la prudence et refusait pour l’instant de soutenir l’idée d’un Noël à 25 convives.

« Le premier ministre, lui, pense à Noël, pense en Québécois comme tout le monde, moi inclus. On a hâte, mais en ce moment, si on ne veut pas aller trop loin, trop vite […], il faut rester prudents. »

— Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

« Je pense qu’il est tout à fait normal – et je n’en ai même pas parlé avec le premier ministre – qu’on ait le goût de retrouver Noël. Je pense que c’est dans ce contexte-là qu’il l’a dit », a poursuivi M. Dubé. « Par contre, de notre côté, ce que j’ai voulu rappeler avec le Dr Arruda, c’est que les mesures actuelles, parfois, on les oublie. » « En ce moment, les partys privés, ce sont 10 personnes, et c’est ça qu’on a voulu rappeler », a encore insisté le ministre de la Santé.

— Avec la collaboration d’Henri Ouellette-Vézina, La Presse

Un sommet pour le bilan

Pendant ce temps, la tendance à la hausse s’est poursuivie mercredi au Québec, alors que la province a rapporté 1196 nouveaux cas de COVID-19 et 2 décès supplémentaires. Il s’agissait d’un sommet depuis la fin de la troisième vague. La dernière fois que le Québec avait atteint la barre des 1200 cas remonte au 21 avril. C’est une augmentation d’environ 28 % du nombre de nouveaux cas par jour, sur une période d’une semaine. On a observé une hausse de 12 hospitalisations ; 239 patients demeurent donc hospitalisés en lien avec la COVID-19, dont 52 aux soins intensifs, une hausse d’un cas. Les hospitalisations sont en hausse de 13 % au Québec depuis sept jours. Même chose aux soins intensifs. Si les cas se concentrent chez les plus jeunes, la hausse des hospitalisations présentement observée est surtout chez les 50 à 89 ans. L’âge moyen des cas est présentement de 30 ans, l’âge moyen des hospitalisations est de 61 ans et l’âge moyen des décès demeure élevé, à 77 ans. Jusqu’ici, 81 % des Québécois ont eu au moins une dose de vaccin et 77,9 % de la population est adéquatement vaccinée.

— Avec Pierre-André Normandin, La Presse

Traçage du variant Omicron

Une approche « plus agressive », promet la Santé publique de Montréal

La Santé publique de Montréal adoptera une approche « plus agressive » avec le variant Omicron, alors que la seule personne positive pour l’instant – un voyageur asymptomatique et doublement vacciné – a été rapidement placée en isolement.

« On va avoir une approche différenciée. Quand on a des cas du variant Delta, on applique les mesures actuelles, alors qu’avec des cas suspects d’Omicron, on va être vraiment dans une approche très suppressive, plus agressive. Tous les contacts, même doublement vaccinés, vont être isolés, et on va avoir un suivi téléphonique très serré », a soulevé mercredi la directrice régionale de santé publique de Montréal, la Dre Mylène Drouin, qui n’envisage pas de transmission communautaire pour le moment ni de contamination résultant de la personne déclarée positive à ce variant.

Si la situation devenait plus urgente, la Santé publique évaluera s’il faut « aussi chercher les contacts de contacts dans certains contextes ». « Si un de ces cas-là a fréquenté un milieu, l’approche dans le milieu va être un peu plus agressive. Ça se peut qu’on ferme des classes », a indiqué la Dre Drouin, saluant à son tour la proactivité des autorités fédérales aux frontières.

« On a rehaussé notre vigie et notre capacité de criblage pour nous permettre d’identifier rapidement les cas suspects d’Omicron. »

— La Dre Mylène Drouin, directrice régionale de santé publique de Montréal

Comme les autorités ne disposent encore que de « très peu d’informations sur les caractéristiques épidémiologiques » de ce nouveau variant, l’angle à adopter en est un « de prudence », soutient l’experte, qui ne semble pas soutenir l’idée d’avoir des rassemblements de 25 personnes à Noël pour le moment, comme l’a évoqué lundi le premier ministre François Legault. « S’il y en a, idéalement, ça prendrait des gens vaccinés, dans des lieux qui permettent une distanciation », s’est-elle limitée à dire.

« Ce n’est pas terminé. On pensait bien qu’avec la quatrième vague, on était sur un plateau. Mais avec le variant Omicron, qu’est-ce que ça sera ? Personne ne peut le prédire », a illustré Sonia Bélanger, PDG du CIUSSS du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal et responsable du centre de commandement COVID-19 de Montréal, à ce sujet.

Cette semaine marquait à Montréal la cinquième semaine de suite où le nombre de cas de COVID-19 « continue de progresser », avec une moyenne de 250 par jour, ce qui est similaire au sommet de la quatrième vague. Dans le réseau montréalais, on compte 100 patients hospitalisés, dont 31 aux soins intensifs. On a déploré six décès dans les sept derniers jours. « Nos plans de contingence sont prêts, le nombre de lits réservés est prêt, on parle d’environ 500 lits qui sont disponibles », a dit Sonia Bélanger.

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