Semaine québécoise de réduction des déchets

Renaissance explore le recyclage des textiles

En 10 ans, la proportion de vêtements, literie et autres textiles retrouvés dans les sites d’enfouissement et d’incinération de la province a doublé, indiquent les données de Recyc-Québec. Afin de « faire partie de la solution », l’organisme Renaissance a lancé, il y a un an, un projet-pilote pour trouver des façons de recycler ou de réemployer ces textiles mal-aimés. Alors que se déroule la Semaine québécoise de réduction des déchets jusqu’à dimanche, La Presse a voulu en apprendre davantage sur les pistes explorées.

Dans les locaux épurés du centre de recherche et d’innovation en habillement Vestechpro trône une intrigante machine comme on en voit peu au Québec : une défibreuse. Depuis quelques mois déjà, le partenaire de Renaissance dans ce projet-pilote, financé en partie par la Ville de Montréal, effectue une série de tests sur différents tissus.

L’objectif de ces recherches ? Trouver une façon de recycler de grandes quantités de vêtements et d’autres produits textiles postconsommation.

« Renaissance a grandi très rapidement dans les huit à dix dernières années et le volume de textile a augmenté », explique son directeur général, Éric St-Arnaud.

Malgré les efforts de son équipe pour donner une seconde vie aux objets dont les gens veulent se défaire, notamment grâce aux 17 friperies de l’organisme, environ 1 % des vêtements recueillis sont jetés. Ça peut paraître peu, mais aux yeux d’Éric St-Arnaud, « il faut quand même trouver une solution ».

Avec la défibreuse, Renaissance et Vestechpro explorent une voie presque inexploitée au Québec : le recyclage mécanique des textiles.

Après avoir enfilé lunettes et masque de protection, Ennouri Triki, chercheur principal chez Vestechpro, met la machine en marche. Sous les vrombissements de la défibreuse, il étale des languettes de tissu sur un petit tapis roulant. Celles-ci disparaissent dans la machine. À l’intérieur, un tambour avec des lames défait le tissu qui se transforme en fibres. Soufflées par la machine, elles traversent un tuyau et se retrouvent dans un grand sac.

« L’idée, c’est de transformer le déchet en son état initial, qui est de la fibre », explique Ennouri Triki.

Pour avoir un produit totalement défait, il faut parfois jusqu’à neuf passages dans la machine, selon le type de tissu, précise-t-il.

Que peut-on faire avec cette fibre recyclée ? Du rembourrage, des textiles non tissés, comme le feutre, ou même du fil, si la qualité du tissu initial le permet.

Puisqu’ils sont encore dans la phase de recherche, Renaissance et Vestechpro n’ont pas établi de débouchés concrets pour le moment.

Avec les produits très disparates qu’ils souhaitent traiter, le fil, qui pourrait servir à faire de nouveaux vêtements, est une option trop complexe. On pourrait toutefois s’imaginer, dans quelques années, retrouver des fibres recyclées provenant de chez Renaissance dans des sofas, des sommiers, des panneaux isolants, des briques décoratives ou du pavé uni, énumère Ennouri Triki.

« Il faut trouver le partenaire qui est prêt à embarquer avec nous dans cette phase de recherche et développement », explique Paulette Kaci, directrice générale de Vestechpro. « Parce que pour arriver au concret, on a besoin d’eux. Il faut connaître leur besoin exact », ajoute Éric St-Arnaud.

Place aux couturières

Le recyclage n’est pas la seule solution mise de l’avant par Renaissance dans ce projet-pilote. D’ici quelques semaines, l’organisme proposera un nouveau parcours d’insertion socioprofessionnelle axé sur la réparation de vêtements. Les gens ainsi formés pourront remettre en état certains articles invendus parce qu’ils ont de légers défauts, par exemple un veston auquel il manque un bouton.

« Il y a une disparition avec les années des couturières au Québec », note Éric St-Arnaud, qui aimerait qu’un jour, les clients de Renaissance puissent y apporter des vêtements à réparer.

Mais au-delà du réemploi et du recyclage des vêtements, la diminution des déchets textiles doit passer par une diminution de la consommation, rappellent les intervenants interviewés.

« Si les gens faisaient le ménage de leur garde-robe, ils auraient peut-être moins besoin d’acheter, parce qu’ils sauraient exactement ce qu’ils ont », suggère Éric St-Arnaud.

Et avant de mettre un vêtement à la poubelle, le directeur de Renaissance invite la population à se poser une question : « Est-ce que je peux le donner ? »

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Nombre de dons recueillis par Renaissance en 2021-2022

Source : Renaissance

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Pourcentage de vêtements parmi les dons recueillis par Renaissance en 2021-2022

Source : Renaissance

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