Qualité des soins aux aînés

Les CHSLD privés veulent un institut « indépendant »

Les CHSLD privés réclament la création d’un « Institut de la qualité des soins aux aînés » qui surveillerait et encadrerait la pratique dans leurs milieux, mais aussi dans tous les CHSLD publics de la province.

« On voudrait un acteur indépendant. Qui pourrait évaluer tous les CHSLD, privés ou publics. Et qui aurait un pouvoir d’intervention », affirme Luc Lepage, président du Conseil des entreprises privées en santé et mieux-être.

Dans un rapport publié mardi, le Collège des médecins, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) et l’Ordre des infirmières et infirmiers auxiliaires du Québec (OIIAQ) ont présenté les résultats de leur enquête menée notamment au CHSLD Herron. Plus de 30 personnes sont mortes dans des circonstances troublantes le printemps dernier dans ce CHSLD privé non conventionné de Montréal.

Les ordres professionnels estiment que Québec doit donner plus de leviers légaux aux établissements de santé pour encadrer les CHSLD privés. Sinon, le gouvernement doit carrément transformer les CHSLD privés en CHSLD privés conventionnés.

Dans un communiqué publié mardi, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a dit que le rapport des ordres professionnels sera « un levier incontournable pour poursuivre les actions visant l’amélioration des soins et services chez nos partenaires privés ». La ministre Blais a déjà annoncé vouloir conventionner une vingtaine de CHSLD privés d’ici deux ans.

« On n’est pas tous des Herron »

Mais pour M. Lepage, transformer les CHSLD privés en CHSLD privés conventionnés n’est pas la bonne solution. « On n’est pas tous des Herron », dit-il. M. Lepage rappelle que durant la pandémie, certains CHSLD publics ont aussi vécu des crises importantes. « Va-t-on recommander de les privatiser ? », ironise-t-il.

Pour M. Lepage, la solution passe par la formation d’un institut indépendant qui veillerait à ce que tous les CHSLD du Québec, qu’ils soient privés ou publics, offrent la même qualité de soins.

Coprésident du groupe Mandala santé, qui possède quatre CHSLD privés, Pierre Bélanger n’est pas contre l’idée de conventionner certains CHSLD privés. Mais il appuie lui aussi la création d’un Institut de la qualité des soins aux aînés. Actuellement, la supervision des CHSLD privés relève des CISSS et des CIUSSS, qui sont « super débordés », affirme M. Bélanger.

Pour lui, la création d’un Institut indépendant avec droit de regard et de sanctions sur tous les CHSLD permettrait d’assurer la qualité des soins dans tous les milieux.

« Ça permettrait de partager les bonnes pratiques. Que l’on travaille au public ou au privé, les exigences de qualité doivent être les mêmes. »

— Pierre Bélanger, coprésident du groupe Mandala

Dans une lettre ouverte, le Conseil des entreprises privées en santé et mieux-être, des médecins et une quinzaine de propriétaires de CHSLD privés disent ne plus vouloir « être les complices silencieux de personnes qui contribuent à discréditer [le] milieu ».

Pour les signataires, l’Institut de la qualité des soins aux aînés pourrait imposer « des critères d’évaluation communs ». « Les endroits qui ne seraient pas conformes aux exigences perdraient tout simplement leur financement ou le droit d’opérer », écrivent-ils. Les signataires plaident aussi pour que le financement soit revu et associé « à la personne et non aux infrastructures ».

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