Genève — Des habitants de Gaza en sont réduits à boire des eaux usées et manger des aliments pour animaux, a dénoncé mardi la responsable régionale de l’OMS, en plaidant pour une augmentation immédiate de l’aide humanitaire au territoire assiégé.
La guerre entre Israël et le Hamas dans l’étroit territoire palestinien a aussi des répercussions sur les soins de santé dans l’ensemble de la région, a mis en garde Hanan Balkhy, directrice régionale de l’Organisation mondiale de la santé pour la Méditerranée orientale, lors d’un entretien avec l’AFP au siège de l’OMS à Genève.
La responsable, qui a pris ses fonctions en février, a aussi souligné l’impact de la guerre sur les enfants à long terme.
À Gaza, « il y a des gens qui mangent désormais de la nourriture pour animaux, de l’herbe, et boivent des eaux usées », a-t-elle affirmé, ajoutant que « les enfants peuvent à peine manger, alors que les camions stationnent à l’extérieur de Rafah », la ville du sud de Gaza.
Le point de passage de Rafah entre l’Égypte et Gaza est fermé depuis le 7 mai par l’armée israélienne. C’était l’un des principaux points d’entrée de l’aide humanitaire depuis le déclenchement de la guerre en riposte à l’attaque sans précédent du mouvement islamiste Hamas sur le territoire israélien le 7 octobre.
L’ONU et des ONG mettent régulièrement en garde contre un risque de famine dans le territoire palestinien assiégé, où des produits entrent au compte-gouttes essentiellement par le passage de Kerem Shalom, en quantité très insuffisante.
L’insécurité liée aux combats et bombardements et les voies de communication souvent encombrées de débris rendent aussi la distribution d’aide très difficile.
Traumatismes
Après une récente visite au point de passage de Rafah, Hanan Balkhy a exhorté Israël à « ouvrir ces frontières ».
Elle est particulièrement frustrée par le fait qu’Israël empêche l’entrée sur le territoire palestinien de matériel médical dont il estime qu’il peut être à double usage, civil et militaire.
« Nous parlons de ventilateurs, de produits chimiques de purification pour purifier l’eau », a-t-elle déclaré.
Elle a rappelé que jusqu’à 11 000 personnes gravement malades et blessées nécessitaient une évacuation médicale de Gaza et étaient pour le moment bloquées sur le territoire.
La semaine dernière, l’OMS a averti qu’il y avait eu un « arrêt brutal » des évacuations médicales depuis qu’Israël a lancé son offensive à Rafah début mai et que davantage de personnes mourraient faute de soins.
— Agence France-Presse