Mali

Édith Blais retrouvée et hors de danger

La famille et les proches d’Édith Blais et de Luca Tacchetto peuvent maintenant cesser de retenir leur souffle. Après 15 mois d’incertitude, la Québécoise et son partenaire de voyage italien pris en otage par des ravisseurs au Burkina Faso ont été retrouvés vivants.

« La famille a très hâte de parler à Édith. » Au bout du fil, David Morin pousse un soupir de soulagement quand il aborde l’éventuel retour au pays d’Édith Blais et de son compagnon. Le codirecteur de l’Observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme violent de l’Université de Sherbrooke s’est lié d’amitié avec la famille de la Sherbrookoise jusqu’ici captive. Il a eu l’occasion de leur parler vendredi soir. « On est tous très heureux », dit l’expert universitaire.

La famille d’Édith Blais était sans nouvelles de la Sherbrookoise depuis le 15 décembre 2018. Cette dernière avait prévu d’aller travailler avec une organisation qui tentait de reboiser des régions du Togo.

Elle voyageait en voiture avec son ami Luca Tacchetto au Burkina Faso lorsque toutes les communications avec leurs familles se sont interrompues brusquement. Jusque-là, Mme Blais publiait régulièrement sur les réseaux sociaux des photos de son périple.

Le duo avait été vu pour la dernière fois à Bobo-Dioulasso, deuxième ville en importance du Burkina Faso, dans le sud-ouest. Ils prévoyaient se rendre dans la capitale, Ouagadougou, avant de traverser la frontière avec le Togo, au sud.

L’entourage de Mme Blais est demeuré optimiste au cours des 15 derniers mois, même si le statu quo des derniers temps leur a fait envisager le pire.

« On gardait bon espoir parce que le groupe en question avait six ou sept autres otages depuis deux ans et qu’on était prévenus qu’il ne donnerait pas signe de vie. »

— David Morin

Les pourparlers annoncés par le gouvernement malien ont ouvert une fenêtre d’opportunité.

Quand la bonne nouvelle est parvenue à la famille d’Édith Blais vendredi, tous étaient fébriles et incrédules, décrit M. Morin. « Vous imaginez l’épreuve que ça représente pour une famille de vivre ça. Et là, le ministre vous appelle et vous annonce que votre fille, votre sœur est hors de danger… »

La mère et la sœur d’Édith sont des femmes résilientes qui ont été engagées dans cette saga jusqu’au bout, poursuit-il.

Hier matin, le ministre des Affaires étrangères du Canada, François-Philippe Champagne, annonçait qu’il venait de parler à Édith Blais et Luca Tacchetto. « Je peux confirmer qu’ils sont en sécurité. Je veux remercier mon homologue malien et le Burkina Faso pour leur coopération. Nous avons hâte qu’Édith revienne au Canada. »

Affaires mondiales Canada n’a pas donné de date de retour précise samedi après-midi.

Fuir ses ravisseurs

On sait encore peu de choses des circonstances qui ont mené à la libération des deux otages. Selon la version officielle transmise par David Morin, ils se seraient enfuis. D’abord vers un véhicule civil, ensuite vers un poste avancé de la Mission intégrée multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Kidal, dans le nord du Mali, d’où ils ont finalement été conduits à Bamako, la capitale du pays.

« Le gouvernement malien a dit qu’il n’avait pas négocié la libération. »

— David Morin

La MINUSMA a publié samedi des photos sur le web où l’on voit le duo tout sourire, notamment avec le chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, qui a escorté les deux ex-otages jusqu’aux autorités maliennes. Plusieurs personnes devaient accueillir Édith Blais et Luca Tacchetto au palais présidentiel, dont l’ambassadeur du Canada au Mali, Michael Elliott.

Il est possible que les ravisseurs les aient laissés partir afin de faciliter les négociations avec les autorités locales, pense David Morin. « C’est une hypothèse qui s’est vérifiée dans d’autres cas semblables. »

La situation au Mali et dans toute la région du Sahel est complexe. La menace que représente l’essor de groupes prêtant allégeance au groupe armée État islamique est bien réelle.

Le groupe qui détenait Édith Blais et Luca Tacchetto n’en fait toutefois pas partie, estime David Morin.

Si les deux voyageurs sont maintenant en sécurité, d’autres personnes sont toujours en otage. Mais cette libération fait renaître l’espoir, pense l’expert universitaire. « Il y a un mois, un otage a été libéré, on présume en échange d’une rançon. Il faut engager des pourparlers dans ce genre de situation. »

« Une chose est sûre, une page dans la vie d’Édith et Luca se tourne, mais leur histoire n’est pas terminée et ils nous la raconteront à leur retour », conclut David Morin.

— Avec La Presse canadienne

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