Santé

Courantes, mais… asymptomatiques

« Excessivement répandus »

« Jamestown Canyon » et « Snowshoe Hare ». Ces deux termes ne vous disent probablement absolument rien. Pourtant, ces deux virus (qui font partie du sérogroupe de Californie) sont « excessivement répandus » au Québec, indique le Dr Jean Longtin, directeur médical au Laboratoire de santé publique du Québec. Selon les enquêtes sérologiques menées au Canada et aux États-Unis, pas moins du quart de la population aurait déjà contracté un virus du sérogroupe de Californie. Des moustiques communs et présents partout en Amérique du Nord et à la grandeur du territoire québécois en sont porteurs. « C’est très fréquent. La raison pour laquelle on ne s’en rend pas compte, c’est que la très, très grande majorité des expositions à ces virus-là entraînent des affections asymptomatiques. »

1/100

Entre 1 personne sur 100 et 1 personne sur 1500 va développer des symptômes (comme de la fièvre, par exemple) après avoir contracté un virus du sérogroupe de Californie. Les autres ne ressentiront rien du tout et n’auront aucune complication. Ni vu, ni su, ni connu.

32 %

Selon une étude publiée en 2012, 32 % des employés de trois parcs nationaux aux États-Unis (Great Smoky Mountains, au Tennessee et en Caroline du Nord, Rocky Mountain, au Colorado, et Grand Teton, au Wyoming) ont des anticorps contre un virus du sérogroupe de Californie, ce qui indique qu’ils l’ont déjà combattu.

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C’est le nombre de virus qui font partie du sérogroupe de Californie, un groupe de virus apparentés découvert il y a 75 ans en Californie. Le virus de l’encéphalite de Californie et les virus La Crosse, Snowshoe Hare, Jamestown Canyon et Trivittatus sont présents en Amérique du Nord. D’autres sont répandus en Europe.

Cinq cas d’encéphalite

Une très, très petite minorité de personnes va cependant développer une maladie neurologique sérieuse après avoir contracté un virus du sérogroupe de Californie. En 2016 au Québec, cinq cas d’encéphalite causée par le virus de Jamestown Canyon ont été recensés, ce qui constitue une « augmentation du nombre de cas », selon un récent appel à la vigilance destiné aux infirmières et médecins de la région des Laurentides, que La Presse a obtenu. Aucun cas n’avait été recensé en 2015 (ni cette année). Les cas recensés en 2016 l’ont été dans les régions de la Capitale-Nationale, de la Mauricie–Centre-du-Québec, de l’Estrie et de la Montérégie. Deux autres cas de myosite (inflammation des muscles) associés au virus de Jamestown Canyon sont survenus dans la région de Québec.

« Vigie rehaussée »

Comme les virus du sérogroupe de Californie sont peu connus, les médecins sont peu enclins à demander des tests de dépistage en laboratoire, constate le Dr Longtin, microbiologiste-infectiologue. L’an dernier, une trentaine de demandes de détection seulement ont été acheminées au Laboratoire de santé publique du Québec. C’est pour avoir une meilleure idée de la réelle incidence de la maladie au Québec que le Laboratoire mène un projet pilote cet été, conjointement avec le ministère de la Santé. Jusqu’au 31 octobre, les demandes d’analyse acheminées au Laboratoire pour le virus du Nil occidental (qui présente des symptômes similaires) qui s’avèrent négatives seront aussi testées pour les virus de Snowshoe Hare et de Jamestown Canyon. Cette « vigie rehaussée » permettra de « mieux suivre l’évolution de ces maladies », indique Noémie Vanheuverzwijn, des relations de presse du ministère de la Santé et des Services sociaux. « De plus, lorsque les médecins vont faire face à une encéphalite, l’objectif est qu’ils demandent aussi un test pour les virus du sérogroupe de Californie, et pas seulement pour le virus du Nil occidental », précise-t-elle.

1961

Le virus de Jamestown Canyon a été isolé pour la première fois aux États-Unis en 1961 dans un bassin de moustiques recueillis dans le Jamestown Canyon, au Colorado. Au Québec, la maladie humaine causée par le virus du Snowshoe Hare a été observée dès 1978.

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