Un beau grand bateau
La Presse
Combien de rockers québécois ont un parc baptisé en leur honneur ? Samedi soir, dans le parc Gerry-Boulet du Vieux-Saint-Jean, Justin Boulet a donné un spectacle à la mémoire de son célèbre père, emporté par le cancer à cette même date, le 18 juillet, il y a 25 ans.
Pour l’occasion, quelques milliers de Joannais de tous âges s’étaient rassemblés dans cet agréable coin de verdure de la rive gauche du Richelieu, attenant à la Marina et au Collège militaire, l’ancien parc Laurier rebaptisé en l’honneur du chanteur en 2011, à l’occasion de la sortie du film
.Après la courte allocution du maire (le spectacle était un « cadeau » de la Ville) et la toujours douloureuse intervention du gars de la radio – « Êtes-vous en forme ? » Oui, on était correct jusqu’à ce que tu te mettes à crier, Toto… –, le show s’est mis en marche avec
, le premier titre de l’album , microsillon et spectacle rock de l’année au gala de l’ADISQ de 1989. Le seul véritable succès solo, d’ailleurs, de l’ancien leader d’Offenbach, groupe phare du rock québécois, peu présent samedi tant dans la musique que dans les interventions de Justin Boulet. Choix artistique, économique, politique ? Quoi qu’il en soit, 30 ans après la dissolution du groupe, Offenbach, le nom et ses titres, semblent toujours être l’objet de réserves et de tiraillements sinon de chicane.Entre-temps,
constitue la trame de ce spectacle « familial » conçu par Justin Boulet qu’accompagnent huit musiciens très à l’ordre, dont deux excellents guitaristes.sera repris le mardi 11 août à l’International des montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu, où se produiront par ailleurs des stars de la pop telles Meghan Trainor et Shawn Mendes.
, la chanson d’éternité écrite par Michel Rivard et où Justin Boulet a sérieusement manqué de gaz samedi, avec une Marjo encore en voix, reprise en chœur par la foule qui attendait un coup dans la face qui est venu quand Steve Hill, un grand guitariste, s’est joint au band pour .
Justin Boulet l’a bien livrée même s’il n’est pas le coyote qu’était son père, ni même un jeune loup hurlant : il a 44 ans, l’âge qu’avait Gerry Boulet à sa mort, en 1990.
Brian Mulroney est le premier ministre du Canada et Robert Bourassa (1933-1996), celui du Québec ; Jean Chrétien devient chef du Parti libéral du Canada. C’est l’année du désaccord du lac Meech, de la crise d’Oka et de la fondation du Bloc québécois par Lucien Bouchard, un parti dont Gilles Duceppe, qui vient d’en reprendre les rênes, est le premier député élu.
Les films
, de Pierre Falardeau, et , de Denys Arcand, sortent à l’hiver ; à l’automne arrivent sur les ondes de Radio-Canada les téléromans et , qui marqueront l’histoire de la télé québécoise.En octobre, l’ADISQ décerne son Félix Hommage à Gerry Boulet à titre posthume, pour la seconde fois, sauf erreur, la première pour Gilles Talbot en 1982. Au même gala, Céline Dion refuse le Félix de l’artiste anglophone de l’année, une affaire qui fera grand bruit. Gerry et Céline, deux des rares artistes québécois connus par leur seul prénom…
Voyons un peu qui des lauréats de cette année-là, outre Céline Dion, sont « toujours vivants » sur scène…
Interprètes de l’année en 1990 : Joe Bocan s’est recyclée dans la radio, mais Mario Pelchat mène de front des carrières de chanteur et de producteur. Depuis quelques années, on a peu vu Laurence Jalbert, découverte de l’année, et Johanne Blouin, lauréate du Félix de l’album pop de l’année.
Pour marquer le 25
anniversaire de leur formation, Les B.B., groupe de l’année (et album rock) 1990 qu’on a revu aux récentes FrancoFolies, donnent plusieurs spectacles cet été (ils sont au Festival western de Saint-André-Avellin demain) tandis que Rock et Belles Oreilles, spectacle d’humour de l’année 1990, viennent de faire deux fois le Centre Bell.Des autres lauréats d’un Félix pour un album de l’année, Daniel Lavoie (pop rock), Angèle Dubeau (classique) et les trois musiciens d’UZEB (jazz) – Michel Cusson, Alain Caron et Paul Brochu – sont encore tous actifs dans la musique, tout comme Florent Vollant, l’ancien de Kashtin qui avait gagné dans la catégorie country folk.
La chanson de l’année 1990 ?
, paroles de Denise Boucher, qui était au palmarès quand Gerry Boulet, qui s’était donné à la scène jusqu’au bout de ses forces, a pris le dernier bateau. C’est bien de sa faute si on se parle encore de lui dans son parc…Lanaudière – Le quintette manitobain The Duhks (samedi) et le super-banjoïste torontois Jayme Stone (dimanche) sont les têtes d’affiche du 21
festival Mémoire et racines qui s’ouvre vendredi à Saint-Charles-Borromée (Joliette).Estrie – Le pianiste John Roney reprend à sa façon le célèbre Köln Concert de Keith Jarrett, enregistré en 1975 et devenu le concert de piano solo le plus populaire de l’histoire ; samedi au Centre d’arts Orford.