Planète bleue, idées vertes

Vers des batteries plus vertes

L’Agence internationale de l’énergie a annoncé devoir multiplier par six la production de minerais et métaux dans les 30 prochaines années, et espère l’atteinte de la « carboneutralité » en production de batteries en 2050. Dans l’Union européenne (UE), les entreprises doivent participer activement à la collecte des batteries de leurs produits, pour faciliter leur recyclage. Une piste à suivre ?

« Les matières utilisées actuellement dans les batteries sont principalement des métaux. Ils doivent être extraits, purifiés, transformés. Ces méthodes posent des limites économiques et environnementales », explique Dominic Rochefort, professeur au département de chimie de l’Université de Montréal.

Pour limiter l’impact environnemental des batteries, le chercheur nomme trois solutions possibles : le recyclage, l’extraction par utilisation d’énergies renouvelables et la création de batteries utilisant la biomasse.

Ces solutions sont à l’origine de différentes politiques à l’échelle internationale. En tête de liste des acteurs du verdissement, l’Europe. Plus loin dans le peloton, le Canada.

Le changement européen

Pour faciliter le « verdissement des batteries », l’Union européenne (en accord avec ses États membres) a parié en décembre sur la mise en place d’une politique circulaire. L’UE mise notamment sur l’information pour mettre en avant la durée de vie des batteries ainsi que leur empreinte carbone. Cette empreinte sera calculée sur toute la « vie de la batterie », de l’extraction de ses composants au recyclage, et donnera lieu à une limite dès 2027. Autre mesure : les entreprises devront participer activement à la collecte des batteries de leurs produits pour faciliter leur recyclage.

En plus de favoriser une production plus verte, cette politique devrait rendre plus compétitive l’industrie européenne, qui vise 25 % de la production mondiale en 2030 contre 3 % en 2020, selon l’Agence France-Presse.

Ce marché est plus développé au Canada. Le pays serait le deuxième producteur de batteries, derrière la Chine, selon la société de recherche BloombergNEF. Un bilan possible grâce à la présence de nombreux minéraux sur le territoire : graphite, nickel, aluminium, cuivre, lithium…

Une extraction verte au Canada ?

En plus de posséder les bons matériaux, le Canada – et plus spécifiquement le Québec – dispose de suffisamment d’énergie pour permettre leur extraction. « Pour le verdissement, on peut aussi faire en sorte que l’énergie utilisée lors de l’extraction, de la transformation, tout au long du processus, soit renouvelable. Le Québec est bien placé pour cela, car l’électricité utilisée est d’origine renouvelable », souligne Dominic Rochefort. Les 94 % d’énergie produite par les centrales hydrauliques – selon le gouvernement du Québec – permettraient déjà de verdir la production de batteries.

Mais existe-t-il une politique canadienne à l’image de celle en Europe ?

En novembre dernier, lors du Congrès Québec Mines + Énergie, Recyc-Québec a dévoilé son étude sur le verdissement des batteries. L’organisme affirme vouloir soutenir le développement de centres techniques et de formations visant à mieux connaître les batteries, leur fonctionnement et leur entretien. Cette politique implique aussi « la mise en place d’une filière complète de fabrication, récupération et recyclage de batteries au Québec afin de favoriser l’économie circulaire ».

Malgré sa place sur le marché, le Canada n’a pas de politique fédérale sur les batteries. « Il manque probablement un alignement entre les provinces pour définir, comme en Europe, des seuils réalistes de verdissement des batteries au Canada », note Mickaël Dollé, professeur du Laboratoire de chimie et de l’électrochimie des solides à l’Université de Montréal.

Batterie à la biomasse 

Un autre problème demeure : les minerais sont en quantité limitée. Si le recyclage des composants usagés répond partiellement à ce problème, les recherches de l’équipe de l’Université de Montréal – les professeurs Hélène Lebel, James Wuest et Dominic Rochefort – se concentrent sur une solution plus pérenne, soit la création de batteries utilisant la biomasse. « Notre objectif est de développer des matières actives qui sont organiques, c’est-à-dire qui sont des molécules produites sur la croûte terrestre », explique Dominic Rochefort.

« Les batteries utilisant essentiellement la biomasse sont encore au stade du développement dans les laboratoires de recherche, mais il existe également quelques start-up qui se sont créées autour de ce projet, note quant à lui Mickaël Dollé. Ces batteries ne viseront pas les mêmes marchés que les batteries actuelles. Elles ne présentent pas les mêmes performances et toucheront donc des applications différentes. »

Interrogé à ce sujet, Recyc-Québec annonce vouloir créer une REP, une filière à responsabilité étendue du producteur, pour soutenir les initiatives de ce genre. « Cela favoriserait l’écoconception et le financement de la recherche et du développement de filières de réemploi et de recyclage », explique sa conseillère en communication. Ces initiatives restent tout de même au stade de projet.

45 %

En Europe, le taux de reprise des batteries portables par les entreprises qui les incluent dans leurs produits devra atteindre 45 % du total dès 2023, et jusqu’à 73 % d’ici 2030.

51 %

Pour les batteries des vélos et scooters, le taux minimal de collecte s’élèvera à 51 % d’ici 2028, dans l’Union européenne.

— Agence France-Presse

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