Autosuffisance alimentaire du Québec

Du champ au panier

Ils s’étendent à perte de vue, de chaque côté des routes de campagne. Qu’est-ce qui pousse dans les champs du Québec ? Dans quelle mesure la production agricole répond-elle à la demande locale ? Quelques données sur le sujet.

Ce qu’on produit, ce qu’on mange

Pour mesurer l’autosuffisance du Québec en alimentation, les analystes ont recours à plusieurs indices… dont aucun n’est parfait. Celui-ci, utilisé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), compare la « consommation apparente » des Québécois et la production locale.

Un ratio supérieur à 1 signifie que la production excède la demande – c’est le cas évidemment du sirop d’érable, un important produit d’exportation. La « consommation apparente » est une donnée compilée par Statistique Canada qui évalue la disponibilité d’un aliment au pays (pas spécifiquement au Québec).

La production excédentaire, quant à elle, ne comble pas nécessairement tous les besoins des consommateurs. Par exemple, malgré une production qui excède largement la demande, de la viande de porc est importée pour répondre à la demande de certaines coupes, comme les côtes levées. Même chose pour les pommes, dont plusieurs variétés demandées ne poussent pas (ou peu) dans les vergers de la province.

À propos de la souveraineté alimentaire au Québec

« Je ne crois pas qu’on ait encore fondamentalement changé les choses depuis 2020. La population est davantage consciente que les chaînes d’approvisionnement en alimentation sont peut-être beaucoup moins solides qu’on aurait pu le penser. L’abondance qu’on voit dans les supermarchés est, à bien des égards, illusoire. On a vu qu’avec une pandémie, tout peut rapidement devenir précaire. L’inflation montre également que cette dépendance aux chaînes mondiales peut devenir très coûteuse. On en est encore aux balbutiements de l’ancrage de la sécurité alimentaire dans les politiques agricoles. Il y a des énoncés de principe, comme la volonté d’obliger les cantines publiques à s’approvisionner auprès des producteurs québécois, ou le morcellement des terres agricoles pour permettre l’établissement de fermes plus petites. Mais ça va prendre une volonté politique beaucoup plus forte. »

— Sébastien Rioux, professeur adjoint au département de géographie de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie politique de l’alimentation et du bien-être

Ils occupent le champ

Qu’est-ce qui pousse dans ces champs qui s’étendent au loin ? Beaucoup de maïs, évidemment, mais aussi des légumes dont on ne soupçonne pas toujours la présence aussi importante, comme les pois verts. Quiconque a semé des pois dans son jardin le sait : le plant prend beaucoup, beaucoup d’espace pour produire ses petites billes vertes.

Superficie récoltée en hectares, 2021

Légumes

(superficie récoltée, en hectares, en 2021, en excluant la pomme de terre)

1. Maïs sucré : 6378

2. Pois verts : 3548

3. Haricots verts et jaunes : 3406

4. Carottes : 3353

5. Laitue : 2792

Fruits

(superficie récoltée, en hectares, en 2021)

1. Bleuets : 31 921

2. Pommes : 5281

3. Canneberges : 4833

4. Fraises : 2137

5. Raisins à vin : 845

Grandes cultures

(superficie récoltée, en hectares, en 2021)

1. Foin cultivé : 631 400

2. Soya : 371 000

3. Maïs-grain : 357 100

4. Blé : 95 200

5. Maïs à ensilage : 73 400

Le cas du maïs

Il colonise les champs à perte de vue et produit beaucoup (beaucoup !) plus d’épis que n’importe quel amateur d’épluchette de blé d’Inde ne pourra jamais manger… Parce que, justement, dans la très grande majorité des cas, le maïs qui est cultivé est du maïs-grain, une variété consommée par les animaux d’élevage, comme le maïs à ensilage, d’ailleurs. L’été dernier, 3,4 millions de tonnes de maïs-grain ont été produites au Québec, soit 53 fois plus que le maïs sucré.

Production 2021, Québec, tonnes métriques

Maïs-grain : 3 419 125

Maïs à ensilage : 2 833 644

Maïs sucré : 63 877

Maïs-grain

Distribution de la production québécoise de maïs-grain 2018

Alimentation animale  

2 700 000

Transformation industrielle (éthanol, etc.) 

440 000 tonnes

Alimentation humaine  

80 000 tonnes

(dont 50 000 pour une usine de spiritueux)

Les poids lourds

S’il fallait mesurer la productivité des champs par le nombre de tonnes d’aliments produites par hectare, les oignons, les carottes, les canneberges et les pommes pèseraient lourd dans le panier.

Légumes

(production commercialisée, en tonnes métriques, en 2021, en excluant le maïs sucré et les légumes de serre)

1. Oignons : 113 042

2. Carottes : 112 785

3. Choux : 80 321

4. Laitues : 69 402

5. Betteraves : 25 013

Fruits

(production commercialisée, en tonnes métriques, en 2021)

1. Canneberges : 99 418

2. Pommes : 95 982

3. Bleuets : 16 143

4. Fraises : 13 419

5. Raisins à vin : 2825

Grandes cultures

(production, en tonnes métriques, en 2021)

1. Maïs-grain : 3 419 125

2. Foin cultivé : 3 255 500

3. Maïs à ensilage : 2 833 644

4. Soya : 1 101 708

5. Blé : 344 818

La championne des poids lourds

Pomme de terre (superficie)

735 545 

tonnes

18 841 

hectares récoltés

Sources : Statistique Canada, MAPAQ

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