Voyage Plein air

La valeur des arbres

Les adeptes de plein air constatent régulièrement l’importance des arbres. Même si ceux qui demandent d’être convaincus sont rares, il existe des outils qui démontrent sans aucun doute leur très grande valeur.

Ce sont ces outils qu’a utilisés Habitat pour comptabiliser les services écosystémiques fournis par les arbres du parc Jean-Drapeau.

La séquestration de carbone associée à ces arbres représente 12 744 $ par année, alors que l’amélioration de la qualité de l’air représente une somme de 50 771 $. Les arbres du parc Jean-Drapeau permettent également de limiter l’eau de ruissellement, un service d’une valeur de 4720 $. On parle donc de services systémiques de 68 236 $ par année pour un total de 16 963 arbres.

« L’idée première, c’était d’informer les gens et de les sensibiliser au sujet des bénéfices que les arbres nous apportent », indique Fanny Maure, directrice des communications chez Habitat. « Ça semble assez évident dans notre paysage urbain, mais on ne s’en rend pas toujours compte. Si on a quelque chose à faire disparaître pour faire de la construction, ce sont les arbres qui vont sauter.

« [Les forêts naturelles] ont une diversité naturelle. Elles présentent des habitats qui sont là depuis des années, rappelle Mme Maure. La nature fait toujours mieux les choses, on ne recrée jamais aussi bien le milieu naturel une fois qu’on l’a détruit. Ça donne de très bons arguments pour aller cogner aux portes des politiciens. »

Ce sont trois universitaires spécialisés dans les sciences naturelles, les professeurs Jérôme Dupras, Andrew Gonzalez et Christian Messier, qui ont fondé Habitat, en 2017, pour répondre à diverses requêtes de municipalités, d’institutions gouvernementales ou d’organisations sans but lucratif au sujet de la gestion et de la conservation des milieux naturels.

C’est ainsi que le parc Jean-Drapeau a voulu connaître la valeur des services écosystémiques de ses arbres.

Rayonnement métropolitain

« Au parc Jean-Drapeau, on a la réputation d’être un grand site événementiel avec une vocation récréotouristique, mais, avec le nouveau plan directeur notamment, on veut retravailler notre positionnement et assumer le fait qu’on est un grand parc public urbain », affirme Kaven Gauthier, responsable des relations publiques au parc. « On veut démontrer, par cette étude, comment les arbres du parc Jean-Drapeau offrent de nombreux bénéfices au bien-être des citoyens de la grande région métropolitaine. »

Il fait remarquer que dans le domaine du développement durable, on utilise de plus en plus de comparatifs pour rendre tangible l’effet socioéconomique de la nature et de la biodiversité. Le rapport d’Habitat accorde ainsi une valeur pécuniaire aux services écosystémiques des arbres, qui dépendent évidemment des espèces en cause, de l’âge des arbres et de l’endroit où ils sont placés.

On utilise différentes formules pour calculer cette valeur : un certain montant pour chaque tonne de carbone séquestré, un autre pour chaque kilogramme de polluants absorbés par les stomates et le feuillage de l’arbre, ainsi que le coût de traitement de chaque mètre cube d’eaux de ruissellement évité.

« Ça permet de ramener les arbres au même rang que les infrastructures dans les villes et de se dire : “Ma station d’épuration me permet de filtrer tant d’eau, mon arbre me permet de filtrer tant d’eau, donc finalement, il vaut mieux planter plus d’arbres que de construire plus d’usines d’épuration.” »

— Fanny Maure, directrice des communications chez Habitat

Elle note que ce n’est pas une science exacte et que certains facteurs sont difficiles à comptabiliser, comme le bien-être de la population. « Ça se fait quand même, précise-t-elle. Aux États-Unis, ils ont fait des études lorsque le pays a été frappé de plein fouet par l’agrile du frêne. Ils ont vu un nombre vraiment gigantesque de maladies cardiovasculaires et respiratoires dû au fait qu’on a abattu beaucoup de frênes, des rues entières, des parcs entiers. »

Diversifier les espèces

Cette catastrophe a d’ailleurs montré l’importance de diversifier les espèces d’arbres, non seulement pour prévenir les ravages de la maladie, mais aussi pour bénéficier des forces et des faiblesses de chaque espèce. Certaines séquestrent davantage le carbone, mais supportent mal la sécheresse qu’on associe aux îlots de chaleur.

« Vaut mieux planter un peu de tout, aller chercher des espèces assez différentes en matière de caractéristiques biologiques », souligne Mme Maure.

Au parc Jean-Drapeau, on a planté 379 arbres en 2021 et on poursuivra sur cette lancée.

« Notre objectif est d’augmenter de 30 % la canopée du parc au cours des 10 prochaines années, indique Kaven Gauthier. Il y a un programme fédéral qui vise la plantation de 1 milliard d’arbres au Canada : on va s’inscrire là-dedans pour essayer d’obtenir une part de ce milliard chez nous. »

En attendant ces nouveaux arbres, une carte interactive sur le site internet d’Habitat permet de visualiser les arbres qui sont déjà à l’œuvre pour améliorer la qualité de l’air dans la région de Montréal.

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