Marianne St-Gelais

Retour aux sources

« Je veux que mon beat de vie soit un peu plus lent et être plus disponible pour les gens que j’aime. »

Semble-t-il qu’on peut sortir la fille du Saguenay–Lac-Saint-Jean, mais qu’on ne peut pas sortir le Saguenay–Lac-Saint-Jean de la fille. Marianne St-Gelais a fait ses au revoir à la métropole, la semaine dernière. Elle est maintenant de retour dans son patelin. Pour de bon.

Pour tout dire, ce n’était qu’une question de temps avant que la triple médaillée olympique en patinage de vitesse sur courte piste ne retrouve sa région natale. « J’ai tout le temps su que j’allais retourner en région. Je ne savais juste pas quand », laisse-t-elle entendre au bout du fil en direct d’Arvida, à Saguenay.

C’est à l’automne 2021 que la cloche a sonné. « Mais qu’est-ce que je fais encore ici [à Montréal] ? Qu’est-ce qui me retient ? », s’est-elle demandé.

L’ex-olympienne avait 17 ans quand elle a quitté la ville de Saint-Félicien. Elle a vécu de son sport, à Montréal, pendant de nombreuses années. Depuis sa retraite, en 2018, elle « surfe sur les opportunités » qui se présentent à elle. Les projets ont été nombreux ; elle a notamment lancé sa biographie en 2020.

« Je suis vraiment chanceuse, dit-elle. Le sport m’a amené une belle visibilité. J’ai vraiment vécu de super affaires, mais je me suis dit : j’ai vécu ce que j’avais à vivre, mais je suis surtout allée au bout de ce que j’avais envie de faire.

« Je me suis aussi rendu compte que je n’ai peut-être pas envie d’avoir une carrière dans les médias aussi grande que ce que je me suis fait beaucoup vendre. »

Précision : St-Gelais aime œuvrer dans le milieu médiatique. Pour preuve, elle animera pour la prochaine année l’émission du matin en semaine de 5 h 30 à 8 h 30 à Rythme 98,3, à Saguenay. Avec « son monde ».

« Finalement, ce n’est pas tant l’attention du public qui me nourrit, ce sont les gens que j’aime, laisse-t-elle tomber. Là, ça fait trop d’années que je les néglige. Les bébés poussent autour de moi. Je suis une tante très absente, j’ai des parents qui vieillissent. Je manque un bout de vie des gens que j’aime le plus et qui m’ont soutenue depuis le début. »

La femme de 32 ans a annoncé la nouvelle à ses parents aux environs de Noël. Elle a récemment vendu son condo. Et la voilà depuis quelques jours à Saguenay, où elle aimerait éventuellement se faire construire. Son copain, originaire de Québec, l’a rejointe jusqu’à ce qu’il commence sa saison de hockey. Autrement, elle est accompagnée de son chien, Robin.

« Je suis rendue là »

St-Gelais n’est donc plus entraîneuse au Centre régional canadien d’entraînement (CRCE), où elle encadrait la relève du courte piste depuis près de deux ans.

Pour l’instant, elle n’a pas l’intention de se joindre à un club du Saguenay. Mais elle connaît certains entraîneurs et elle sait que, si l’envie lui prend de retourner sur la patinoire, la porte est ouverte. Elle compte d’ailleurs garder son certificat d’entraîneuse actif.

« Je vais toujours rester près de mon sport. Même quand ma gang de Montréal va venir faire des compétitions en région, je vais aller la voir. Mon sport, je l’aime d’amour. »

— Marianne St-Gelais

Il demeure que ce sport a nécessité bien des sacrifices au fil des années. L’éloignement de sa famille est le principal. St-Gelais mentionne notamment son frère six ans plus jeune qu’elle.

« J’ai l’impression que je me suis réveillée un matin, je suis arrivée chez nous pour les Fêtes, j’ai vu mon frère qui était rendu un homme. Il était plus grand que moi, avait la grosse voix rauque. […] Mon petit frère a eu 11 ans, puis ensuite il a eu 16. J’étais dans ma bulle, mon monde, mes affaires, et j’ai raté ça. »

« La vie a avancé pour moi, mais pour les autres aussi », ajoute-t-elle.

Quand sa sœur a accouché de son premier enfant, en 2016, Marianne était à l’aréna pour un entraînement. Elle a gardé son cellulaire près d’elle, sur la bande, afin de faire un FaceTime dès que la petite Livia verrait le jour. Elle est d’ailleurs marraine de la fillette, aujourd’hui âgée de 6 ans. Et sa sœur accouchera bientôt de son deuxième enfant. « Je vais être là ! », s’exclame St-Gelais.

L’ex-patineuse ne regrette en rien son parcours. Elle a fait des choix, comme tout le monde. Des choix qui lui ont réussi, d’ailleurs, elle qui a pris part aux Jeux olympiques de 2010, 2014 et 2018.

En résumé, le moment est maintenant venu pour Marianne St-Gelais de penser à… Marianne St-Gelais. « Je suis rendue là dans ma vie. J’ai envie d’être dans ma nature, avec mes gens, de retrouver ces racines-là qui ont tout le temps été là, mais qui sont rendues un peu trop loin. »

Et puis, la région sera l’endroit parfait pour, peut-être, fonder une famille.

« J’ai envie d’offrir à mes enfants ce que moi j’ai reçu. On ne peut jamais rien contrôler, mais je me suis dit : la décision que je peux prendre, c’est d’être au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Après ça, on verra. »

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