Nouveaux visages, même identité
Grand cas a été fait des nouveaux visages du Canadien, et mis à part peut-être Brandon Baddock, tous les nouveaux venus ont fait l’objet d’une couverture approfondie.
Mais force est de constater que malgré l’arrivée d’une demi-douzaine de joueurs, l’identité du Tricolore a plus ou moins changé. L’équipe est simplement mieux nantie pour montrer cette identité.
C’est ce qui a paru dans la défaite de 5-3 du CH, samedi, contre les Maple Leafs de Toronto, au Centre Bell.
Depuis la réinitialisation de l’été 2018, il est assez clair que le Canadien connaît ses meilleurs moments à cinq contre cinq. En avantage numérique, les formules se suivent et aboutissent au même résultat. D’ailleurs, depuis le début de la campagne 2018-2019, Montréal est 28e avec l’avantage d’un homme. On a senti une légère amélioration en début de saison, mais voilà que les hommes de Claude Julien n’ont eu que quatre supériorités numériques dans les quatre derniers matchs.
Le Tricolore ne compte pas dans ses rangs de ces talents supérieurs qui peuvent faire fonctionner à eux seuls un avantage numérique, ou qui peuvent changer l’allure d’un match en une ou deux présences. Cette équipe est construite sur quatre trios bien équilibrés, parce que justement, personne ne ressort à ce point du lot, bien que Nick Suzuki ait le potentiel de devenir un attaquant de cette trempe.
Claude Julien l’a d’ailleurs expliqué, plus tôt cette semaine, dans une défense passionnée du système qu’il a mis en place. « Si vous me donnez Connor McDavid, moi aussi, je vais lui donner 20 minutes par match ! Je ne suis pas différent des autres entraîneurs, mais notre équipe n’est pas construite de cette façon. »
Mais à cinq contre cinq, le CH demeure redoutable, notamment grâce à cet équilibre. Encore samedi, l’équipe a eu l’avantage 3-2 aux buts marqués, et 11-7 aux chances de marquer, selon les chiffres de Natural Stat Trick. C’est à forces égales que l’on a vu le Canadien exploiter sa vitesse, et profiter des éléments adverses qui en connaissaient une moins bonne. Les trios de Nick Suzuki, Jesperi Kotkaniemi et Jake Evans ont tour à tour eu leurs moments.
Depuis le début de la saison, Montréal a inscrit 36 buts à cinq contre cinq, et en a accordé 21. Ce ratio de 63 % est le meilleur de la LNH. Rien de moins.
« À cinq contre cinq, on a fait ce qu’on voulait faire, a souligné Paul Byron, après la défaite. Ils n’ont pas besoin de tonnes de chances avec les joueurs de talent qu’ils ont. On sait à quel point ils sont dangereux. »
Le phénomène Matthews
Le problème, c’est que les Maple Leafs en ont un, McDavid, eux. Leur McDavid s’appelle Auston Matthews, et il vient avec un type du nom de Mitch Marner, qui sait généralement quoi faire avec une rondelle.
Matthews est un phénomène en ce début de saison. Il compte maintenant 18 buts en 18 matchs, et à le voir aller, sachant qu’il va revoir les poreuses défenses d’Ottawa et de Vancouver cette saison, on peut se demander si le 50 en 50 sera à sa portée. Mais on s’égare…
Bref, quand le Tricolore ouvre le moindrement la porte à des adversaires de cette trempe, le résultat est prévisible. En se voyant imposer, par exemple, une sixième pénalité cette saison pour avoir dégagé la rondelle dans les gradins, le CH a ouvert la porte. L’équipe s’est sortie du jeu à cinq contre cinq, et a donné des occasions à un joueur qui n’en demandait pas tant.
Le tout dans un contexte où Carey Price et Phillip Danault ne connaissent pas leurs meilleurs moments. Or, s’il y a deux joueurs qui sont essentiels aux succès du CH en désavantage numérique, ce sont eux. Les deux ont d’ailleurs une part de responsabilité en ce qui concerne le deuxième but de Matthews.
« Ce ne sont pas tant les pénalités que la façon dont on les a écoulées, a rappelé Julien. Mais les pénalités, la rondelle par-dessus la baie vitrée, ça nous a mis à cinq contre trois et c’est une erreur coûteuse. On avait bien joué jusqu’à ce qu’ils marquent le but avec une seconde à la punition. Sur le deuxième but, on sort la rondelle, mais pas à l’autre bout. C’est un broken play, et rapidement c’est 2-0. Ce sont surtout les erreurs mentales qui nous ont fait mal. »
La bonne nouvelle pour les Montréalais, c’est que le prochain rendez-vous avec Matthews et compagnie n’est que le 7 avril. Ça donne beaucoup de temps au Canadien pour retrouver de la discipline, beaucoup de temps aussi pour que Matthews dérougisse quelque peu.