Une vague de chaleur frappe Montréal

Une chaleur intense touche jusqu’à mardi la région métropolitaine. Dimanche, les Montréalais ont été nombreux à troquer le parc pour la plage, dans le respect des consignes sanitaires. Des experts préviennent que de telles chaleurs extrêmes seront de plus en plus fréquentes et qu’il faudra apprendre à s’y adapter.

Pas de débordement à la plage

Oka – Armés de parasols, de maillots de bain et de glacières, de nombreux résidants de la région de Montréal ont passé la journée de dimanche les deux pieds dans le sable. Sous un soleil tapant et une température de plus de 30 °C, les gens ont visiblement respecté les mesures sanitaires sur les plages, à la veille du passage de Montréal en zone orange.

Les plages ont permis à plusieurs de composer avec la vague de chaleur qui a touché la région métropolitaine, marquant le début d’une canicule qui s’échelonnera jusqu’à mardi. La température ressentie, avec le facteur humidex, a monté jusqu’à 37 degrés dimanche. Il faisait 31,4 °C au thermomètre.

Sur le coup de 9 h, une importante file de voitures s’est formée afin d’accéder à la plage d’Oka. Le stationnement s’est rempli aussi rapidement que s’est effectuée l’installation de serviettes de plage multicolores sur le sable.

Les jeunes et moins jeunes ont bénéficié de la journée malgré la chaleur accablante. Certains érigeaient des châteaux de sable, alors que d’autres préféraient la baignade ou se réfugiaient sous l’ombre des arbres pour déguster un repas et un cocktail estival.

Les sportifs jouaient également au ballon, alors que plusieurs personnes s’offraient une séance de bronzage après s’être badigeonnées de crème solaire.

« Ça fait du bien, se baigner surtout ! » lance Romain Allamargot, de Boucherville, qui a profité de la journée ensoleillée avec sa conjointe et un couple d’amis. Sur leur table de pique-nique à l’ombre, de la fumée se dégageait d’un petit barbecue où cuisaient des brochettes.

Son ami Simon Rousseau et sa conjointe ont accueilli avec bonheur les assouplissements des mesures sanitaires. « Avec l’été qui arrive, la vaccination qui augmente, ça fait plaisir de retrouver un peu plus de liberté », a-t-il dit.

Le calme après la tempête

Le 19 mai, la plage d’Oka avait été aux prises avec un groupe de fêtards qui s’étaient moqués de la distanciation physique. Ils avaient laissé une quantité importante de déchets sur les lieux. Le jour suivant, la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), qui gère la plage, avait dû limiter à 750 le nombre de personnes admises sur le site.

Dimanche, c’était le retour à la normale, ou presque. La journée s’est déroulée dans le calme, et chaque petit groupe de personnes se situait à bonne distance des autres.

« Les comportements observés au cours des derniers jours ont justifié un retour au seuil autorisé par la Santé publique, 2500 personnes, soit 50 % de la capacité de la plage », a affirmé par écrit le porte-parole de la SEPAQ, Simon Boivin.

Des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) et des agents de sécurité ont tout de même circulé sur la plage d’Oka afin de s’assurer du respect des mesures sanitaires. Aucun débordement n’a été rapporté.

« On voit ça aujourd’hui et on se sent safe, on ne sent pas qu’il y a du monde partout », a affirmé Laurence Pilote, accompagnée de sa cousine, Alexandra Laniel.

« On voulait profiter de notre été, ça a fait du bien », a énoncé Alexandra, pendant que quelques amis jouaient au spikeball un peu plus loin.

Des familles sont aussi venues se réfugier de la chaleur près du plan d’eau. Habib Bashour et Rowaa Nasra, de Laval, sont venus à la plage d’Oka avec leurs fillettes de 5 et 10 ans. Les jeunes filles s’amusaient avec leurs flotteurs colorés, sourire aux lèvres.

« C’était très difficile l’année passée pour tout, surtout pour mes filles », a dit Rowaa, qui accueille avec joie le changement de palier de couleur pour sa famille.

« Nous, on vient ici l’été de trois à quatre fois par semaine quand il fait beau. » Lucie Courchesne et son conjoint, Gilles Gauthier, sont pour leur part abonnés au site. Le couple de retraités a profité de la vue sur le plan d’eau dimanche.

La plage de Verdun prise d’assaut

Pendant ce temps, dans la métropole, la plage de Verdun a été prise d’assaut par près de 300 personnes, même si elle est officiellement fermée. Des baigneurs se sont aventurés dans les eaux du fleuve Saint-Laurent, pendant que d’autres préféraient se prélasser au soleil.

Même si aucun constat relié aux mesures sanitaires n’a été remis, l’espace était presque entièrement occupé par des visiteurs. Lors de l’ouverture de la plage, le 12 juin prochain, ce sont moins de 100 personnes qui vont pouvoir profiter des lieux.

« Les consignes et les directives de la Santé publique y seront respectées. […] Les plages horaires pour être sur le site seront de 45 minutes. Il y aura ensuite une rotation », a expliqué par courriel le chargé de communication à l’arrondissement de Verdun, Mathieu Robert-Perron.

La plage de Verdun a été inaugurée en juin 2019, soit cinq ans après le lancement du projet, au plus grand plaisir des Montréalais.

« C’est le fun de se baigner, on n’a pas de piscine en appart », a affirmé Raphaëlle Bourgeault, qui a profité des lieux en compagnie d’une amie.

Des écoles de l’Outaouais fermées ce lundi

Le Centre de services scolaire au Cœur-des-Vallées et la commission scolaire Western Québec, en Outaouais, ont décidé de fermer leurs écoles ce lundi. Le Centre des carrières de l’Ouest du Québec, l’École intermédiaire de Namur et l’École primaire de Wakefield demeureront toutefois ouverts puisque la climatisation est offerte. Le Centre de services scolaire des Portages-de-l’Outaouais gardera quant à lui ses portes ouvertes, mais s’est assuré prendre des mesures nécessaires pour faire face à la vague de chaleur. Un record a été atteint dimanche dans la région de Gatineau qui a enregistré une température de 33,2 degrés Celsius. « [Ce] lundi, ça va être encore plus chaud sur une bonne partie du Québec, mais plus précisément le long de la vallée de l’Outaouais, jusqu’à Drummondville ou Victoriaville », indique Anna-Belle Filion, météorologue à Environnement Canada.

— Alice Girard-Bossé, La Presse

« C’est probablement le reflet des changements climatiques »

Une vague de chaleur s’est installée dimanche au Québec et continuera de toucher plusieurs régions jusqu’à mardi. Des experts préviennent que de telles chaleurs extrêmes seront de plus en plus fréquentes et qu’il faudra apprendre à s’y adapter.

Les températures continueront-elles d’augmenter dans les prochains jours ?

Dimanche, le mercure a atteint 31,4 degrés au centre-ville de Montréal. Les températures ressenties ont grimpé à 37 degrés. Ailleurs dans la province, les températures avoisinaient les 32 degrés dimanche. « Le seul endroit où on a atteint le 40 degrés avec humidex, c’est dans la région du Témiscamingue », indique Anna-Belle Filion, météorologue à Environnement Canada.

Un record a été atteint dimanche dans la région de Gatineau, qui a enregistré une température de 33,2 degrés. « L’ancien record pour un 6 juin était de 31,1 degrés, établi en 1930 », dit Mme Filion.

La vague de chaleur va continuer de se poursuivre au Québec dans les prochains jours. « Lundi, ça va être encore plus chaud sur une bonne partie du Québec, mais plus précisément le long de la vallée de l’Outaouais, jusqu’à Drummondville ou Victoriaville », indique Mme Filion.

La chaleur accablante demeurera sur la métropole jusqu’à mardi. Environnement Canada précise que « les températures maximales dépasseront 30 degrés Celsius et les valeurs d’humidex atteindront degrés Celsius ». Des minimums de 20 °C sont à prévoir les nuits prochaines. Une baisse des températures est annoncée pour mercredi, avec un maximum de 26 °C et un minimum de 13 °C.

Est-ce une canicule ?

« Pas partout », indique Mme Filion. Les critères d’une canicule sont établis par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et varient d’une région à l’autre.

« Pour Montréal, il faut avoir trois jours consécutifs avec des températures maximales de 33 degrés et des températures minimales la nuit de plus de 20 degrés. » Samedi et dimanche, les températures n’ont pas atteint les 33 degrés dans la métropole. « C’est une vague de chaleur, mais selon les critères de l’INSPQ, ce n’est pas une canicule. »

L’Outaouais a toutefois répondu aux critères. « En Outaouais, il faut avoir 31 degrés pendant 3 jours consécutifs et un minimum de 18 degrés la nuit. À cet endroit-là, on a une canicule », explique la météorologue.

Est-ce que cette vague de chaleur est inhabituelle à ce moment-ci de l’année ?

« Non, ce n’est pas anormal d’avoir quelques journées consécutives plus chaudes », indique Mme Filion.

Alain Webster, président du Comité consultatif sur les changements climatiques et professeur en économie de l’environnement à l’Université de Sherbrooke, soutient toutefois qu’une hausse des vagues de chaleur est observable depuis les dernières années.

« On peut penser que d’avoir autant de vagues de chaleur et aussi tôt dans la saison est probablement le reflet des changements climatiques », estime M. Webster. Cette température plus élevée à l’échelle nationale a des impacts multiples en termes d’environnement, de santé et de biodiversité, indique-t-il.

Quelles sont les mesures à prendre quand il y a des chaleurs extrêmes ?

Pour supporter les hautes températures, Mme Filion recommande de boire beaucoup d’eau et d’éviter l’alcool pour rester hydraté. « Il faut essayer de se rafraîchir soit en restant quelques heures à l’air conditionné ou dans un bain ou une douche à l’eau froide », dit-elle. Des compresses d’eau froide peuvent également être appliquées sur la peau pour se rafraîchir. Environnement Canada recommande aussi de réduire les efforts physiques.

« Pour ceux qui n’ont pas l’air conditionné, on peut ouvrir les fenêtres la nuit pour emmagasiner l’air plus frais et les fermer le jour », suggère-t-elle. Elle recommande également de fermer les rideaux et les stores pendant la journée.

Comment s’adapter aux températures plus chaudes à long terme ?

Selon M. Webster, de nombreuses mesures devront être prises à long terme, afin d’éviter les effets néfastes de l’augmentation des températures.

« Il faut ouvrir les piscines plus tôt et il faut revoir comment on construit les villes pour éviter les îlots de chaleur, donne-t-il en exemple. Il faut aussi penser aux personnes plus défavorisées qui n’ont pas accès à des systèmes de climatisation. »

La Ville de Montréal a déployé dimanche le mode Alerte de son Plan particulier d’intervention pour chaleurs extrêmes, permettant l’ouverture de l’ensemble des jeux d’eau du territoire montréalais.

M. Webster rappelle que de telles mesures seront essentielles pour éviter de lourdes conséquences sur la population. « [Les vagues de chaleur] entraînent des enjeux catastrophiques en matière de santé, de mortalité et de morbidité. On est déjà capable de chiffrer le nombre de décès liés aux pics de chaleur extrême, et ça va continuer d’avoir des impacts particulièrement chez les personnes plus vulnérables », soutient-il.

— Avec Coralie Laplante, La Presse

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