Artemis II

Objectif Lune

Le premier astronaute canadien à participer à une mission lunaire sera l’Ontarien Jeremy Hansen. Il devrait décoller fin 2024 avec Artemis II, qui fera une orbite autour de la Lune.

Âgé de 47 ans, Jeremy Hansen est pilote de chasse et a une maîtrise en physique. Il est astronaute depuis 2009, mais n’est jamais allé dans l’espace.

« Je me souviens d’avoir été marqué enfant par une photo de Neil Armstrong sur la Lune, a dit M. Hansen en entrevue avec La Presse. J’étais très jeune, mes parents m’ont amené en Floride quand j’avais 5 ans pour voir le Centre spatial Kennedy. Après, je n’ai plus vu la Lune de la même manière. Je récupérais des cadrans et des fusibles sur la ferme familiale pour faire une fusée dans ma cabane, dans un arbre. Je voyais des Canadiens dans la navette spatiale, j’aimais les sciences, je me disais que tout était possible pour moi. »

Jeremy Hansen est entré à 12 ans dans les cadets de l’armée de l’air. Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a vanté son « humanité » lors de la cérémonie de dévoilement des quatre astronautes, lundi à Houston.

« J’étais avec lui une fois au Centre spatial Kennedy, en Floride. Quand des gens ont vu son uniforme bleu d’astronaute, ils se sont rués vers lui par centaines. Il a pris le temps de parler avec chaque écolier du groupe. »

Jeremy Hansen sera accompagné de trois Américains : Victor Glover, Christina Koch et Reid Wiseman.

D’une durée de dix jours, Artemis II commencera par faire des orbites de plus en plus larges autour de la Terre, pour tester les instruments de la capsule lunaire Orion. Ensuite, Orion fera une orbite autour de la Lune.

L’alunissage du programme Artemis est prévu à la troisième mission, donc pas avant 2025. Aucun Canadien ne participera à la mission Artemis III. Le Canada a une place dans une autre mission Artemis, ce qui signifie qu’éventuellement, un Canadien a de bonnes chances de fouler le sol lunaire, selon le ministre Champagne.

« Ça va changer la personne »

Une retransmission de l’annonce se déroulait lundi matin au siège de l’Agence spatiale canadienne (ASC) à Saint-Hubert, avec Marc Garneau, le premier Canadien qui a voyagé dans l’espace – en 1984, dans la navette spatiale Challenger. « Je me rappelle très bien la journée, le 1er mars 1984, où on avait rassemblé les astronautes qui seraient sur la mission », a dit M. Garneau, qui est un ancien dirigeant de l’ASC.

« J’étais nerveux. Je me suis rendu compte que je réaliserais un rêve. Depuis 40 ans, on me dit : “T’es le gars qui est allé sur la Lune”. Mais je ne suis pas allé sur la Lune. »

« Ça va changer la personne, a estimé M. Garneau. Orbiter autour de la Lune est unique. Cette personne-là va voir toute la Terre. »

Des applaudissements pour David Saint-Jacques

Avant l’annonce à Houston, tous les astronautes canadiens et américains en service ont défilé sur la scène. Quand les astronautes canadiens ont fait leur apparition, des applaudissements ont retenti dans la salle de l’ASC où avait lieu la cérémonie, particulièrement pour David Saint-Jacques, seul astronaute canadien en service qui a séjourné dans l’espace. Il a séjourné en 2018-2019 dans la Station spatiale internationale pendant 204 jours, soit la plus longue mission spatiale à ce jour pour un astronaute canadien.

Les deux autres astronautes canadiens en service sont Jenni Sidey-Gibbons, 34 ans, ingénieure mécanique, et Joshua Kutryk, 41 ans, pilote de chasse et d’essai.

La mission Artemis I, qui a eu lieu à la fin de l’an dernier et a duré 25 jours, était inhabitée. Elle a permis de tester tous les systèmes en orbite lunaire. Artemis I devait décoller en août, mais a connu plusieurs reports à cause de fuites de carburant, puis de la météo automnale de la Floride.

Et Mars ?

L’administrateur de la NASA, Bill Nelson, a indiqué lors de la cérémonie que l’objectif ultime est une mission martienne. Un Canadien ira-t-il sur Mars ? « Je pense qu’on est bien positionné en étant le deuxième pays après les États-Unis à envoyer un astronaute vers la Lune, dit le ministre Champagne. Pour Mars, le Canada va se concentrer sur la nutrition, faire pousser des vivres durant la mission de trois ans, et sur la santé à distance. » Pour la Lune, le Canada fournira un bras robotique canadien pour l’orbiteur habitable Gateway et un rover pour les déplacements sur la Lune. Le Programme d’accélération de l’exploration lunaire de l’ASC finance d’autres entreprises canadiennes développant des technologies lunaires.

43 millions

Budget alloué pour la conception du rover lunaire canadien

Source : Agence spatiale canadienne

150 millions

Budget du Programme d’accélération de l’exploration lunaire de l’ASC

Source : Agence spatiale canadienne

les Trois astronautes américains de la mission

Victor Glover, 46 ans

Ce pilote de la Marine américaine est le premier Afro-Américain à se rendre jusqu’à l’orbite de la Lune. Astronaute depuis 2013, il a séjourné sur la Station spatiale internationale (SSI) en 2020-2021. Il sera le pilote d’Artemis II.

Christina Koch, 44 ans

Cette ingénieure électrique est la première femme à se rendre jusqu’à l’orbite de la Lune. Avant de devenir astronaute en 2013, elle a participé au développement de missions spatiales et a séjourné dans des bases scientifiques aux deux pôles. Elle est allée dans la SSI en 2019-2020 et sera spécialiste de mission, comme M. Hansen.

Reid Wiseman, 47 ans

Ce pilote de la Marine a participé aux tests du F-35 et est astronaute depuis 2009. Il a séjourné dans la SSI en 2014 et sera commandant.

— Mathieu Perreault, La Presse

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