UNBOXING

Déballer… sans acheter !

Maintenant que Noël est passé et qu’on n’a plus de cadeaux à ouvrir, on peut toujours se rabattre sur YouTube pour… regarder des gens ouvrir des boîtes. Ce n’est pas une fantaisie, il s’agit d’une vraie tendance et elle porte même un nom : l’unboxing.

En quoi l’unboxing, ou « vidéodéballage » en français, consiste-t-il ? À visionner des vidéos, majoritairement sur YouTube, où les gens sortent des objets de leur emballage, tout en commentant à voix haute les fonctionnalités et l’apparence des produits.

Cette tendance existait déjà chez les technophiles, qui regardaient des gens ouvrir des cartons renfermant des produits technos : la dernière tablette sur le marché, une console Xbox, un nouveau gadget… Mais voilà que la folie de l’unboxing a atteint tous les domaines, des chaussures au maquillage, et les consommateurs peuvent voir à peu près n’importe quel objet sortir de sa boîte avant de l’acheter. Une sorte de garantie « avant-vente », finalement. Le Guardian l’a résumé ainsi dans un article publié en juillet 2014 : « Si c’est à vendre, quelqu’un est probablement en train de le déballer sur YouTube. »

« J’ai l’impression que le phénomène a gagné en popularité parce que les gens sont toujours curieux de voir à quoi ressemblera exactement le nouvel iPhone, par exemple, et ils ont hâte de l’obtenir. Et la deuxième meilleure chose que de l’avoir immédiatement en main, c’est de voir quelqu’un le déballer et le montrer », résume Laurent LaSalle, rédacteur en chef du site Branchez-vous.

POPULAIRE AUPRÈS DES ENFANTS

Mais un public particulièrement sensible est venu grossir les rangs de l’unboxing  :  les enfants, qui peuvent passer des heures devant ces vidéos causant un léger hypnotisme. Les jouets dérivés de films de Disney, la pâte à modeler Play-Doh et les œufs Kinder, par exemple, sont particulièrement populaires auprès du petit public. Parmi ceux qui ont eu l’idée de génie de produire ces vidéos, certains engrangent des millions de dollars par année simplement en se filmant en train d’ouvrir des boîtes de jouets.

L'une des chaînes parmi les plus regardées sur YouTube est Fun Toyz Collector, où une femme anonyme et mystérieuse déballe des jouets avec ses doigts soigneusement manucurés. C’est d’ailleurs la seule partie de son corps qu’on voit, sans compter la voix chantante avec laquelle elle s’adresse aux enfants dans un anglais teinté d’un léger accent dont l’origine est indéfinissable. Ses vidéos sont impersonnelles, ce qui explique peut-être l’engouement des enfants : les jouets sont les vraies vedettes de la chaîne, le reste est accessoire.

Dans une vidéo vue plus de 100 millions de fois qui a longtemps été la plus populaire de sa chaîne, la femme ouvre – en faisant délibérément du bruit en déchirant l’emballage – six œufs-surprises achetés chez Target, qui contiennent des tatouages, des jouets ou des friandises dérivés d’Angry Birds, Sponge Bob ou Cars. Même avec plus de 9 milliards de visionnements, la femme derrière la chaîne demeure inconnue. Selon le site Tube Filter, dans la semaine du 4 décembre dernier, la chaîne (qui s’appelait avant Disney Collector BR) a atteint le 5e rang des vidéos les plus regardées sur YouTube, avec près de 95 millions de visionnements en sept jours. 

« Le secret derrière n’importe quel succès sur YouTube, c’est d’avoir sa niche, reprend Laurent LaSalle. La personne qui a créé cette chaîne-là a réussi à tirer profit d’un phénomène qui existait déjà et à l’adapter pour un autre marché totalement. »

Une chose est certaine, le déballage de jouets semble un marché plein de promesses, et plusieurs autres chaînes YouTube en ont fait leur pain et leur beurre.

OUVRIR DES COLIS AVEC SES FANS

Le « vidéodéballage » compte aussi son lot d’adeptes du côté de la mode, notamment sur Snapchat. Le réseau social gagne constamment en popularité depuis qu’on peut partager avec ses amis des photos et des vidéos qui restent visibles pendant 24 heures avant de disparaître.

La jeune Québécoise Gabrielle Lacasse, qui tient le blogue de mode Dentelle Fleurs, utilise Snapchat pour déballer les colis que les marques lui envoient. Elle publie de courtes vidéos où on la voit ouvrant des paquets (de souliers, de vêtements, de parfums) et commenter leur contenu. « C’est comme une autre façon de dire : voici les produits que j’aime, voici les trucs que je trouve cool, mais de manière moins formelle », précise-t-elle. La blogueuse utilise la plateforme pour montrer les produits qu’elle reçoit et dont elle n’aurait pas parlé autrement. « Ce que j’aime aussi avec Snapchat, c’est son aspect éphémère, ajoute-t-elle. La qualité d’image n’a pas besoin d’être exceptionnelle pour la publier, contrairement à mon site ou à Instagram. »

Même si elle ignore combien de personnes exactement la suivent sur Snapchat, Gabrielle constate avec surprise l’engouement que cela suscite. Les gens qu’elle croise lui parlent bien plus souvent de ce qu’elle a publié sur Snapchat que sur Instagram, où elle est pourtant suivie par près de 30 000 personnes ! « Puisque sur Snapchat on parle et on est soi-même, on est vraiment dans un univers plus relax. C’est comme du voyeurisme next level ! », conclut-elle.

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