PME LOGIAG

Analyser le sol autrement

Pourquoi faire autrement quand ça marche depuis longtemps ? Pour pouvoir faire mieux à moindre coût, répondent les frères Nault, copropriétaires de la société Logiag, qui sont sur le point de révolutionner la façon dont on analyse les sols agricoles afin de mieux les nourrir.

La petite entreprise de Châteauguay attend la certification de son nouveau laboratoire d’analyses de sol équipé au laser, une technologie qui a fait ses preuves dans le domaine minier, mais qui est inédite jusqu’à maintenant dans le monde agricole.

Logiag (pour logiciels agricoles), en partenariat avec le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) de Boucherville, a adapté au domaine agricole la spectroscopie d’émission sur plasma induit par laser (laser-induced breakdown spectroscopy, ou LIBS), une technologie optique d’une importance croissante dans l’industrie. Selon cette méthode, l’échantillon de sol est analysé par un laser.

« À partir du moment où on savait qu’on voulait développer quelque chose de complètement nouveau, on a questionné le modèle d’affaires de l’échantillonnage et d’analyses de sol, dit Charles Nault, PDG, à propos de son nouveau système qui a nécessité cinq ans de recherche et développement et des investissements de 2,5 millions, financés par les profits de Logiag et des programmes gouvernementaux en innovation.

UNE ENTREPRISE FAMILIALE

Logiag, c’est la réunion des frères Nault : Jacques, 54 ans, agronome, un gars de champs, et Charles, de 10 ans son cadet, ingénieur mécanique, un gars de machines. Depuis la création de la société en 1999, Jacques effectue les prélèvements dans les champs et offre des services agronomiques ; Charles, de son côté, conçoit des outils informatiques augmentant la productivité du duo, qui est passé de 150 à 4000 clients en 15 ans.

La Presse Affaires les a rencontrés à leur laboratoire au CNRC, deux jours avant le gala de la Fédération des chambres de commerce du Québec où Logiag était finaliste pour le Mercuriade innovation PME, un prix qui lui a finalement échappé.

L’analyse de sols permet à un cultivateur d’optimiser la fertilisation de son champ pour en augmenter le rendement. Un règlement oblige les agriculteurs à préparer un plan de fertilisation et requiert une analyse de sol tous les cinq ans. Meilleure est l’analyse, meilleure est la productivité des terres.

Les laboratoires d’analyses de sols conventionnels fonctionnent avec des produits chimiques pour extraire les éléments nutritifs présents ; c’est la méthode Mehlich III, en vigueur depuis 1984. La méthode comporte néanmoins des limitations en termes de délai (du champ à l’épandage d’engrais, il se passe de deux à trois semaines) et de précision (l’analyse intègre une marge d’erreur de 25 %).

La solution intégrée de Logiag donne des résultats plus précis (la marge d’erreur tombe à 5 %) et elle est plus rapide à réaliser (en cinq ou six jours), à un coût moindre. Un trio dur à battre.

« Le marché passera de 40 $ pour un échantillon de sol par hectare à quelque chose entre 30 et 32  $ par hectare. » 

— Charles Nault, vice-président agronomie

L’idée de recourir au laser lui est venue après avoir entendu une présentation sur la technologie LIBS. « Charles m’a tout de suite dit qu’on pourrait faire une analyse de sol avec cette technologie », se souvient Jacques Nault. Charles contacte ensuite le CNRC, des spécialistes de la technologie au laser, pour aider Logiag à l’adapter au travail des agronomes. Cinq ans plus tard, une demande de brevet a été déposée par le CNRC pour cette technologie adaptée au domaine agricole pour déterminer la quantité d’éléments nutritifs présents dans le sol.

INNOVATION

L’innovation ne se limite pas au laser. À l’étape de l’échantillonnage, Logiag a développé des capsules poreuses qui permettent de sécher le sol sans le manipuler. Chaque capsule est munie d’un code-barres QR dont la lecture passe par une application iPhone, ce qui facilite le travail de l’échantillonneur sur le terrain. D’autres innovations portent sur la presse de 23 tonnes, conçue sur mesure, et la présentation des résultats d’analyse, offrant plus d’autonomie à l’agronome dans l’élaboration de ses recommandations aux cultivateurs.

Logiag cible comme clients les vendeurs d’engrais comme Cargill, William Houde ou Synagri qui, collectivement, ont un réseau de 5000 points de vente en Amérique du Nord. « Ils ont pris une technologie existante pour l’adapter à l’agriculture. C’est très innovateur. C’est sûr qu’on va les supporter même si Synagri a son propre laboratoire conventionnel », soutient Pierre Pagé, directeur, recherche et services agronomiques, de Synagri.

Le marché potentiel est évalué par Logiag entre 225 et 250 millions en Amérique du Nord ; un marché partagé par 300 laboratoires agréés. Au Québec, on parle d’un marché annuel de 80 000 à 100 000 analyses de sol pour des revenus d’environ 1,5 million.

Logiag espère recevoir sa certification du Bureau de normalisation du Québec à temps pour la saison d’automne.

LOGIAG EN BREF

Fondée en 1999

Élaboration de plans de fertilisation et autres services agronomiques au moyen de logiciels agricoles

Siège social : Châteauguay

Actionnaires : Charles Nault, Jacques Nault, Gilles Clément

35 employés

4000 clients

Chiffre d’affaires : entre 2,5 et 3,0 millions

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