CINÉMA  SAMUEL THIVIERGE

Le guerrier aux yeux pers

Le jeune comédien Samuel Thivierge est la preuve vivante que l’école peut mener loin. Car après avoir étudié à la Vancouver Film School, le jeune homme s’est retrouvé dans un film d’action chinois : Wolf Warriors.

Cette présence très inhabituelle d’un acteur du Québec dans une production de l’empire du Milieu est attribuable à sa fréquentation de l’école de la côte Ouest, à sa grande détermination et… à la couleur de ses yeux.

« Je me suis retrouvé sur un plateau de tournage où il n’y avait pas beaucoup de Blancs, raconte le Saguenéen de 25 ans en entrevue téléphonique. Je me faisais regarder et même prendre en photo. J’étais le seul à avoir des yeux pers alors que tout le monde là-bas a les yeux bruns. Un jour, alors que nous tournions une scène, la caméra a fait un gros plan sur moi. Mon maquillage faisait ressortir mes yeux. L’équipe de production a aimé mon regard et plusieurs sont ensuite venus me féliciter. Je suis passé de 10 à 25 jours de tournage. »

Wolf Warriors est un film d’action réalisé par Wu Jing, spécialiste des arts martiaux qui tient également le rôle principal. Il raconte l’histoire d’un agent des forces spéciales chinoises pris en chasse par une bande de mercenaires étrangers cherchant à lui faire la peau.

« Les rôles sont renversés par rapport aux films nord-américains. Ici, ce sont les Caucasiens qui sont les méchants. »

— Samuel Thivierge, en riant

Ce dernier interprète le rôle d’un mercenaire étranger, un tireur d’élite particulièrement doué. Sorti récemment dans 20 000 salles en Chine, le film a atteint le sommet de box-office, récoltant quelque 75 millions de dollars en deux semaines.

ORIGINE : VANCOUVER

C’est avant tout le passage de M. Thivierge à Vancouver en 2008 qui lui a ouvert les portes de la Chine. « J’ai toujours voulu devenir comédien, et pour me donner le plus de chances possible, je me suis impliqué dans tout ce qui se faisait, raconte-t-il. J’avais beaucoup de collègues d’origine asiatique et nous avons travaillé ensemble dans toutes sortes de productions : des courts métrages, des longs, etc. »

L’un de ses amis chinois, Henry Lang, responsable du casting étranger et de la traduction sur le film de Jing, s’est souvenu de son ami Samuel. Il l’a contacté et lui a proposé une audition.

« J’ai fait celle-ci dans ma chambre devant mon ordinateur, raconte le jeune comédien. J’ai envoyé mon enregistrement avec d’autres démos de mon travail. Et ils m’ont accepté ! »

— Samuel Thivierge

Nous sommes alors en mai 2013. Un mois plus tard, Samuel débarque dans un village près de Nankin en Chine. Il y restera plus de deux mois.

Le travail était exigeant et les journées étaient longues sur le plateau de Wolf Warriors. « On commençait tôt, on finissait tard et il y avait peu de temps pour le repas, se souvient le comédien. De plus, il faisait une chaleur exténuante et une forte humidité. C’était physiquement très exigeant. J’avais plusieurs scènes où je courais, gravissais des collines, sautais avec un équipement militaire de 15 kilos sur le dos. Mais j’ai grandi dans une pourvoirie. Alors tout ce qui est physique ne me fait pas peur. »

Autre difficulté de travail, tout le tournage était en mandarin. « Mon personnage, surnommé L’assassin, n’avait pas de dialogues très élaborés, dit M. Thivierge. Mes répliques, je les avais en anglais avec les autres membres du groupe de mercenaires. » Quant aux communications avec la production, elle se faisait par l’intermédiaire d’un traducteur ou par signes.

UN TOUCHE-À-TOUT

M. Thivierge a remarqué que la structure de travail là-bas n’est pas la même qu’ici. Les acteurs ne semblent pas être représentés par un syndicat et les salaires sont plus bas. La production investit par ailleurs beaucoup d’argent dans la technique. « Je crois qu’il y avait 300 personnes sur le plateau de tournage », dit-il.

Samuel Thivierge ne ferme pas la porte à d’autres projets de tournage en Chine, mais il ne souhaite pas, dit-il, devenir uniquement une star de films d’action. Bien au contraire, il aime toucher à toutes les facettes du cinéma : scénarisation, production, réalisation. L’an dernier, il a signé un premier long métrage, La fille du Martin.

Il travaille actuellement sur un projet de film dont le titre de travail est Identité. « C’est un genre de Catch Me If You Can et ça porte sur le vol d’identité. J’ai acquis les droits du scénario original et je polis celui-ci avec deux autres auteurs », conclut M. Thivierge qui affectionne le travail des cinéastes Luc Besson et Érik Canuel.

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