Stéphane Glorieux, PDG de Keurig Canada

Un milliard de dosettes produites à Montréal bientôt recyclables

L’usine de torréfaction Keurig Canada, située dans le quartier Saint-Michel, à Montréal, vient tout juste de commencer la production de dosettes de café entièrement recyclables. D’ici la fin de la prochaine année, la totalité du milliard de dosettes produites annuellement à Montréal pourra être disposée directement dans le bac de recyclage des ménages canadiens. Une prouesse écologique marquante, estime Stéphane Glorieux, président de Keurig Canada.

« On vient de démontrer encore une fois que l’usine montréalaise de Keurig fait partie de l’élite. On a tout réorganisé l’usine pour rehausser le niveau de nos opérations café, mais on a toujours misé énormément sur l’innovation », souligne Stéphane Glorieux, président de Keurig Canada depuis trois ans maintenant.

Stéphane Glorieux a fait carrière durant plus de 20 ans dans les activités de la multinationale de l’alimentation Kraft, dont sept années à Toronto et trois à Paris, avant de se joindre à Keurig Canada, il y a cinq ans, à la demande des dirigeants de l’époque Sylvain Toutant et Gérard Geoffrion.

La société Van Houtte venait d’être acquise par le groupe américain Green Mountain Coffee Roasters, établi au Vermont, mais avait tout de même décidé d’aller de l’avant avec un important programme de modernisation de ses activités de torréfaction et de production de dosettes à Montréal.

« Ils cherchaient un chef des opérations et ils ont réglé mon embauche en 24 heures. Je devais piloter le projet d’investissement de 60 millions, qui vient tout juste d’être finalisé, d’ailleurs. »

— Stéphane Glorieux, PDG de Keurig Canada

L’an dernier, Green Mountain Coffee a été à son tour vendu au fonds d’investissement JAB Holding Company, établi à Boston et déjà impliqué dans la commercialisation du café.

« On est redevenus une société à capital fermé, ce qui est un avantage. Mais aussi, on est redevenus une entreprise beaucoup plus concentrée sur les activités de café. On a laissé tomber les autres secteurs dans lesquels on était impliqués », précise le président de Keurig Canada.

Priorité environnementale

On le sait, la popularité fulgurante du café servi en doses individuelles a transformé l’industrie, mais cette révolution s’est réalisée au détriment de l’environnement.

Les dosettes plastifiées de Keurig comme celles en aluminium du concurrent suisse Nespresso ne trouvaient pas de place dans le bac à recyclage.

« On a beaucoup travaillé au développement d’une nouvelle dosette plastifiée, mais dans un matériau accepté dans les centres de tri. On l’a fait sans affecter ni la qualité ni la fraîcheur du café. Nos nouvelles dosettes sont semblables aux bouteilles en plastique qui sont recyclées. Elles sont rapidement identifiées sur la table de tri », relève Stéphane Glorieux.

Il y a deux semaines, l’usine montréalaise a entamé la production de dosettes recyclables pour la marque associée Timothy’s, l’une des 35 marques de dosettes produites dans le quartier Saint-Michel.

« On fait toutes les marques de Keurig, dont Green Mountain et Van Houtte, mais on fabrique également les dosettes pour Folgers, Starbucks et d’autres transformateurs de café.

« D’ici la fin de 2018, la totalité du milliard de dosettes produites à Montréal va être recyclable, et cela va être clairement identifié sur les emballages de chacune des marques », assure le président.

C’est au Canada que Keurig a entrepris sa conversion aux dosettes recyclables parce que la sensibilité environnementale y est plus ancrée : 98 % des collectivités ont accès à un bac à recyclage comparativement à seulement 58 % aux États-Unis.

Il faut souligner aussi que le taux de pénétration des systèmes d’infusion Keurig est fort au Canada avec plus de 3,3 millions de systèmes qui ont été vendus.

Une histoire qui dure

Van Houtte a commencé ses activités à Montréal en 1919, il y a bientôt un siècle, et a développé ses activités manufacturières dans le quartier Saint-Michel.

La vente de Van Houtte à Green Mountain, puis de cette dernière à JAB n’ont rien changé aux activités montréalaises, qui mobilisent quelque 700 personnes dans leurs locaux. Les employés sont répartis dans trois divisions : torréfaction et production de dosettes, services aux entreprises et administration.

L’entreprise, qui a entièrement modernisé ses processus de torréfaction, est responsable de la production de tout le café moulu et en grains de Keurig pour l’ensemble de l’Amérique du Nord.

Les sept autres usines du groupe aux États-Unis ne produisent que du café en dosettes avec un volume total supérieur à 10 milliards d’unités.

« Au cours des cinq dernières années, on a enregistré un taux de croissance moyen supérieur à 10 %. La croissance s’est maintenant stabilisée, mais elle tient toujours. »

— Stéphane Glorieux, PDG de Keurig Canada

Seule ombre au tableau : plusieurs fabricants de grosses marques de café, dont Tim Hortons, McCafé et même Maxwell House, produisent leurs propres dosettes qui sont par la suite utilisées dans les systèmes d’infusion de Keurig.

« Je tente de leur faire comprendre notre position. C’est comme si Keurig avait construit l’autoroute 407 et que ces fabricants utilisaient l’autoroute tous les jours sans acquitter les droits de péage. On aimerait bien régler ce différend », déplore le PDG.

Le jour de notre rencontre, Stéphane Glorieux venait d’apprendre que Van Houtte s’était inscrite au palmarès des 150 marques canadiennes considérées comme iconiques. Un hommage bien mérité quand on sait que Van Houtte s’est imposée au cours des 100 dernières années comme la marque de café la plus vendue au Canada.

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