Des fruits au lieu des beignes

Fruit O Bureau est en quelque sorte né lors d’une finale de hockey cosom. Dans le vestiaire, Martin Goyette arrive avec des oranges et des clémentines qu’il offre à ses coéquipiers exactement comme il le faisait quand il était jeune, avant les parties importantes.

« Un de mes chums à la tête d’une compagnie d’assurance m’a dit : “J’achète des beignes à mes employés et tout ce qu’ils font après, c’est dormir. Je devrais leur apporter des fruits comme ça.” »

L’ex-croupier au Casino de Montréal décide de lancer son entreprise Fruit O Bureau avec un slogan loin d’être banal : « On remplace les beignes ». Depuis décembre dernier, Martin Goyette livre donc des paniers dans plus d’une soixantaine d’entreprises, principalement des agences de publicité, des firmes de marketing et des entreprises en communications.

« Ce sont souvent des entreprises qui embauchent des gens assez jeunes et qui ont la qualité de vie de leurs employés à cœur. Ce sont des entreprises qui se disent que ça va coûter plus cher de perdre un employé que de le garder heureux », explique-t-il.

En été, les paniers de Fruit O Bureau contiennent toutes sortes de produits locaux allant des fraises du Québec aux pêches de l’Ontario. En hiver, l’entrepreneur n’a pas le choix de se rabattre sur des fruits étrangers comme des clémentines, des oranges, des poires, des raisins, des prunes…

Une grenade ou un ananas ne se retrouveront jamais dans les paniers de Fruit O Bureau. L’entreprise mise sur des aliments qui se mangent bien devant un ordinateur. À l’inverse, la banane, qui est hyper populaire auprès des travailleurs, trouve toujours sa place dans les paniers, et ce, peu importe la saison.

« On ne peut pas réinventer le monde. C’est quand même juste des fruits que l’on met dans des paniers. La seule chose sur laquelle on peut se concentrer, c’est comment les choisir, comment offrir de la variété, comment trouver des fournisseurs qui vont pouvoir nous vendre les meilleurs fruits possible. »

— Martin Goyette

L’entreprise Alex & Alex livre également des paniers de fruits, depuis trois ans, principalement dans les milieux bancaire, de l’assurance et de l’informatique. La plupart des entreprises qui commandent des fruits déposent leurs paniers dans leur coin cuisine. Ainsi, les employés peuvent se servir comme bon leur semble. Quelques bureaux achètent aussi des paniers plus périodiquement pour des réunions de fin de mois, par exemple.

« On a davantage l’image des gens qui viennent remplir les machines distributrices de barres de céréales et de croustilles que des personnes qui viennent livrer des fruits dans les entreprises, affirme Florian Allec, responsable de la division québécoise d’Alex & Alex. Mais on s’aperçoit que l’engouement est de plus en plus fort. Les gens n’avaient pas nécessairement conscience de l’existence de ce type d’entreprise, mais je crois que ça rentrera dans les mœurs d’ici quelques années. »

UNE RÉCOMPENSE POUR LES EMPLOYÉS

Les fruits gratuits, c’est l’un des avantages offerts aux 160 employés d’Orckestra… en plus du gym, du café, des massages et des congés de maladie, notamment. L’entreprise spécialisée en commerce électronique commande trois gros paniers de fruits et un plus petit chez Fruit O Bureau, trois fois par semaine.

Selon Mélianne Legault-Laverdière, coordonnatrice administrative d’Orckestra, offrir des fruits gratuitement n’est pas nécessairement une manière d’attirer de nouveaux employés. Il s’agit davantage d’une manière de récompenser ceux en place.

« On reçoit les livraisons le matin et on place les paniers dans nos cafétérias, un endroit stratégique. Nos cafétérias sont situées entre les espaces de bureau. Le matin, l’achalandage est plus grand, mais les employés s’y arrêtent tout au long de la journée pour prendre un fruit », explique-t-elle.

« Les gens aiment vraiment ça. Les fruits sont tout le temps prêts à manger, ils sont bien présentés, ils sont bons et ils sont beaux. La réaction est positive », ajoute-t-elle.

Voilà la preuve qu’une pomme au bureau est aussi satisfaisante qu’un beigne. Ou presque !