Planète bleue, idées vertes

Repenser contenants et emballages

Recycler, c’est bien. Mais réduire la quantité de matières à recycler, c’est encore mieux. La Chocolaterie des Pères trappistes a amélioré l’empreinte écologique de ses emballages, réduisant au passage ses émissions de GES et réalisant des économies.

Dolbeau-Mistassini — Dans les petits pots, les meilleurs onguents, dit l’adage. Et dans les petites boîtes, les meilleurs bleuets enrobés de chocolat ? Certainement ceux ayant la plus petite empreinte écologique, en tout cas ! Car qui dit plus petit emballage dit moins de matière à fabriquer, à transporter et, ultimement, à recycler.

La Chocolaterie des Pères trappistes de Mistassini, dont la notoriété des produits dépasse largement le Lac-Saint-Jean, a repensé ses emballages avant la pandémie. « Les Pères, ça fait partie de leurs valeurs de base de ne pas surconsommer ; ils n’accepteraient pas qu’on ait un super gros impact environnemental », explique Marie-Claude Gay, coordonnatrice du marketing et du tourisme de l’entreprise jeannoise.

Deux emballages ont subi une cure minceur, dont celui des célèbres bleuets enrobés de chocolat, qui est passé de quatre composantes à deux, en se départissant de sa pellicule de plastique transparente et de son rabat. Le carton, fait de matières recyclées, a également été aminci pour les deux types de boîtes qui ont été repensées. Résultat : la quantité de matière requise a diminué de 28 %, ce qui a permis à la petite entreprise de réduire de 30 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES), calcule-t-elle.

Cette transformation a permis de réaliser des économies sur l’achat des emballages… et leur récupération, puisque les entreprises québécoises qui mettent des produits en marché doivent financer la collecte sélective en fonction du poids des matières qui y aboutissent. Elle a aussi généré des économies par un gain de productivité, en réduisant le travail requis sur la chaîne de production. C’était d’ailleurs pour ça que l’entreprise s’était lancée dans la refonte de ses emballages, reconnaît sans détour Dominique Genest, codirecteur général et copropriétaire.

« La motivation initiale, ce n’était pas l’environnement. Mais à partir du moment où on a décidé de le faire, c’est clair qu’on s’est dit que tant qu’à y être, on va faire le maximum qu’on peut faire [sur le plan écologique]. »

— Dominique Genest, codirecteur général et copropriétaire de la Chocolaterie des Pères trappistes

Concevoir des emballages et des contenants ayant le plus petit impact écologique possible porte un nom : l’écoconception.

La fabrication d’emballages a évidemment un impact sur l’empreinte écologique (d’où l’intérêt de réduire au minimum la quantité de matière qui les compose), mais leur disposition après usage pèse aussi lourd dans la balance. Si les emballages ne sont pas réutilisables, il faut qu’ils soient facilement recyclables.

Et ce qui est le plus facile à recycler, ce sont des emballages composés d’un seul type de matière, explique Sophie Langlois-Blouin, vice-présidente à la performance des opérations à la Société québécoise de récupération et de recyclage (Recyc-Québec). Elle donne l’exemple d’une boîte de pâtes alimentaires en carton avec « une petite fenêtre en plastique » qui permet de voir le produit. « Au centre de tri, ce sera envoyé dans des ballots de carton plat, explique-t-elle. Le carton pourra être recyclé, mais la fenêtre de plastique va se retrouver au rejet. »

L’écoconception doit prendre en compte tous les paramètres liés au cycle de vie d’un produit, comme son transport, ce qui peut avantager les matières moins lourdes. Elle peut même s’intéresser à l’encre et à la colle des étiquettes. Mais ce n’est pas le cas au Québec, qui accuse un certain retard dans le domaine de l’écoconception, explique Mme Langlois-Blouin.

« La France est beaucoup plus avancée que nous, notamment dans sa tarification pour les emballages et les contenants mis en marché », dit-elle, évoquant des « bonus » et des « malus » qui donnent des « signaux clairs » à l’industrie sur ce qu’il faut favoriser ou éviter. Les choses sont toutefois appelées à changer, notamment avec la réforme de la collecte sélective, qui entrera progressivement en vigueur en 2022, au Québec.

Déjà, des mesures incitatives existent pour amener les entreprises à améliorer leurs contenants et emballages : le Fonds Écoleader peut financer la planification et Recyc-Québec, la réalisation. De son côté, Éco Entreprises Québec (EEQ) offre également un service d’accompagnement pour les entreprises qui veulent se lancer dans une démarche d’écoconception. C’est l’organisme qui représente les entreprises qui fabriquent et vendent sur le marché québécois contenants, emballages et imprimés (et qui finance la collecte sélective).

EEQ a d’ailleurs accompagné la Chocolaterie des Pères trappistes de Mistassini dans sa démarche… et pourrait le faire à nouveau, puisque Dominique Genest ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. « Je pense que pour les bleuets, on pourrait encore faire un bout », dit-il. Il reconnaît dans la foulée avoir « du chemin à faire » concernant les emballages des chocolats de Pâques.

Le jeu en vaut la chandelle, croit-il, ajoutant qu’il est « un peu normal » que les entreprises doivent payer pour financer la collecte sélective en fonction du volume de matières qu’elles génèrent. « Ce sont des frais sur lesquels tu as un certain pouvoir, dit-il. C’est le fun, ça stimule l’innovation, c’est bon pour l’environnement, et la beauté de tout ça, c’est qu’on peut avoir un impact. »

Brèves

Sur l'écran radar

Moins de pollution lumineuse à Drummondville

Frédéric Plourde pratique l’astronomie en amateur depuis l’enfance. Mais ce Drummondvillois n’a pas eu besoin de télescope pour constater le changement dans le ciel de sa cour, à une dizaine de kilomètres du centre-ville.

« Je sors dehors et je suis capable de voir la Voie lactée », se réjouit le vice-président du Club d’astronomie Drummondville.

La différence n’est pas qu’anecdotique. Lorsque la municipalité a décidé de convertir son éclairage public au DEL, elle a demandé au club de documenter le changement. Les photos de nuit prises par M. Plourde à l’extérieur de la ville sont éloquentes : le nouvel éclairage orienté vers le bas a effectivement réduit la « bulle de pollution lumineuse ».

Pour l’astronome amateur, « c’est déjà une bonne étape ». Mais en tant que citoyen soucieux de la santé des humains et de la faune, il aimerait que les municipalités québécoises aillent plus loin, et optent pour des lampadaires dont la puissance peut être réduite (notamment en hiver, lorsque la réflexion de la neige augmente la luminosité), qui s’éteignent dans les endroits n’ayant pas besoin d’éclairage toute la nuit et, surtout, qui diffusent moins de 10 % de lumière bleue.

« Le soir, l’écran de mon iPhone devient jaune au lieu d’être bleu, illustre M. Plourde. Alors pourquoi les lampadaires des rues diffusent de la lumière bleue ? Il y a comme un non-sens. »

— Ariane Krol, La Presse

Campagne sans affiches à Mascouche

La campagne électorale municipale se mène sans affiches pour le maire sortant de Mascouche et les candidats de son parti, cette année. « En matière d’environnement, il faut passer de la parole aux actes ; avec la multitude de moyens de communication qui existent aujourd’hui, nous disposons de suffisamment d’outils pour faire connaître nos candidats, notre bilan et notre plateforme, sans devoir recourir à un affichage », a déclaré dans un communiqué Guillaume Tremblay, avant le début de la campagne.

— Jean-Thomas Léveillé, La Presse

Le voilier au 100 flotteurs Argo d’observation des océans

Un voilier français va déployer prochainement dans l’Atlantique, et pour la première fois à cette échelle, 100 flotteurs Argo d’observation des océans. Cette opération a lieu pour le compte des États-Unis, du Canada et de l’Europe, a annoncé la société Blue Observer.

Les flotteurs Argo servent à étoffer les données fournies par les satellites sur les propriétés des masses d’eau, la variabilité océanique et les variations climatiques, ainsi qu’à alimenter les modèles de prévisions météorologiques.

« C’est une première pour un bateau à voile. Jusqu’à présent, de tels déploiements se faisaient principalement par des navires à moteur », a noté le navigateur Éric Defert, cofondateur de la jeune société Blue Observer, lors d’une conférence de presse à Brest, dans l’ouest de la France.

Des prélèvements d’aérosols en haute mer seront en outre réalisés pour le compte de l’Université Laval, à Québec, et de l’Institut de chimie de Clermont-Ferrand (centre de la France). La collecte servira à l’étude des gènes de résistance aux antibiotiques.

— Agence France-Presse

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