SPORTS ET LIMITATIONS FONCTIONNELLES

Jouer avec les sons

Les yeux et le sport semblent indissociables. Comment pratiquer une activité physique sans voir les limites d’un terrain ou sans pouvoir localiser un ballon ? L’Association sportive des aveugles du Québec (ASAQ) aide les gens ayant une déficience visuelle à s’accomplir sur le plan sportif. Et les succès sont impressionnants. 

Les enfants et le sport

Le sport est un élément clé dans le développement de l’enfant et avoir une déficience ne doit surtout pas être vu comme un frein. Un des programmes phares de l’ASAQ est d’ailleurs nommé « Du sport pour moi ! » et cible les jeunes de 6 à 14 ans. « Quand tu ne vois pas, même si tu passes devant un parc et qu’il y a des enfants qui jouent au ballon, tu ne sais pas que ça existe. Notre rôle est de montrer différents sports et différentes techniques », explique Nathalie Chartrand, directrice générale de l’association, qui est aussi médaillée d’or aux Jeux paralympiques de Sydney et médaillée de bronze à Barcelone en 1992 en goalball, un sport d’équipe avec ballon roulé.

Le programme se divise en deux volets de 10 semaines chacun : initiation et perfectionnement. On invite d’abord les jeunes à essayer de nombreux sports tels athlétisme, goalball, natation, patin, ski de fond, raquette, escalade ou judo. Puis, des cours de perfectionnement sont offerts dans la discipline qu’aura choisie l’enfant ou l’adolescent. Certains sportifs pourront ensuite intégrer des clubs ordinaires, comme en natation. « Et si l’entraîneur ou le professeur d’éducation physique qui voit arriver un jeune avec une canne blanche a des doutes, notre mandat est aussi d’aller le former », ajoute Mme Chartrand.

Le tennis chez les aveugles

Le corps a une capacité d’adaptation exceptionnelle et le sport est un de ces milieux où on repousse les limites : le tennis pour aveugles est un excellent exemple. Au Japon, on y joue depuis 1990. « Quand j’en ai entendu parler pour la première fois l’an dernier, je n’y croyais pas », admet Nathalie Chartrand. La discipline, qui doit être introduite à Tokyo pour les Jeux paralympiques de 2020, se pratique maintenant ici.

Un peu comme au tennis conventionnel, on utilise une balle qui contient des clochettes pour faire du bruit. La balle en styromousse est un peu plus grosse qu’une balle ordinaire, voyage plus lentement dans les airs et rebondit moins. On joue sur un terrain délimité par des bandes de ruban adhésif texturé. Pour déterminer la position et la direction de la balle, on permet aux joueurs d’attendre trois bonds avant de la frapper. C’est un jeu qui doit évidemment se jouer en silence.

Pour les personnes non voyantes, les sports se pratiquent beaucoup avec les sons. Cette sensibilité et les réflexes qu’ils développent les aident grandement dans la vie de tous les jours. On n’a qu’à penser à quel point l’ouïe est sollicitée quand on traverse la rue. Introduire un sport dans leur vie, c’est aussi leur donner la chance de bouger et penser différemment.

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