Transformation numérique

« Il y a un coût à l’inaction ! »

Un manque de temps et de planification, trop peu de main-d’œuvre qualifiée, une mauvaise compréhension des bénéfices… Les freins à la transformation numérique des entreprises sont nombreux au Québec, surtout dans les PME. Un mouvement est amorcé, mais le retard est réel.

« Il faut continuer à faire la promotion des avantages à la transformation numérique, à l’automatisation, à la robotisation, dit Pascal Monette, président-directeur général de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ). Il y a un coût à l’inaction ! »

Selon le dernier bilan de Sous-traitance industrielle Québec (2022), 48 % des entreprises du Québec n’ont aucune ou une seule technologie numérique intégrée actuellement. Au sein des PME, qui composent 95 % des entreprises d’ici, ce chiffre grimpe à 64 %.

Consultez le Baromètre 2022 de Sous-traitance industrielle Québec (STIQ)

« Les grandes entreprises sont très avancées dans le processus d’intégration de technologies numériques, souligne Lyne Dubois, vice-présidente chez Investissement Québec, Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ), alors que pour les PME, c’est plus difficile, il y a un manque de temps. »

Même si elle croit que le Québec est en mouvement et rattrape tranquillement l’Ontario, Mme Dubois rappelle l’importance de « s’organiser autrement ».

« La pandémie l’a bien démontré : le modèle traditionnel, soit de produire pour stocker et livrer, ne fonctionne plus. Les consommateurs veulent des produits personnalisés, de qualité, à valeur ajoutée et à bons prix… car dorénavant, on peut magasiner partout dans le monde ! »

– Lyne Dubois, vice-présidente chez Investissement Québec, Centre de recherche industrielle du Québec (CRIQ)

Le Canada a aussi du retard

D’ailleurs, sur la scène internationale, le Canada fait piètre figure en matière de robotisation et d’automatisation : le rapport de la Fédération internationale de robotique (2021) l’exclut du top 10 de son palmarès annuel (le Canada arrive au 14e rang). Dans les premières positions, la Chine, le Japon, les États-Unis, la Corée du Sud et l’Allemagne ont avancé à la vitesse grand V ces dernières années.

Consultez le rapport 2021 de la Fédération internationale de robotique (en anglais)

« En Corée du Sud, par exemple, les gens du secteur manufacturier ont créé des relations avec la machine, indique Sousso Kelouwani, directeur scientifique du Centre interordres de recherche et de transfert en manufacturier intelligent (CIRT-MI). Ils ont la formation et les compétences pour comprendre le cerveau des robots. Les données ne restent pas dans les machines, elles sont intégrées… Et on le sait, les données sont cruciales. C’est la clé ! »

Que faut-il pour avancer ?

Enseignant de mécatronique à l’Université du Québec à Trois-Rivières, M. Kelouwani avance qu’une vision plus globale aiderait beaucoup à l’implantation et à l’intégration des transformations numériques. « Il y a les ingénieurs mécaniques d’un côté, les ingénieurs électriques de l’autre, les informaticiens… alors qu’il faut des architectes de la machine, il faut s’occuper de l’ensemble, un peu comme un entrepreneur général lorsqu’on construit une maison. »

Pour M. Monette, tout est en place au Québec pour que les entreprises prennent le virage 4.0.

«  Nous avons les compétences techniques, les connaissances scientifiques, la technologie, l’aide financière, il faut poursuivre la pédagogie, l’accompagnement et vérifier la démarche, avec des conseils neutres  »

– Pascal Monette, président-directeur général de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ)

L’implication des ressources humaines est incontournable, ajoute Mme Dubois. « Elles doivent détenir des compétences numériques et en logiciels, précise-t-elle, et se faire accompagner. Cela permet de donner les bons contacts au bon moment, de faciliter la transition et de diminuer le temps pour passer à l’action. Il ne faut pas craindre de se lancer ! »

Que permet une transition numérique ?

Ver-Mac, fabricant d’équipements de signalisation routière de 400 employés dont le siège social est à Québec, est en pleine transition numérique. Fondée en 1956 et en croissance constante depuis les 10 dernières années, l’entreprise a établi un plan de match de transformation numérique il y a trois ans.

Des robots-soudeurs sont en service et les opérations ont été intégrées verticalement. « Nous faisons une importante mise à jour de nos systèmes de technologies de l’information, explique Marc-André Moisan, vice-président des opérations et des ressources humaines chez Ver-Mac, et nous avons fait un changement important en ce qui concerne notre système de planification des ressources de l’entreprise. »

Ce que cela permet ? La prise de données en temps réel, effectuée par les opérateurs dans l’usine au moyen de tablettes. « Cela crée beaucoup de valeur, dit-il, puisque l’information est disponible rapidement. Cela permet plus d’agilité en plus d’éliminer le travail répétitif ou plus à risque. »

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