coronavirus

Les autorités de santé publique du Québec ont annoncé vendredi que le premier cas d’infection au coronavirus, qualifié jeudi de « probable », avait été confirmé. En Italie, pays le plus touché d’Europe, des spécialistes tentent de comprendre la dynamique de l’épidémie.

Premier cas confirmé au Québec

Quatre autres personnes placées en isolement

Quatre personnes – dont un professionnel de la santé – ont été placées en isolement dans la foulée de la découverte d’un premier cas de COVID-19 sur le sol québécois, ont indiqué hier les autorités locales de la santé.

Du même coup, elles ont admis que leur stratégie était de retarder la propagation du coronavirus, et de possiblement la contenir, mais qu’il était irréaliste d’espérer éviter toute transmission dans la province.

« On veut [la] retarder le plus possible », a dit la ministre de la Santé, Danielle McCann, en entrevue téléphonique avec La Presse. « Plus on retarde, plus on est dans une bonne posture. […] On veut que ce soit le moins de cas possible. »

Pendant ce temps, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a augmenté son niveau d’alerte au maximum, soit « très élevé ».

« L’augmentation continue du nombre de cas et le nombre de pays touchés ces derniers jours sont manifestement préoccupants », a déclaré le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, en conférence de presse.

« La clé pour contenir ce coronavirus est de briser les chaînes de transmission. »

— Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS

M. Ghebreyesus n’a toutefois pas encore qualifié la situation de « pandémie », parce que la population mondiale n’est pas entièrement exposée pour le moment.

Isolement volontaire

Jeudi soir, la ministre McCann a annoncé que les préparations de la province avaient été testées cette semaine par un premier cas « probable » de COVID-19.

Il a été finalement confirmé vendredi, ont annoncé les autorités de santé publique du Québec. Le Laboratoire de microbiologie de Winnipeg a confirmé le cas, qui avait d’abord été testé par le Laboratoire de santé publique du Québec.

La femme, arrivée d’Iran lundi et ayant été rapidement prise en charge par le réseau de la santé, est restée isolée.

La ministre a salué le comportement de la patiente, indiquant qu’elle portait un masque, n’avait pas pris les transports en commun et n’avait pas visité son lieu de travail avant de consulter un médecin. Son cas aurait été pris en charge à l’hôpital de Verdun.

Elle est tout de même entrée en contact avec au moins quatre personnes entre son arrivée au Québec et son isolement.

« On a demandé l’isolement volontaire de ces quatre personnes-là », a indiqué la Dre Mylène Drouin, directrice de la santé publique de Montréal. 

L’un d’eux est un médecin qui s’est protégé lors de sa rencontre avec la patiente, mais a tout de même été isolé par mesure de précaution. 

« Pour les autres intervenants de la santé, pour les patients qui étaient dans la salle d’attente, on considère qu’il n’y a pas de risque significatif. »

— La Dre Mylène Drouin, directrice de la santé publique de Montréal

La Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, qui représente les infirmières de l’hôpital de Verdun, a affirmé que ses membres faisaient un bilan plutôt positif de la façon dont l’accueil de cette patiente s’est déroulée. 

L’équipement de protection nécessaire était disponible, et les procédures étaient bien connues, a dit Linda Lapointe, présidente du syndicat, en entrevue.

Mais des améliorations pourraient être apportées, a-t-elle ajouté.

« Ce qu’on reproche un peu, c’est qu’on aimerait avoir plus d’information, a-t-elle poursuivi. C’est beau que les gestionnaires fassent des réunions quotidiennement [sur le coronavirus], mais si ça ne descend pas au niveau des équipes, ça sert à quoi ? »

Réjean Leclerc, président du Syndicat du préhospitalier (représentant les ambulanciers montréalais), a indiqué qu’il était globalement satisfait de la façon dont ses membres sont informés et préparés face à l’arrivée du coronavirus.

Chasse aux passagers

La Santé publique continuait hier à chercher les individus entrés en contact avec la patiente et qui pourraient se trouver sur le sol québécois.

« On attend aujourd’hui [hier] le registre de vol pour être capables d’appeler l’ensemble des personnes qui étaient dans les trois bancs en avant et trois bancs en arrière [de la patiente] dans l’avion qui l’amenait de Doha à Montréal, a-t-elle continué en entrevue. On va joindre ces personnes-là et leur demander d’être en isolement pour 14 jours. »

Par ailleurs, 21 personnes demeurent sous investigation au Québec puisqu’elles arrivent d’une zone potentiellement infectée.

— Avec l’Agence France-Presse

Coronavirus

Des réponses à vos questions

Pendant qu’un premier cas d’infection au COVID-19 a été identifié au Québec, le secrétaire général de l’ONU a averti vendredi que « le plus grand ennemi maintenant n’est pas le virus. C’est la crainte, les rumeurs et la stigmatisation ». Alors, que faut-il savoir sur la transmission du nouveau coronavirus ? Comment se protéger ? Quels sont les risques pour la santé ? Consultez sur notre site web les réponses aux questions les plus fréquemment posées.

Italie

Le virus passait « inaperçu depuis des semaines »

Rome — Des chercheurs d’un hôpital spécialisé de Milan sont parvenus à isoler la version italienne du coronavirus, qui « circulait de façon inaperçue depuis des semaines » dans la péninsule, selon ces spécialistes qui tentent de remonter à la source de l’épidémie.

« Le virus a circulé de façon inaperçue pendant des semaines, avant les premiers cas avérés de la maladie » jeudi dernier, a expliqué vendredi à l’AFP le professeur Massimo Galli, dont l’équipe a isolé la variante italienne du virus en seulement quatre jours.

« Cela faisait longtemps que le virus était présent, peut-être déjà depuis la mi-janvier », a-t-il affirmé par téléphone, précisant que la version italienne « était certainement le résultat d’une mutation, d’autant que ce virus se modifie de personne à personne ».

« Ce n’est pas une découverte incroyable », a poursuivi le professeur Galli, directeur de l’hôpital Sacco de Milan, spécialisé dans les maladies infectieuses. Mais isoler la variante italienne aidera à mieux comprendre « la dynamique de l’épidémie, pourquoi il y a tant de cas en Italie, ses différences avec le coronavirus de Chine, à élaborer des traitements et potentiellement un vaccin ».

Il a émis « l’hypothèse que le virus soit arrivé avant même que l’Italie ferme les vols directs avec la Chine » le 30 janvier, disant concentrer ses recherches sur les premiers patients « qui n’avaient jamais été en Chine ni en contact avec des personnes étant allées en Chine, ce qui ne veut pas dire que le virus ne soit pas arrivé » de ce pays.

Avec 650 personnes ayant eu un test positif, dont seulement 303 sont considérées toutefois comme vraiment malades, l’Italie est le pays d’Europe le plus touché.

L’équipe de chercheurs de l’hôpital Sacco, pilotée par la professeure d’immunologie Claudia Balotta, a travaillé sur des échantillons prélevés sur trois patients de la « zone rouge » autour de Codogno, en Lombardie, hospitalisés entre vendredi et samedi.

Codogno, qui compte 15 000 habitants, est la localité où a démarré l’épidémie italienne à partir d’un malade appelé patient 1. Le patient zéro n’a pas encore été trouvé, mais le patient 1 est considéré comme étant à la source des deux foyers existant en Italie, le deuxième se trouvant en Vénétie, près de Padoue.

Ce patient 1, cadre de 38 ans de l’entreprise anglo-néerlandaise Unilever hospitalisé depuis le 19 février, d’abord à Codogno, puis à Pavie, a involontairement contaminé sa femme enceinte, un ami, puis des habitués d’un bar de Codogno, ses médecins, du personnel sanitaire et des patients de l’hôpital local, et leur entourage.

« Controverses inutiles »

La Lombardie concentre 403 cas de contaminations sur les 650 personnes testées positivement en Italie, où le coronavirus a fait 17 morts, toutes des personnes âgées et déjà atteintes de pathologies graves.

La professeure Balotta a expliqué que l’étude de la variante italienne « permettra d’établir son parcours en Italie, les rapports entre le “cluster” [foyer] lombard et celui de Vénétie, et toutes les contagions successives ».

Le professeur Galli a balayé les « controverses inutiles » sur le fait que l’Italie aurait effectué trop de tests, ce qui expliquerait la hausse exponentielle du nombre de cas, dont une majorité de personnes pas du tout malades.

« La hausse du nombre de cas que nous voyons jour après jour ne correspond pas à de nouvelles infections, mais à des contaminations anciennes liées à des contacts » entretenus avec les premiers patients gravement malades, a-t-il souligné.

L’objectif des milliers de tests est de remonter aux premières versions du virus quand il est apparu en Italie et de trouver d’où exactement il est parti, insiste-t-il.

Selon la professeure Ballotta, « il faudra des semaines pour déterminer la date exacte de l’arrivée de cette souche en Italie, sans doute quand l’épidémie sera terminée ».

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