éducation Covid-19

De quoi aura l’air la rentrée ? Le portrait se précise dans les écoles et dans les établissements postsecondaires.

Vers une rentrée scolaire avec le masque

Le ministre de l’Éducation annoncera ce mercredi son plan révisé et fera le point sur les résultats scolaires de la dernière année

Québec — Les élèves devraient avoir à porter le masque lors de la rentrée scolaire, selon les échanges des derniers jours entre la Santé publique et le gouvernement Legault. Il restait à déterminer si ce serait dans les aires communes seulement ou aussi en classe.

Le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, fera ce mercredi, à 11 h 15, la mise à jour très attendue de son plan pour la rentrée. Le 2 juin, il disait viser une rentrée sans masques ni bulles-classes si la situation épidémiologique le permettait et à condition que 75 % des 12 à 17 ans soient adéquatement vaccinés, soit avec deux doses.

Le début d’une quatrième vague de la pandémie de COVID-19 et l’essor du variant Delta bousculent ce plan et poussent Québec à jouer de prudence.

Jusqu’ici, 82 % des 12 à 17 ans ont reçu une première dose et 47 %, une deuxième (30 % ont également pris rendez-vous pour cette deuxième dose). Rappelons qu’aucun vaccin n’a été approuvé jusqu’ici pour les moins de 12 ans ; des essais cliniques sont en cours.

Taux d’échec : « retour à la normale »

Lors de sa conférence de presse, Jean-François Roberge devrait également faire le point sur les résultats scolaires de la dernière année. Selon un rapport produit par son ministère que La Presse a obtenu, les taux d’échec en français et en mathématiques en 4e et 5secondaire sont semblables à ceux observés en 2018-2019, avant la pandémie, ou parfois un peu plus bas. Cette comparaison est cependant imparfaite, comme le document le souligne.

Le Ministère a analysé les notes finales de tous les élèves de 4e et 5secondaire que les écoles lui ont transmises à la fin de l’année scolaire. Son objectif était de comparer les résultats avec ceux des bulletins « pré-pandémie », c’est-à-dire ceux de l’année scolaire 2018-2019. Il a également comparé les résultats de quelque 15 000 élèves de la 3e et de la 6e année du primaire.

« Pour l’année scolaire 2020-2021, on observe un retour à la normale, puisque les taux d’échec observés pendant cette deuxième année de pandémie sont sensiblement similaires à ceux observés pour la dernière année pré-pandémie (2018-2019) », peut-on lire dans un rapport préliminaire daté du 5 août et préparé par la Direction générale des statistiques, de la recherche et de la géomatique. On note que « les taux d’échec avaient cependant connu une baisse en 2019-2020, première année de la pandémie, chez les élèves de 6année du primaire et de 4e et 5secondaire ».

Le Ministère précise que les comparaisons « doivent être faites avec prudence ». Au cours de la dernière année, l’enseignement s’est concentré sur les « savoirs essentiels », et les épreuves ministérielles ont été annulées en raison de la pandémie.

« Pour la 4secondaire, conclut le Ministère, les taux d’échec observés en 2020-2021 sont similaires à ceux avant la pandémie (2018-2019), alors qu’ils avaient connu une baisse en 2019-2020 », année pour laquelle le rapport ne détaille pas les résultats précis. C’est le cas en écriture, en mathématiques et en sciences. Seule variation importante : le taux d’échec a chuté de 2,4 points de pourcentage en histoire comparativement à 2018-2019.

Taux d’échec en 4e secondaire

Écriture

2018-2019 : 14,5 %

2020-2021 : 14,1 %

Écart : - 0,4

Mathématiques

2018-2019 : 15,8 %

2020-2021 : 16 %

Écart : + 0,2

Sciences

2018-2019 : 11,3 %

2020-2021 : 11,6 %

Écart : + 0,3

Histoire

2018-2019 : 11,8 %

2020-2021 : 9,4 %

Écart : - 2,4

En 5secondaire, les échecs sont moins nombreux que ceux enregistrés en 2018-2019, avant la pandémie, en écriture et en mathématiques. Mais les taux « demeurent toutefois plus élevés que ceux du début de la pandémie (2019-2020) ».

Taux d’échec en 5e secondaire

Écriture

2018-2019 : 13,6 %

2020-2021 : 10,9 %

Écart : - 2,7

Mathématiques

2018-2019 : 10,7 %

2020-2021 : 9,1 %

Écart : - 1,6

Pour le primaire, le Ministère a comparé des bulletins de juin dernier et de juin 2019 de 3e année et de 6e année. Ses conclusions sont semblables.

Une collecte d’informations a été faite auprès de 155 écoles publiques et 3 écoles privées, représentant environ 14 600 élèves. Le Ministère a retenu les matières considérées comme essentielles à la réussite scolaire : lecture, écriture et mathématiques.

Pour la 3année, « les taux d’échec sont demeurés stables, ne différant pas significativement avant ni pendant la pandémie », lit-on dans le rapport.

Taux d’échec en 3e année du primaire

Lecture

Bulletins de juin 2019 : 10,5 %

Bulletins de juin 2021 : 10,9 %

Écart : + 0,4

Mathématiques

Bulletins de juin 2019 : 8,5 %

Bulletins de juin 2021 : 8,9 %

Écart : + 0,4

En 6e année, le taux d’échec en écriture est semblable à celui observé en juin 2019, alors qu’il a baissé de 2,6 points de pourcentage en mathématiques.

Taux d’échec en 6e année du primaire

Écriture

Bulletins de juin 2019 : 6,9 %

Bulletins de juin 2021 : 7,1 %

Écart : + 0,2

Mathématiques

Bulletins de juin 2019 : 10,3 %

Bulletins de juin 2021 : 7,7 %

Écart : - 2,6

Ces résultats doivent évidemment être situés dans le contexte du programme allégé qui a été adopté par le réseau dans la dernière année. Québec reconnaît depuis des mois que des retards scolaires importants ont été accumulés durant la pandémie. Le ministre Roberge a d’ailleurs annoncé en mai un « plan de relance pour la réussite » de 110 millions de dollars.

Établissements postsecondaires

La vaccination obligatoire à l’Université d’Ottawa

Alors que certains établissements postsecondaires québécois préparent leur rentrée en adoptant des mesures plus fortes pour limiter la propagation de la COVID-19, l’Université d’Ottawa, elle, va plus loin encore : elle impose la vaccination obligatoire. À Québec, le gouvernement n’envisage pas pareille mesure pour le moment.

« Nous croyons que la santé de notre communauté est d’une importance capitale, et que nous sommes toutes et tous responsables de notre santé collective », a soutenu mardi l’Université d’Ottawa dans un communiqué paru sur son site web, justifiant sa décision d’obliger la vaccination par « les risques que posent toujours la COVID-19 et ses dangereux variants ».

Concrètement, une première dose sera exigée dès le 7 septembre, puis une deuxième dès le 15 octobre.

« [La vaccination obligatoire] aidera à assurer la sécurité de [la] communauté et à contrer la propagation du virus. »

— L’Université d’Ottawa, dans un communiqué

Des exceptions demeurent : les personnes qui ne peuvent se faire vacciner « pour des raisons médicales ou tout autre motif valable en vertu du Code des droits de la personne de l’Ontario » pourront présenter une demande d’accommodement. Les personnes non vaccinées devant accéder au campus « peuvent s’attendre à se voir imposer, par exemple, des tests de dépistage fréquents et le port du masque », a fait savoir l’Université.

Au cabinet de la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann, on confirme cependant qu’une vaccination obligatoire des étudiants pour avoir accès aux cours sur les campus « n’est pas envisagée » au Québec, puisque l’éducation est un service essentiel.

À l’UdeM, le masque partout

De son côté, l’Université de Montréal (UdeM) a annoncé mardi que le port du masque demeurera obligatoire partout sur ses campus, y compris dans les salles de classe et les bibliothèques. Vendredi, la ministre Danielle McCann avait annoncé que le masque ne serait pas requis lorsque les étudiants seront « assis dans une salle de classe, à la bibliothèque ou lors d’un repas ».

Mais l’Université de Montréal veut agir de manière « préventive », soutient la porte-parole de l’établissement d’enseignement, Geneviève O’Meara.

« On veut assurer la sécurité et la santé du plus grand nombre. On a une conseillère en santé publique et le port du masque en tout temps, c’était dans ses recommandations. »

— Geneviève O’Meara, porte-parole de l’UdeM

Elle précise que des masques continueront d’être distribués gratuitement « à l’entrée des différents pavillons » du campus. « On va aussi s’ajuster avec les directives qui viendront prochainement du gouvernement quant à l’application du passeport vaccinal », insiste Mme O’Meara.

Vendredi, peu après le point de presse de Mme McCann, l’Université McGill avait aussi annoncé son intention de maintenir la consigne du port du masque obligatoire, lequel devra être porté dans tous les lieux intérieurs du campus, y compris les salles de classe.

Les cégeps s’organisent

Sur un total de 48 cégeps, 6 établissements (Sept-Îles, Saint-Félicien, André-Laurendeau, Marie-Victorin, Rosemont et Ahuntsic) n’avaient pas une couverture vaccinale suffisante en date du 5 août. La Presse a pu confirmer que des cliniques de vaccination seront déployées à la rentrée sur au moins quatre sites. Seul le cégep de Sept-Îles attend de voir au cours des prochains jours s’il se qualifie avant de préparer des actions pour accroître la couverture vaccinale.

La direction du collège septilien, où 70,4 % des élèves sont pleinement vaccinés (pourcentage incluant la prise de rendez-vous pour la deuxième dose), montre du doigt la méthode de calcul des autorités, qui ont croisé les données de la Régie de l’assurance maladie du Québec et les codes permanents des élèves pour déterminer le taux de vaccination.

« Le Ministère a pris comme référence la session d’hiver 2021. Or, il y a des finissants qui ne reviennent pas cet automne et il y a tous les nouveaux étudiants [qui ne sont pas comptabilisés] », déplore la directrice des études, Marie-Ève Vaillancourt, dont l’établissement a fourni une nouvelle liste à la Santé publique lundi.

Au cégep de Saint-Félicien, où la couverture vaccinale se situe à 73,7 %, on déplore également que le calcul ne fasse pas de distinction entre les sites. Ainsi, les élèves du Centre d’études collégiales situé à Chibougamau et ceux des formations délocalisées jusqu’en Tunisie ont été inclus dans l’équation.

Sur les 1281 élèves de l’établissement, seulement 900 le fréquentent en présence, explique la directrice générale du cégep, Sylvie Prescott. Elle n’en tient pas rigueur au Ministère puisque la comptabilisation des taux est un « exercice très complexe ». « J’ai bon espoir qu’on sorte positif au prochain bilan », dit-elle.

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