Quelle utilité au multiple cours/bénéfice en Bourse ?

Chaque samedi, un de nos journalistes répond, en compagnie d’experts, à l’une de vos questions sur l’économie, les finances, les marchés, etc.

« J’aimerais que l’on m’explique la notion de multiple cours/bénéfice, qui est fréquemment citée sous diverses formes par les analystes et les gestionnaires de portefeuilles d’actions en Bourse. Comment ce multiple cours/bénéfice est-il calculé ? Aussi, est-ce que la comparaison de multiples cours/bénéfice entre les entreprises d’un même secteur peut servir à comparer leur niveau de cherté ou non en Bourse ? »

— Andrée Nehma et Louise Voisard

Le multiple cours/bénéfice (c/b) (on voit couramment le sigle anglais P/E) évalue la relation entre le bénéfice par action d’une entreprise et le prix de son action en Bourse. Cela en fait l’une des mesures les plus utilisées par les investisseurs pour comparer des titres en fonction de la valeur que leur attribue le marché boursier.

« C’est un outil simple et pratique pour avoir un aperçu rapide de la valeur d’une entreprise par rapport à ses comparables en Bourse. Toutefois, pour les investisseurs avertis, le multiple c/b est une mesure à très court terme qui ne permet pas de bien évaluer une entreprise en fonction de ses résultats et de ses perspectives d’affaires à long terme », avertit Yannick Clérouin, gestionnaire de portefeuille adjoint à la firme d’investissement GPS Medici.

Le calcul de base du multiple c/b d’une action négociée en Bourse comprend deux éléments : le prix courant de cette action divisé par le bénéfice net par action réalisé par l’entreprise au cours de ses quatre derniers trimestres.

Dans leurs avis aux investisseurs, certains analystes utilisent parfois une variante du multiple c/b qui considère plutôt le bénéfice anticipé par action d’une entreprise au cours de ses quatre prochains trimestres.

Comment se calcule le bénéfice par action ?

Pour l’essentiel, il s’agit de la somme que les actionnaires obtiendraient par action si une entreprise leur versait la totalité de son bénéfice net annuel.

Par exemple, si le bénéfice net d’une entreprise en 2021 s’est élevé à 100 millions de dollars et que cette entreprise avait 50 millions d’actions en circulation, le bénéfice par action (BPA) pour son exercice 2021 s’est établi à 2 $.

Quant au multiple c/b pour cette entreprise, il est calculé en utilisant ce montant de BPA – 2 $ – comme diviseur par rapport au prix courant de ses actions en Bourse.

Si le prix unitaire de ses actions est de 40 $ et que son plus récent bénéfice net par action (annualisé) était de 2 $, le multiple c/b de l’entreprise serait de 20 (40 $ par action divisé par 2 $ en BPA).

Pour les investisseurs boursiers, ce multiple c/b de 20 signifie que les actions de cette entreprise se négocient à un prix équivalant à 20 fois le bénéfice par action annualisé.

Ce multiple peut ensuite servir comme l’une des mesures comparatives de valeur boursière de cette entreprise par rapport à ses semblables, mais aussi par rapport au marché boursier en général.

« C’est l’un des principaux défis de l’utilisation du multiple c/b comme unité de mesure de comparaison de valeur boursière entre les entreprises. Il faut s’assurer d’avoir des chiffres de BPA qui soient vraiment comparables en fonction des particularités de chaque entreprise et de son secteur d’activité », signale Mark Novakoff, gestionnaires de portefeuille à la firme d’investissement Jarislowsky Fraser.

Par exemple, la comptabilisation du bénéfice net par action ne tient pas compte de la dette de l’entreprise concernée. Le multiple c/b de cette entreprise ne reflétera pas son taux d’endettement par rapport à celui des entreprises comparables.

Ainsi, même si deux entreprises ont des multiples c/b équivalents en Bourse, l’entreprise la plus endettée des deux pourrait en fait être plus vulnérable pour la bonne continuité de ses affaires.

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