COVID-19

Les décès repartent à la hausse au Québec

Après deux mois de baisse, les morts attribuables à la COVID-19 semblent repartir à la hausse au Québec. Ce rebond se concentre pour l’instant chez les Québécois âgés de 70 ans et plus. La moyenne d’âge des personnes ayant succombé à la COVID-19 depuis deux semaines est de 83 ans.

Les 29 nouveaux décès rapportés mardi portent en effet à 18 la moyenne quotidienne calculée sur 7 jours. La tendance des morts repart ainsi à la hausse à l’échelle du Québec, la moyenne provinciale ayant augmenté de 14 % sur une période d’une semaine.

Plus des deux tiers (70 %) des morts rapportées depuis deux semaines sont survenues chez des personnes qui ont contracté la COVID-19 alors qu’elles vivaient à domicile ; 16 % vivaient en CHSLD et 13 %, en RPA.

Cette hausse des morts survient alors qu’on a recensé mardi une légère baisse de deux hospitalisations. À ce jour, 1252 patients demeurent hospitalisés en lien avec le virus, dont 77 se trouvent toujours dans une unité de soins intensifs, soit une baisse de 2 cas en 24 heures sur ce plan. À ce jour, les 1252 personnes hospitalisées représentent tout de même une baisse de 13 % sur une semaine. Le nombre de patients aux soins intensifs est en baisse de 14 %.

Mardi, La Presse rapportait qu’un plateau semblait s’être installé du côté des morts, après une forte baisse observée depuis la fin de janvier. Les admissions à l’hôpital se sont aussi stabilisées à environ 80 par jour. Globalement, le nombre de personnes hospitalisées continue de diminuer parce que les sorties demeurent plus élevées, à 108 par jour en moyenne.

Les autorités ont par ailleurs signalé 935 nouveaux cas, qui portent la moyenne quotidienne à 1153. La tendance est ainsi en baisse de 7 % sur une semaine. En outre, le taux de positivité demeure élevé, à 9,9 %. Dimanche dernier, la Santé publique a en effet réalisé 11 443 tests de dépistage, un chiffre relativement stable par rapport à la moyenne hebdomadaire. Jusqu’ici, plus de 103 960 tests rapides ont été « autodéclarés » sur la plateforme du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

Côté vaccination, la campagne québécoise continue de ralentir rapidement. Lundi, à peine 4680 doses supplémentaires de vaccin ont été administrées. À ce jour, 86,6 % de la population québécoise a reçu une dose de vaccin, 82,5 % en a deux, et 49,1 % des Québécois ont reçu leur dose de rappel. Le Québec vaccine actuellement 7131 personnes par jour, en moyenne, un chiffre en forte baisse depuis la mi-janvier, alors que plus de 100 000 doses étaient administrées chaque jour.

Des ménages vulnérables durement frappés

Une analyse de Statistique Canada parue mardi a par ailleurs démontré que les personnes vivant dans des ménages à faible revenu ont présenté des taux de mortalité COVID « considérablement plus élevés (1,3 fois) que les personnes vivant dans des ménages n’ayant pas un faible revenu », entre janvier 2020 et mars 2021.

Selon les chercheurs, les Canadiens vivant dans des duplex ou des appartements situés dans des immeubles « à hauteur restreinte », voire des tours d’habitation, ont même présenté « un taux de mortalité environ 2 fois plus élevé que les personnes vivant dans des maisons individuelles ». À l’inverse, les personnes vivant dans des maisons individuelles « avaient les plus faibles taux de mortalité ».

Cette réalité s’expliquerait par le fait que les locataires d’appartements doivent « entrer plus fréquemment en contact étroit avec d’autres personnes dans des zones partagées à forte circulation comme les halls d’entrée et les ascenseurs ». « La relation entre le faible revenu et la mortalité attribuable à la COVID-19 pourrait aussi s’expliquer par le fait que les ménages à faible revenu travaillent davantage dans des professions comme les ventes, les services et les loisirs, qui exigent souvent davantage de contacts », note-t-on également.

Pour l’épidémiologiste Nimâ Machouf, ces nouvelles données confirment ce que bien des experts disent depuis le début de la pandémie : « ce sont toujours les plus pauvres qui décèdent en premier ». « La réalité, c’est que plus on est pauvre, plus on risque de vivre dans de mauvaises conditions sanitaires, et plus on risque de moins bien manger, donc d’avoir des comorbidités associées. Tout ça fait en sorte qu’on devient beaucoup plus fragile à un virus comme la COVID-19 », soutient-elle.

Cela dit, ces données ne sont que la pointe de l’iceberg, rappelle la Dre Marie-Pascale Pomey, experte en politiques publiques à l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM). « Si on connaissait l’âge, les origines socioculturelles de ces personnes, le nombre d’habitants dans les ménages visés, là, on pourrait tirer des conclusions beaucoup plus nettes », soutient-elle, en parlant de données « intéressantes » qui devront toutefois être approfondies. « En termes de solution, il faut s’assurer de rejoindre les populations défavorisées et vulnérables dans les messages de prévention liés à la COVID et s’assurer qu’elles les comprennent bien. Les organismes communautaires ont un grand rôle à jouer », rappelle aussi sa collègue Roxane Borgès Da Silva, également professeure à l’ESPUM.

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