CONSOMMATION

Les vêtements et accessoires d’occasion font un malheur chez Simons

La popularité des biens d’occasion se manifeste même chez Simons. Ses vêtements, bijoux et accessoires déjà portés remportent un succès fou auprès des consommateurs. Si ce mélange des genres est encore embryonnaire ici, il se développe rapidement en Europe.

Il n’y a pas que sur Kijiji et sur le Marketplace de Facebook que l’engouement des consommateurs pour les biens d’occasion se faire sentir.

La première fois que Simons a affiché une quarantaine de produits vintage sur son site, « en 24 heures, les intemporels de Vuitton et de Chanel étaient vendus », rapporte Océane Stanislas, acheteuse responsable des articles vintage pour Edito Simons. Et en deux jours, 60 % des articles avaient déjà trouvé preneur.

Et on ne parle pas ici de produits usagés à très bas prix. Les sacs à main Céline, Prada, Louis Vuitton et Hermès peuvent coûter jusqu’à 18 995 $. Simons vend aussi des bijoux Chanel et des articles pour hommes, comme des portefeuilles Gucci, des bracelets de cuir et des sacs de voyage. Du côté des vêtements issus des collections des années 1970 à 2000, les prix varient de 250 $ à 800 $.

« L’avantage d’acheter vintage, c’est que ça prend de la valeur, fait valoir Océane Stanislas. On appelle ça des pièces d’investissement. Plusieurs articles ont été écrits sur le fait qu’un sac Birkin d’Hermès, c’est un meilleur investissement que l’or. »

Pour ajouter cette nouvelle offre sur son site web, Simons travaille depuis septembre avec l’entreprise montréalaise LXRandCo et avec VSP Consignment, de Toronto. Ces dernières sont responsables de la sélection et de l’authentification des produits, un enjeu clé lors de la revente d’articles de luxe très copiés. La livraison des achats est aussi de leur ressort. Simons n’est donc jamais propriétaire des stocks.

Écologie, écoute, adaptation

« Je vois là un bon détaillant qui est à l’écoute de sa clientèle, qui s’adapte aux besoins et aux tendances », dit JoAnne Labrecque, experte du commerce de détail à HEC Montréal. Depuis un certain temps, il y a une réelle prise de conscience chez les consommateurs des impacts écologiques de leurs choix, rappelle la professeure.

Simons évoque justement des valeurs écologiques pour promouvoir l’achat de vêtements d’occasion. Sur son site, le détaillant reconnaît qu’il « évolue au cœur d’une industrie dont les normes de consommation et de production pourraient être grandement améliorées ».

Si le détaillant de Québec est possiblement le premier dans la province à embrasser cette idée de combiner la vente de biens neufs et usagés, la tendance est déjà bien présente en Europe. Et elle est « en forte progression », rapporte Fabien Durif, professeur au département de marketing de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et directeur de l’Observatoire de la consommation responsable.

Il cite l’exemple de Kiabi, C&A, Gémo et Zalando, des détaillants de mode qui vendent des produits d’occasion dans des espaces réservés au cœur de leurs magasins.

Le concept, signale M. Durif, a même été adopté par la chaîne de supermarchés Auchan, qui depuis près d’un an vend des vêtements déjà portés dans certains de ses points de vente.

Pression des sites spécialisés

« Pour que des acteurs classiques se mettent aussi fortement dans le seconde main, c’est qu’ils subissent une pression et une concurrence des plateformes [spécialisées dans la vente de produits d’occasion] », souligne M. Durif. Aujourd’hui, le revenu n’a plus rien à voir avec l’envie de consulter Kijiji ou LesPAC.

D’autres valeurs poussent les consommateurs, surtout les jeunes, vers ces sites.

Évidemment, on pense ici à l’écologie. Mais dans certains cas, lorsqu’il est question de produits de luxe, par exemple, « on est dans la recherche d’un produit unique ». Le détaillant « affiche sa volonté de se différencier de ses concurrents », ajoute Fabien Durif. Le client aussi veut se procurer quelque chose de spécial.

La vente de produits d’occasion de luxe n’est pas la première initiative du genre de Simons.

À l’automne 2019, dans la moitié de ses magasins, l’entreprise avait ajouté dans son rayon Twik (mode pour la jeune femme) un espace consacré à des vêtements d’occasion de diverses marques. « Ça a bien fonctionné. C’était pertinent pour la clientèle Twik, qui est très allumée par le vintage et l’écologique », relate Anne Sanfaçon, coordonnatrice au service de la publicité chez Simons.

Vendredi fou plus écolo chez IKEA

« Ce Vendredi fou, vous faites plus qu’économiser de l’argent : vous préservez l’environnement », fait valoir IKEA sur son site web. À l’occasion de cette célèbre journée de consommation, le détaillant veut faire mousser son programme de rachat de ses propres meubles usagés lancé en 2018. Il offre donc un crédit d’une valeur deux fois supérieure à la valeur de revente des meubles. IKEA a été un précurseur avec son initiative Revendez-les. « IKEA contrôle la qualité du produit et va ainsi chercher une clientèle qui n’a pas le goût d’être en relation avec la personne qui vend et de se demander si le meuble est en bon état », explique Fabien Durif.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.