2,4 milliards pour « gérer le trafic » des satellites
Paris — Au rythme où se multiplient les satellites et les différents débris dans l’espace, le besoin d’une solution pour « gérer le trafic » commence à se faire de plus en plus pressant. La seule solution en vue, NorthStar, est montréalaise et son actionnaire principal, Charles Sirois, arpentait les couloirs du Bourget la semaine dernière, à la recherche de fournisseurs et de 2,4 milliards de dollars en financement.
« Montréal risque de devenir le centre de contrôle de l’espace et de la supervision de l’état de notre Terre, s’enthousiasme M. Sirois. Beaucoup d’États disent qu’il faut faire quelque chose et on est la seule solution. »
NorthStar Ciel et Terre a jusqu’ici fait l’objet d’investissements d’environ 86 millions provenant notamment des familles Sirois et Rogers, mais aussi des gouvernements fédéral et provincial et de Space Alliance, une coentreprise des géants européens Thales (France) et Leonardo (Italie).
Son plan consiste à lancer 40 satellites dotés de capteurs pointés vers la Terre et vers l’espace. Les premiers serviront à évaluer la composition chimique à la surface, avec des applications prometteuses en agriculture et en surveillance des oléoducs et des forêts, notamment.
Les seconds permettront de mieux suivre les milliers de satellites et de débris qui entourent la Terre, rendant de plus en plus périlleuse leur propre existence. La plupart de ces objets sont actuellement trop petits pour que leur parcours soit suivi avec précision à partir de la Terre, ce qui rend difficile la tâche de prévenir les collisions.
C’est sur ce deuxième aspect que NorthStar met l’accent dans le cas du Salon du Bourget, consacré à l’aéronautique et l’aérospatiale.
« On prévoit pouvoir suivre environ 500 000 débris », affirme M. Sirois.
Pour lancer 40 satellites, 86 millions, c’est beaucoup, mais c’est peu. NorthStar est maintenant à la recherche d’environ 2,4 milliards de dollars supplémentaires.
« On saura d’ici décembre si c’est financé », estime M. Sirois.
Il a bon espoir d’y parvenir, et assure que le contrôle de l’entreprise restera canadien, peu importe la provenance des fonds.
« Les États-Unis dominent l’internet parce qu’ils ont eu Microsoft, Google, Facebook, etc. NorthStar peut être le Google ou le Facebook du Canada. »
C’est qu’au-delà des satellites eux-mêmes, dont la technologie sera relativement commune, ce qui distingue le projet de NorthStar est l’immense flux de données qu’il rapportera vers Montréal, où il devra être traité notamment grâce à l’intelligence artificielle. L’entreprise y voit l’occasion de construire à Montréal un premier vrai champion de l’intelligence artificielle appuyé par ses propres données.
« Notre plan est d’avoir environ 400 personnes à Montréal, estime M. Sirois. Mais ça va aussi développer autour une industrie pour créer des applications qui vont exploiter ces données. On ne fera pas tout nous-mêmes. »