Pédophilie  Science

La pédophilie semble ancrée dans le cerveau

Tendance naturelle ? Trouble psychiatrique ? Conséquence d’événements vécus dans l’enfance ? Les causes de la pédophilie font encore l’objet de débats. Mais les plus récentes découvertes tendent à montrer que cette attirance pour les enfants serait au moins en partie gravée dans le cerveau des individus.

« Ces gens n’ont pas demandé à être intéressés sexuellement par les enfants. C’est quelque chose qui est ancré profondément dans leur cerveau », tranche James Cantor, psychologue clinicien au Centre for Addiction and Mental Health de Toronto.

En scrutant le cerveau de nombreux pédophiles grâce à l’imagerie par résonance magnétique, le Dr Cantor a découvert que « leur réseau sexuel est organisé différemment ».

Les chercheurs ont aussi découvert que 30 % des pédophiles sont gauchers ou ambidextres, un chiffre au moins trois fois plus élevé que dans la population. Selon le Dr Cantor, il s’agit d’un « indice fort » qui montre que la pédophilie résulte d’un développement du cerveau qui modifie plusieurs fonctions à la fois. Comme le fait d’être gaucher se développe entre la 8e et la 12e semaine de grossesse, le Dr Cantor suppose que la pédophilie se développe aussi avant la naissance de l’individu.

Le psychologue Hubert Van Gijseghen, sans nier les facteurs génétiques, croit plutôt que ceux-ci créent une « prédisposition » à la pédophilie, qui serait ensuite déclenchée par des facteurs environnementaux ou relationnels.

« On en sait encore très peu là-dessus », précise-t-il toutefois.

Il reste que les deux spécialistes considèrent la pédophilie comme une « orientation sexuelle » qui, comme l’hétérosexualité ou l’homosexualité, n’est ni choisie ni modifiable. Évidemment, contrairement à l’hétérosexualité ou à l’homosexualité, la pédophilie entraîne des conséquences dramatiques aussitôt que l’individu quitte le monde des fantasmes pour passer à l’acte.

Il y a aussi le cas des gens qui ont subi des agressions sexuelles dans leur enfance et qui, à leur tour, agressent des enfants une fois adultes. Selon James Cantor, la relation n’est cependant pas aussi directe.

« Ce qu’on observe, c’est que les gens qui ont grandi dans un environnement chaotique ont tendance à reproduire un environnement chaotique, dit-il. Cet environnement peut se traduire par plusieurs problèmes, parmi lesquels on compte les agressions sexuelles sur des enfants. »

Selon lui, les victimes d’agressions, même si elles peuvent commettre des crimes sexuels contre des mineurs plus tard, ne sont pas des pédophiles comme le sont ceux sont qui fantasment uniquement sur les enfants.

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