OPINION ÉLECTIONS MUNICIPALES 2017

Élevez votre jeu d’un cran

En vue des élections municipales du 5 novembre prochain, nous publions aujourd’hui et dans les prochains jours une sélection d’enjeux auxquels les candidats devraient porter une attention particulière.

Montréal pour tous participe assidûment, par le dépôt notamment de recommandations et de mémoires, aux divers forums de consultation publique institués par la Ville de Montréal, sur des sujets d’importance tels que les prévisions budgétaires des services et organismes de compétence municipale, le programme triennal d’immobilisations (PTI), l’évaluation foncière, etc.

Notre groupe a pour philosophie qu’une ville doit d’abord bien gérer ses revenus et ses dépenses. Bon nombre de citoyens viennent à l’hôtel de ville pour échanger sur les finances municipales. Il faudrait être beaucoup plus nombreux ! Depuis 2014, la Ville encourage la participation publique en offrant beaucoup plus d’informations, notamment sur son site internet. Pourquoi n’est-il pas possible d’aller plus loin et de fournir budgets et PTI deux semaines à l’avance tel que nous le demandons ? Comment le citoyen peut-il se faire une idée à deux jours d’avis sur des documents de 300 pages chacun ? Et avoir le goût de venir et revenir à ces instances ouvertes au public ?

En période de campagne électorale, les citoyens expriment de nombreuses demandes et les candidats promettent plusieurs dépenses et réalisations. Et ce, toujours pour des sommes qui dépassent les possibilités réelles actuelles. Voici comment nous pensons que citoyens, élus et fonctionnaires de Montréal peuvent éviter ces ornières classiques.

La Ville a grand besoin d’un plan stratégique sur 20 ans proposant une vision enlevante du Montréal de demain.

« Un plan stratégique doit comporter les objectifs poursuivis et les axes d’intervention retenus pour les atteindre. Il doit faire état des résultats visés au terme de la période couverte par le plan, mais aussi des indicateurs utilisés pour mesurer leur atteinte. » (Jean-Marc Salvet, Le Soleil, 10 octobre 2017). Montréal a plusieurs plans stratégiques par activités, dans le domaine de l’eau, de la culture, de la conservation du Patrimoine, de l’économie du centre-ville, etc., mais aucun plan stratégique d’ensemble alors que Calgary en a un ! Candidats, candidates, selon vous, qui va faire un tel plan, comment et quand ?

Un plan inclut des priorités, des choix qui auront été discutés avec les citoyens et acceptés socialement. Alors les priorités de tel maire ou de tel parti auront été mieux chiffrées, évaluées, comparées puis planifiées. Les coûts et avantages comparés d’une course électrique, d’un deuxième stade de baseball, d’une nouvelle ligne de métro, d’infrastructures routières plus fluides ou autres seront mis en débat public et ouvert. Puis les élus trancheront.

Un tel processus permettra d’éviter la dispersion des projets et l’escalade incontrôlée des dépenses.

Parlant du Réseau électrique métropolitain (REM), le professeur à l’École d’urbanisme de l’Université McGill, Richard Shearmur, va dans ce sens : « Je n’ai pas vu de bonnes études expliquant pourquoi investir tous ces milliards dans le REM […] la vraie question, c’est de savoir ce qu’on va perdre en investissant 6 milliards et pourquoi on fait ce choix. Est-ce le meilleur projet qu’on puisse faire avec cet argent ? » Ce dont la grande région de Montréal a besoin, c’est d’un plan global, pas de projets à la pièce, selon l’inspiration du moment.

Un tel plan doit inclure des indicateurs mesurant l’atteinte des résultats escomptés. L’administration Coderre a institué le « Service de la performance organisationnelle » qui doit proposer des réformes visant l’efficacité de l’organisation, la simplification des processus et activités, la mesure des résultats, l’étalonnage avec les meilleures organisations comparables, ceci pour dégager, au bout du compte, des économies.

En 2014, la Ville s’est jointe, par ailleurs, à l’Ontario Municipal Benchmarking Initiative (OMBI), qui compile les données de plus d’une dizaine de villes du pays selon des indicateurs précis, permettant de comparer les différentes façons de faire. Bravo ! Il reste, par contre, beaucoup à faire dans le suivi des grands projets : c’est une chose de claironner que la Ville a dépensé une bonne partie de son budget annuel dans les travaux d’infrastructures, encore faut-il que ces mêmes travaux aient été réalisés dans le respect des échéanciers imposés et que, surtout, on en ait eu pour notre argent, selon les spécifications prescrites ! Et ça, actuellement, les documents rendus publics ne le disent pas ! Qu’en pensent les aspirants au poste de maire de Montréal ?

Les citoyens de Montréal doivent suivre de beaucoup plus près « leur argent », les fonctionnaires et élus doivent, de leur côté, faire preuve d’une plus grande rigueur. On parle ici de tout près de 7 milliards de dollars par année !

* Pierre Pagé, Johanne Dion, Jeanie Baudchon, Lucille Mallette, Lise Lauzon et Gilles Thériault

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