COVID-19

« En mode désastre »

Les États-Unis comptent désormais le plus grand nombre de cas officiels d’infection à la COVID-19 dans le monde, devant la Chine et l'Italie

Les États-Unis ont dépassé la Chine et l’Italie quant au nombre de personnes officiellement infectées par le nouveau coronavirus, alors que les urgences de New York croulent sous la demande et que le président Trump accuse les médias de vouloir lui nuire en réclamant la fermeture du pays.

On dénombrait 85 653 cas d’infection à la COVID-19 aux États-Unis jeudi soir, soit quelques centaines de plus que la Chine et l’Italie, respectivement les épicentres asiatique et européen de la crise. Plus de 1200 personnes sont mortes aux États-Unis en raison du virus.

À New York, où l’on compte plus de 37 000 cas de COVID-19, le Dr Craig Spencer, qui travaille aux urgences à traiter exclusivement des cas d’infection au nouveau coronavirus, a dit sur Twitter que la crise de la COVID-19 était pire que l’épidémie de fièvre Ebola – maladie dont il a lui-même été atteint en soignant des patients.

« J’ai survécu à l’Ebola. La COVID-19 me fait peur. Bientôt, nos hôpitaux seront dépassés par la crise », a-t-il écrit, implorant le public de rester à la maison pour ralentir la propagation.

Mercredi soir, les services d’urgences 911 de New York ont reçu 6406 appels pour des urgences médicales, le plus grand volume jamais enregistré, qui dépassait même le nombre d’appels reçus le 11 septembre 2001. Une médecin de Brooklyn a dit au New York Times que son hôpital surchargé était « en mode désastre ».

Au même moment, tard mercredi soir, le Sénat approuvait un plan historique de 2000 milliards de dollars pour soutenir la première économie mondiale.

Ailleurs aux États-Unis, le nombre d’infections est aussi en forte progression. C’est le cas de la Louisiane, avec 2305 cas déclarés de la maladie, qui a fait 83 morts. L’État est passé de 0 à plus de 1000 cas en deux semaines, plus vite que partout ailleurs dans le monde, selon une étude de l’Université de Louisiane.

« La région de La Nouvelle-Orléans est une sorte d’épicentre du coronavirus dans l’État », a dit sur CNN le responsable local du département de la Sécurité intérieure, Collin Arnold.

Le célèbre carnaval du Mardi gras de La Nouvelle-Orléans est montré du doigt comme l’accélérateur de la propagation de la COVID-19. Le carnaval, qui a culminé le 25 février avec une grande fête réunissant des centaines de milliers de personnes en provenance du monde entier, est considéré comme à l’origine de nombreuses contaminations.

À cette date, le président Donald Trump disait que les États-Unis seraient peu ou pas touchés par l’épidémie de COVID-19.

La popularité de donald Trump en hausse

Donald Trump, qui laisse planer la fin des confinements et le retour à la normale aux États-Unis dès le 12 avril, a écrit mercredi soir que ce sont les « mauvais médias » qui militent pour l’arrêt des activités économiques aux États-Unis dans le but de nuire à sa réélection.

Vivement critiqué pour avoir minimisé la menace du nouveau coronavirus au début de la crise, Donald Trump a vu sa popularité monter dans les plus récents sondages. Quelque 60 % des répondants approuvent sa gestion de la crise du nouveau coronavirus, tandis que la cote d’approbation du président lui-même a monté de 4 points de pourcentage, pour s’établir à 49 %, soit un sommet pour sa présidence.

« En temps de crise, les gens appuient leur chef, peu importe qui loge à la Maison-Blanche, et même quelqu’un comme Trump en bénéficie », explique en entrevue téléphonique Jaime A. Regalado, analyste politique et professeur émérite de sciences politiques à la California State University.

Le président, dit-il, est plus populaire pour deux raisons. « Premièrement, le niveau de peur est en hausse dans la population. Deuxièmement, vers qui vous tournez-vous, sinon vers un président qui donne l’apparence de faire les bonnes choses après avoir minimisé le problème le mois dernier ? »

« Trump est passé maître dans l’art de la mise en scène. »

— Jaime A. Regalado, analyste politique et professeur émérite de sciences politiques à la California State University

M. Regalado ne croit pas que ce soutien va nécessairement durer. « Attendons de voir si les billions de dollars votés par le Congrès vont vraiment atteindre les gens. Si les gens continuent de souffrir et que l’argent va aux entreprises, je crois qu’on va voir le mécontentement grossir. »

Michael LaBossiere, auteur, professeur de philosophie à la Florida A&M University et spécialiste des théories du savoir, explique qu’encore une fois, Donald Trump semble réussir à éviter de porter la responsabilité de la mauvaise préparation à la crise, tout en laissant croire aux gens qu’il ne veut que passer à l’action, mais que les médias et les démocrates l’en empêchent.

« Comme on le dit souvent à propos de Trump, ce qui serait fatal pour n’importe qui d’autre semble lui permettre de tirer un avantage de la situation. S’il parvient à jouer la carte de la xénophobie et à rejeter la faute sur les autres pour les échecs tout en s’attribuant le mérite pour le travail des autres, je ne serais pas surpris de voir Trump l’emporter à nouveau en novembre. Trump est constamment pris dans ses défauts, mais semble toujours parvenir à s’en tirer malgré tout. »

— Avec l’Agence France-Presse

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