COVID-19

TOUt le québec à risque

Exit les « zones chaudes » : la transmission communautaire de la COVID-19 s’étend désormais à l’ensemble de la province, confirme la Santé publique. Parallèlement, Québec centralise son approvisionnement en médicaments afin de prévenir les pénuries. Et des patients présumés guéris déplorent qu'on leur refuse un test confirmant qu'ils ne sont plus contagieux. Compte rendu d'une (autre) journée remplie.

COVID-19

La transmission communautaire partout dans la province

Québec — Limitée jusqu’ici à quelques « zones chaudes » de Montréal et de l’Estrie, la transmission communautaire du coronavirus s’étend désormais à l’ensemble du Québec. « Toute personne qu’on ne connaît pas » doit être présumée porteuse de la COVID-19, estime le directeur national de santé publique, le Dr Horacio Arruda.

Une proportion importante des nouveaux cas confirmés de COVID-19 – dont le total atteint maintenant 6997, en hausse de 896 en 24 heures – n’est pas liée à un séjour à l’étranger. De plus en plus, aux quatre coins du Québec, on découvre la maladie chez des personnes qui n’ont ni voyagé ni été en contact avec des voyageurs. Le virus se propage dans la population en général.

« Nous recommandons de considérer l’ensemble du Québec comme ayant de la transmission communautaire. Ce que ça veut dire, c’est qu’actuellement, il y a encore des gens qui pourraient introduire [le virus] par le voyage, mais le facteur principal d’acquisition de la maladie est au Québec actuellement », a déclaré le Dr Arruda, samedi.

Au début de la pandémie, après la semaine de relâche, « 90 % des gens qui avaient la maladie [revenaient] de voyage », mais « actuellement, le bombardement par les voyageurs est en diminution ».

« On doit considérer toute personne qu’on ne connaît pas – puis ce n’est pas pour donner de la méfiance, là – comme étant potentiellement porteu[se], de telle sorte qu’on ne prend pas de chance. »

— Le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique du Québec

Il était inévitable que les autorités constatent une généralisation de la transmission communautaire, malgré les mesures de confinement. Jusqu’à tout récemment, le Québec réservait les tests de dépistage aux voyageurs symptomatiques. Comme on dépiste maintenant un peu plus largement, en fonction d’un nouvel ordre de priorité, on découvre des cas qu’on ne peut lier à un séjour à l’étranger.

Le gouvernement Legault a révélé que 14 Québécois ont succombé à la COVID-19 en 24 heures, faisant passer le total des décès à 75. On compte maintenant 478 personnes hospitalisées (+ 49), dont 130 se trouvent aux soins intensifs (+ 8).

« On a aujourd’hui des chiffres, somme toute, encourageants du côté des hospitalisations, quand on regarde le ratio par rapport au nombre de cas », a commenté le Dr Arruda. Québec avait anticipé un taux d’hospitalisation de 15 %, on est plutôt à 6,8 %. Mais il y a plus de personnes que prévu aux soins intensifs.

Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, 64 % des 1100 lits de soins intensifs étaient occupés au Québec samedi après-midi. À Montréal, la proportion de lits occupés était de 80 %.

DÉNONCIATION ET SANCTION

« Avec le nombre de cas qui augmente, le nombre de décès, on ne peut plus accepter que des individus, des personnes, des groupes de personnes isolés continuent de miner les efforts collectifs », a soutenu la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault. Elle incite à la dénonciation, car « on ne veut plus voir de rassemblements, ni extérieurs ni intérieurs », et « on ne veut plus voir de commerces et de services non essentiels qui continuent de fonctionner ».

« Si vous êtes témoin de ces situations-là, dénoncez-les, signalez-les à vos forces de l’ordre », a-t-elle lancé, tout en demandant de ne pas « sombrer dans la paranoïa collective ».

Les policiers sanctionneront d’ailleurs plus facilement ceux qui ne respectent pas certaines règles de confinement.

En vertu d’une décision du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), les agents de la Sûreté du Québec et du Service de police de la Ville de Montréal pourront désormais remettre sur-le-champ un constat d’infraction et imposer une amende de 1000 $ à toute personne qui participe à un rassemblement intérieur ou extérieur interdit.

Jusqu’ici, un policier qui intervenait pour disperser des personnes rédigeait un rapport d’infraction générale. Ce rapport était ensuite transmis au DPCP et pouvait mener à une amende de 1000 $ à 6000 $. Le constat d’infraction n’était pas remis sur-le-champ aux contrevenants. Un tel processus entraîne des délais susceptibles de réduire l’effet dissuasif de la mesure dans le contexte actuel.

Vendredi, le premier ministre François Legault a convenu que ce système était « un peu lourd », tout en disant qu’il fonctionnait malgré tout. Il n’excluait pas des changements.

Le DPCP a annoncé samedi de nouvelles façons de faire. Il a « autorisé la Sûreté du Québec (SQ) et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à délivrer des constats d’infraction abrégés (constats portatifs) pour l’infraction prévue à l’article 123 paragraphe 8 de la Loi sur la santé publique qui interdit les rassemblements intérieurs et extérieurs. Comme il s’agit d’un constat portatif signifié sur-le-champ par l’agent de la paix, l’amende prévue est de 1000 $ », a-t-il indiqué. « Avant de le permettre à d’autres corps de police » que la SQ et le SPVM, le DPCP « s’assurera de mettre en place une logistique adéquate auprès de ceux-ci ».

Deux régions fermées de plus

Québec ferme par ailleurs deux régions de plus : Charlevoix et la ville de Rouyn-Noranda. Les allées et venues y sont interdites, sauf dans le cas de déplacements jugés essentiels. Des barrages policiers assurent le contrôle.

« Nous avions fait une demande en ce sens parce qu’on pensait que c’était pertinent de le faire. [...] Toute la région est solidaire de la décision. »

— Diane Dallaire, mairesse de Rouyn-Noranda

Plus de 60 des 76 cas confirmés de COVID-19 en Abitibi-Témiscamingue se trouvent dans cette ville, et un foyer d’éclosion y a été déclaré dans une résidence pour personnes âgées. On déplore deux décès à Rouyn-Noranda.

Dans Charlevoix, des maires réclamaient déjà au gouvernement l’installation de points de contrôle routier. Un groupe Facebook « pour la fermeture » de la région comptait près de 6000 membres, samedi. Une pétition avait été lancée.

Il y a moins de 10 cas confirmés de COVID-19 dans Charlevoix. « La région est relativement épargnée par rapport à d’autres et nous souhaitons que cela demeure ainsi », a expliqué le directeur régional de santé publique, le Dr François Desbiens.

Québec centralise l’achat de médicaments

Par crainte d’une pénurie, le gouvernement Legault centralise l’achat de médicaments et est à la recherche de produits pouvant remplacer le propofol, un anesthésique très utilisé.

« La situation des masques N95 s’est un peu améliorée », estime Québec, ce qui permettra finalement de réaliser « quelques » opérations semi-urgentes en oncologie au cours de la semaine. Il avait décrété le report de toutes les opérations non urgentes en raison de la pandémie.

La Presse révélait samedi que Québec avait envoyé des consignes aux médecins et aux pharmaciens pour ménager les réserves de médicaments, dont le propofol. Ce dernier est largement utilisé en anesthésie et donc utile pour soigner les malades souffrant de la COVID-19.

« Nous risquons de nous trouver en pénurie mondiale de propofol. Dans un contexte où nous sommes à risque d’avoir un besoin accru de cette molécule, nous vous demandons d’utiliser celle-ci avec le plus de parcimonie possible », peut-on lire dans la note de service.

Le président de la Société des intensivistes du Québec, le Dr Germain Poirier, indiquait à propos du propofol qu’« aujourd’hui, on n’en manque pas », mais disait ignorer si les réserves seraient suffisantes « dans une semaine ou deux ».

La ministre de la Santé et des Services sociaux, Danielle McCann, n’a pas été en mesure de préciser l’état des réserves de propofol, samedi. Elle a promis un état de situation au cours des prochains jours. Elle a toutefois indiqué que le gouvernement cherchait des solutions de rechange.

« On a un travail qui se fait actuellement et on va regarder des médicaments qui peuvent être utilisés en substitution de certains médicaments comme le propofol […], même des anciens médicaments qu’on utilisait dans le passé. »

— Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec 

Elle a évoqué qu’il y avait « probablement d’autres possibilités » auprès des fournisseurs, sans donner plus de précisions.

Elle a en outre appelé le réseau de la santé à être « très, très rigoureux dans l’usage de médicaments, dont le propofol ».

Comme il l’a déjà fait pour les équipements de protection tels les masques, Québec a décidé de centraliser l’achat de médicaments au ministère de la Santé. Ce ne sont plus les établissements qui s’approvisionnent directement auprès des fournisseurs. « Dans une situation d’urgence sanitaire, c’est ce qu’on fait pour vraiment avoir le plus de rigueur mais aussi d’équité possible », a expliqué Danielle McCann.

« Un peu améliorée »

Vendredi, le premier ministre François Legault a indiqué que le Québec avait des réserves de masques N95 pour huit jours. Sans préciser de nouveau délai, Mme McCann a soutenu samedi que « la situation des masques s’est un peu améliorée ».

Par conséquent, « on va être capables, la semaine prochaine, d’ouvrir quelques jours pour des interventions semi-urgentes, notamment en oncologie, dans toute la sphère du cancer ».

Rappelons que le gouvernement avait décidé de reporter toutes les opérations non urgentes. Ce délestage visait à préparer le réseau à une vague de malades atteints de la COVID-19. Des hôpitaux avaient donc annoncé aux patients le report d’opérations.

« J’ai beaucoup d’empathie pour les gens qui ont certaines problématiques, notamment un cancer, et qui attendent pour certaines interventions, a dit Mme McCann. C’est sûr que la situation maintenant nous permet de rouvrir un peu plus. »

Qui seront les heureux élus, ces « quelques cas semi-urgents » qui pourront être traités ? « Il y a tout un travail qui se fait dans les hôpitaux par des comités cliniques » et « des évaluations très, très rigoureuses » sont réalisées, a indiqué Mme McCann.

Des millions de masques en route

À Ottawa, Justin Trudeau a indiqué que le Canada attendait une cargaison de sept à huit millions de masques chirurgicaux en provenance de la Chine. « Dans les 48 prochaines heures, un avion-cargo nolisé arrivera avec à son bord des millions de masques », a affirmé le premier ministre lors de sa conférence de presse quotidienne à sa résidence. 

« Et à l’avenir, nous noliserons des vols de Cargojet et d’Air Canada, notamment, pour ramener du matériel ici », a-t-il poursuivi. Au moment où l’on écrivait ces lignes, samedi, les fournitures se trouvaient dans un entrepôt, prêtes à être expédiées, a précisé une source gouvernementale.

Justin Trudeau n’a pas annoncé de nouveau développement concernant le différend avec les États-Unis, qui ont frappé l’entreprise 3M d’une interdiction d’acheminer vers d’autres pays, dont le Canada, des masques N95. L’administration Trump a invoqué le Defense Production Act (DPA), une loi remontant à la guerre de Corée, afin de s’assurer que l’approvisionnement de cet équipement protecteur crucial pour les professionnels de la santé soit réservé aux Américains.

Après avoir qualifié cette décision d’« erreur », M. Trudeau a réitéré samedi que son gouvernement tâchait de convaincre la Maison-Blanche que le gel des exportations de matériel médical nuisait aux deux pays. 

« Que ce soit des médecins ou des infirmières qui travaillent le long de la frontière, que ce soit des produits comme des gants, comme des tests de dépistage que nous envoyons aux États-Unis, nos économies sont tellement connectées que ça ferait du mal à nos deux pays de bloquer ces chaînes d’approvisionnement. »

— Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Ni lui ni Services publics et Approvisionnement Canada n’ont voulu préciser quel pourcentage des millions de masques récemment commandés devait venir des États-Unis. Et le premier ministre a refusé de dire si le Canada pourrait ou comptait riposter avec des mesures de représailles – Ottawa a un levier, en quelque sorte, puisque les Américains comptent sur la pâte à papier canadienne pour fabriquer les masques médicaux. Depuis le début de la crise, certaines usines canadiennes, notamment en Colombie-Britannique, tournent à plein régime pour satisfaire aux demandes de clients américains.

En conférence de presse à la Maison-Blanche, vendredi, Donald Trump a reconnu que la pilule avait été dure à avaler pour les pays concernés, et n’a affiché aucune intention de changer son fusil d’épaule. « Je ne leur en veux pas. Ils peuvent riposter s’ils le veulent », a-t-il déclaré en parlant de ces pays. « Nous sommes contrariés par 3M. Nous sommes contrariés », a ajouté le président des États-Unis, qui sont devenus le principal foyer de la pandémie à l’échelle mondiale.

Si M. Trump ne fait pas marche arrière, quel impact cela pourrait-il avoir sur l’approvisionnement au Canada ? Justin Trudeau n’a pas voulu répondre à cette question. Il a toutefois dit qu’à « moyen terme », on pourrait se tourner vers les industries canadiennes qui se sont mobilisées pour se mettre à la production de matériel médical, et qu’à « court terme », des livraisons en provenance d’autres pays seraient là pour fournir le nécessaire au réseau de la santé.

« Il y a une compétition globale assez féroce », a souligné Justin Trudeau derrière le lutrin installé devant sa résidence de Rideau Cottage. En date du 4 avril, il y avait plus de 300 000 cas de COVID-19 aux États-Unis. À l’échelle mondiale, on recensait 1,2 million de cas et près de 65 000 morts, selon les données du Center for Systems Science and Engineering de l’Université Johns Hopkins.

COVID-19

Des malades déplorent l’absence de test confirmant leur guérison

Ils ont eu la COVID-19. Après deux jours sans fièvre et sans symptômes, on leur a dit qu’ils ne l’avaient plus. Mais sans leur permettre d’en avoir le cœur net, puisqu’on leur refuse l’accès aux tests de dépistage, faute de ressources.

Cette incertitude indispose plusieurs personnes qui se relèvent de la maladie et qui viennent de passer 14 jours en quarantaine.

C’est le cas de Stevens Sarazin, à qui on avait pourtant dit qu’il devrait avoir deux tests négatifs, après sa maladie, pour confirmer qu’il était guéri et qu’il n’était plus contagieux.

Mais à la fin de sa quarantaine, le 1er avril, le discours avait changé. « L’infirmière m’a dit qu’après 48 heures sans symptômes, la maladie était partie, que je n’étais plus à risque, mais que je n’aurais pas de test pour vérifier, en raison du manque d’effectifs », relate M. Sarazin.

Ce changement dans les directives inquiète ce résidant de L’Assomption, dans Lanaudière. Il craint, même sans symptômes, d’être toujours contagieux et de contaminer sa conjointe, qui travaille dans le milieu de la santé, ses quatre enfants, âgés de 18 mois à 18 ans, ainsi que ses beaux-parents, qui leur prêtent main-forte avec la famille.

Même inquiétude pour Sébastien Corbeil et son conjoint Patrick Lowe, qui ont eu un test positif à la COVID-19 au retour d’un voyage dans le sud des États-Unis. Ils ont été très malades, surtout M. Corbeil, qui se porte heureusement beaucoup mieux

« Nous sommes tous les deux en forme, on s’entraîne, on court des marathons, mais là, pour la première fois de ma vie, j’ai eu peur de mourir. »

— Sébastien Corbeil

Le Montréalais ne comprend pas, lui non plus, pourquoi on ne les envoie pas passer un test de dépistage pour confirmer qu’ils peuvent sortir de leur quarantaine sans crainte d’infecter les gens autour d’eux.

« Ils nous disent qu’on est guéris, mais on n’en est pas certains », dit-il.

Marie-Noëlle Théorêt se pose les mêmes questions, après une maladie et une réclusion qui l’ont tenue à l’écart de ses deux enfants.

Elle est d’autant moins rassurée que le suivi qu’elle a eu pendant sa maladie n’a pas été optimal. « Je devais avoir un appel quotidien, mais c’est plutôt moi qui ai dû téléphoner, parce qu’on ne m’appelait pas », raconte la Lavalloise.

Elle a aussi eu des informations contradictoires, pendant sa convalescence, au sujet des tests de suivi pour confirmer qu’elle n’était plus infectée.

Nouvelles priorités

Cette confusion découle des nouvelles consignes pour les tests de dépistage, émises le 30 mars dernier. Les tests sont maintenant réservés aux cas prioritaires – par exemple les patients hospitalisés ou les professionnels de la santé ayant des symptômes de COVID-19.

Les voyageurs ayant développé des symptômes ou les autres personnes symptomatiques ne sont plus testés systématiquement.

Ce changement dans les priorités était nécessaire en raison de l’« augmentation considérable du nombre de prélèvements », qui « excède largement la capacité de tester du système de santé, et ceci malgré une amélioration substantielle de cette capacité de tester », explique le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

« Nous considérons que dans certains cas, les tests pour confirmer la guérison ne [sont] pas nécessaires ou prioritaires », indique un porte-parole du MSSS dans un courriel adressé à La Presse.

« Toutefois, une personne est considérée comme guérie en fonction de l’évaluation du médecin traitant ou du professionnel désigné pour assurer le suivi. Il décidera si l’évaluation doit se faire par test ou par évaluation épidémiologique. Dans son évaluation, celui-ci considère l’ensemble des mesures suivantes avant de décider de lever les mesures d’isolement : absence de symptômes aigus depuis 24 heures (excluant la toux résiduelle qui peut persister), absence de fièvre depuis 48 heures (sans prise d’antipyrétiques), période d’au moins 14 jours écoulée depuis le début de la maladie aiguë. Il est important, malgré que les personnes ont fait la maladie, de continuer à suivre les mesures adoptées par le gouvernement. »

Les personnes à qui nous avons parlé ne sont cependant pas satisfaites du suivi reçu pendant leur maladie, ce qui explique leur inquiétude quant à la fin de leur quarantaine.

« On a l’impression d’être laissés à nous-mêmes », se désole Sébastien Corbeil.

« On a vérifié si j’avais fait de la fièvre depuis 48 heures, mais moi, je n’ai presque pas fait de fièvre pendant toute la durée de ma maladie, révèle Marie-Noëlle Théorêt. J’ai encore un doute qui persiste. »

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