Risque d’intoxication alimentaire

Attention aux betteraves crues

Les betteraves crues peuvent causer des intoxications alimentaires, un phénomène méconnu que les chercheurs n’ont pas encore résolu. Au cours des cinq dernières années, le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et des Pêcheries (MAPAQ) a répertorié une centaine d’intoxications attribuables à la consommation de betteraves crues, dont 70 en 2014-2015, 24 l’année suivante et 14 en 2017, en avril, mai et août.

Les symptômes ressentis sont des vomissements intenses dans les minutes suivant la consommation du légume. Dans la majorité des cas, les symptômes se sont manifestés avant même la fin du repas, précise Danielle Ramsay, coordonnatrice provinciale aux toxi-infections alimentaires du MAPAQ. Les victimes se sont toutefois rétablies rapidement, habituellement en quelques heures.

La majorité des cas rapportés sont survenus dans des restaurants, mais plusieurs ont aussi été signalés grâce à la ligne téléphonique d’urgence du Ministère pour les cas d’intoxication alimentaire (1 800 463-5023). Selon Mme Ramsay, il ne s’agit que de la pointe de l’iceberg, comme c’est souvent le cas lors d’intoxications alimentaires. « Les symptômes se manifestent si rapidement et durent si peu de temps, contrairement à une gastroentérite, par exemple, que les gens ne prennent pas la peine de consulter un médecin ou de nous aviser. »

Seules des betteraves rouges qui avaient subi une période d’entreposage sont en cause et aucune ne provenait d’un potager domestique. La plupart étaient servies crues en salade. Les inspecteurs du MAPAQ sont entrés en contact avec les restaurateurs et les distributeurs impliqués, mais n’ont pas réussi à déterminer la cause des malaises. Aucun problème d’hygiène ou de contamination n’a été détecté.

« Nos chimistes ont tout fait pour découvrir la cause exacte de l’intoxication, mais n’y sont pas parvenus »

— Danielle Ramsay, coordonnatrice provinciale aux toxi-infections alimentaires du MAPAQ

On s’accorde cependant à dire qu’un facteur chimique est sans doute responsable. Chose certaine, le problème n’est jamais survenu avec des betteraves cuites. Mme Ramsay souligne que le légume était souvent servi sous forme de spirale. Un conseil : si vous voulez servir des betteraves crues, consommez celles du potager dès la cueillette ou achetez celles en bottes avec leurs feuilles dans les marchés ou les épiceries pour éviter tout risque d’intoxication. 

En Europe aussi, le mystère plane

Le mystère persiste également en Europe où le même phénomène s’est produit à plusieurs reprises au fil des ans, notamment en France.

En 2014, dans l’Hexagone, plusieurs épisodes d’empoisonnements touchant plus de 600 enfants sont survenus après avoir mangé de la betterave rouge crue dans les cantines d’au moins 30 écoles. Plusieurs adultes dans une maison de retraite ont aussi été affectés.

La situation a amené l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail à étudier la toxicité des betteraves sous tous ses angles. En dépit du travail exhaustif des chercheurs, on n’a pu déterminer précisément la ou les toxines en cause. Ces dernières se développeraient toutefois lors de l’entreposage.

En guise de prévention, l’organisation a cependant recommandé aux cantines scolaires et maisons de retraite de ne pas servir de betteraves crues. Au Québec, les autorités n’ont émis aucun avis public, mais surveillent la situation. Le comité d’experts français a souligné notamment que « la betterave était un légume servi cuit depuis des générations, un usage qui pourrait être fondé sur une connaissance profane de certains risques associés à la consommation de betteraves crues ».

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